Attention au réveil parasitaire
Situation sanitaire Novembre / Décembre 2022
A l’heure où nous écrivons ces lignes, la situation du pâturage s’est largement améliorée par rapport à la fin d’été et le début de l’automne. Sous l’effet conjugué du retour de quelques pluies et de températures restant douces pour la saison, la pousse d’herbe a repris dans beaucoup de régions et les ovins au pâturage ont la possibilité de consommer l’herbe au fur et à mesure de sa pousse, avec une biomasse végétale disponible meilleure qu’elle n’a été ces derniers mois. En conséquence, l’état des animaux se maintien, masquant parfois des infestations parasitaires bien plus présentes qu’il n’y parait, d’ailleurs favorisées par les conditions d’herbe et de météo. Attention donc à ne pas se laisser surprendre par des infestations qui finiront par se répercuter sur l’état et les productions des animaux, d’autant que certains lots arrivent à la période critique de la fin de gestation.
(Cf Bulletin de l'Alliance N°938 - Décembre 2022)
Car le parasitisme s’est bien réveillé, si tenté qu’il était endormi à la faveur de l’été sec et chaud que nous venons de traverser. Les examens coproscopiques réalisés ces dernières semaines par notre laboratoire montrent en effet des excrétions non négligeables en strongles gastro-intestinaux, petite douve et paramphistomes selon les régions. Le réveil des strongles hématophages, à la faveur des conditions orageuses de ces dernières semaines, a également entraîné des mortalités, comme en témoignent les autopsies que nous avons réalisées.
Il est donc important, si ce n’est urgent pour les lots en fin de gestation, de faire un point sur l’état parasitaire des animaux et des lots, y compris pour ceux qui paraissent en bon état corporel. Dans ce cadre, si le recours à un traitement systématique et à l’aveugle n’est jamais souhaitable sauf urgence, la décision de réaliser des prélèvements de fèces pour faire effectuer des examens coproscopiques est judicieuse. Pour les lots en fin de gestation, ces examens doivent être mis en place 1,5 mois environ avant la date du terme, afin de laisser le temps pour mettre en place un déparasitage si celui-ci s’avère nécessaire suite à l’analyse.
Pour rappel, la qualité de la méthode de prélèvement et d’échantillonnage est importante pour obtenir un résultat qui sera le reflet fidèle de l’excrétion parasitaire du lot. Pour cela, il est nécessaire de prélever de façon individuelle au moins 5 à 6 animaux par lot, soit directement dans l’anus, soit sur des crottes venant d’être émises par un animal identifié. Chaque prélèvement doit être emballé et transmis individuellement au laboratoire, qui se chargera lui-même du mélange homogène et représentatif si nécessaire. Il conviendra ensuite d’échanger avec son vétérinaire pour interpréter le résultat en fonction de l’état du lot et de ses signes zootechniques ou cliniques éventuels, et du stade physiologique des animaux. A l’issue de cet échange, la décision d’intervention et de recours un traitement allopathique ou à une solution alternative pourra être prise en toute connaissance de cause.
Laurent Saboureau
Dr Vétérinaire
