Alerte gale
Situation sanitaire Septembre / Octobre 2021
Comme souvent à cette saison, les autopsies comme les coprologies indiquent deux dominantes : l’une parasitaire avec une forte présence des strongles notamment des strongles de la caillette ; l’autre infectieuse avec des pneumonies. Les pneumonies sont toutefois moins nombreuses que les années précédentes.
(Cf Bulletin de l'Alliance N°925 - Octobre 2021)
Les grands champions de l’été sont les strongles de caillette, favorisés par l’humidité et la douceur. Capables de tuer rapidement, ils ont causé des pertes en brebis et en agneaux pendant tout l’été. Les animaux présentant un œdème de l’auge (signe de la bouteille), ont d’avantage été victimes de strongles que de douves cet été. L’examen de l’œil est assez parlant allant du rose pâle au blanc porcelaine. Ces strongles causent peu de diarrhées et réagissent bien au closantel ou à la moxidectine.
Les petites douves sont discrètes cette année. Etant un parasite de zones séchantes, elle a souffert de la pluviométrie estivale. Alors qu’elle était déjà très présente à la même époque en 2020, elle est très minoritaire cette année. La prise en charge de ce parasite avant les luttes ne semble utile que dans les cheptels où elle est fréquemment rencontrée et où sa prévention reste délicate chaque année.
La grande douve et le paramphistome qui sont eux des parasites de zones humides ont eux été beaucoup plus favorisés cet été. Les coprologies ont toujours tendance à montrer moins de grande douve que ce qui est réellement présent. Pourtant en ce début d’automne, elle est beaucoup plus fréquemment trouvée. Le paramphistome qui lui pond bien, vit sur les mêmes zones avec un cycle identique à la grande douve. Il sert souvent de témoin : s’il est présent, la grande douve peut y être aussi même si les coprologies ne l’ont pas mise en évidence.
Aussi la présence précoce et nombreuse de grande douve et de paramphistome aux analyses demande la plus grande vigilance sur les troupeaux cet automne. Les symptômes de grande douve vont du manque d’appétit avec mauvaise laine à la mortalité et l’avortement. Le signe de la bouteille est possible mais non systématique. Dans tous les cas les brebis perdent de l’état, semblent « sèches » avec une toison de mauvaise qualité montant peu en suint, un ventre peu rempli et souvent porté haut. Les brebis mangent peu, viennent mollement à l’aliment et sont vite repues. La diarrhée est souvent absente. L’examen de l’œil ou de la gencive montre une jaunisse (de blanc cassé à jaune pâle). Il peut y avoir de la fièvre si l’infestation est compliquée d’une hépatite. La mortalité peut être rapide (sans amaigrissement) ou faire suite à un dépérissement lent lorsque l’infestation est plus modérée. Les pertes en production sont nombreuses (manque de fertilité, de prolificité, avortement, mortinatalité, chétivité et manque de croissance des agneaux).Là où le closantel a été choisis pour prévenir les strongles de la caillette, la vigilance sur la grande douve devrait être maximum en fin d’automne. Si d’autres traitements des strongles ont été choisi sur l’été, le triclabendazole est le traitement de choix et la vigilance maximale dès maintenant. En cas de doute sur la présence de ce parasite (symptômes présents mais coprologie négative), des sérologies (prise de sang) peuvent être analysées dans la plupart des LDA de nos régions. Elles sont très fiables mais ne mesurent que la présence de grande douve.
ALERTE GALE
Les conditions climatiques de l’été ont largement permis la survie et la transmission des acariens responsables de gale. Ce parasite n’est pas éradiqué, ce n’est pas une maladie du passé. Ce n’est pas non plus une maladie bénigne qu’il faut sous-estimer. La perte d’état peut être importante, le manque de lait et de croissance ainsi que la mortalité des nouveaux nés peuvent être conséquents. De nombreux cheptels ont été contaminés cet été dans des secteurs très variés. La pluie, la douceur, les poux peuvent provoquer quelques démangeaisons, mais sur quelques brebis et de façon transitoire. Si de la laine est accrochée aux ursus, que les brebis se grattent longtemps ou qu’elles perdent des morceaux de toison, un examen de la peau est impératif. Plus la gale est prise en charge rapidement et plus son élimination est possible. N’hésitez pas à en parler entre voisin, c’est souvent un secteur qui est concerné et la prise en charge collective et concertée est un gage de réussite.
Delphine DANIEL - Dr Vétérinaire
