L'information élevage par l'Alliance Pastorale

C’est le printemps !

Situation Sanitaire Avril/mai 2022

Notre laboratoire enregistre les premiers signes sanitaires du printemps. Côté autopsies, ce sont les affections respiratoires et les entérotoxémies qui dominent, dues entre autres aux variations de températures importantes entre la nuit (plusieurs gelées matinales début avril) et la journée (certains jours à 20°C). Côté analyses coproscopiques, les excrétions d’œufs de strongles gastro-intestinaux et de ténia, conséquences des premières semaines de pâturage, se mêlent à celles d’œufs de petites douves, vestiges des derniers mois de pâturage de l’automne, et de strongyloïdes traces du parasitisme lié au passage en bâtiment.


Cf Bulletin de l'Alliance N°932 - Mai 2022


Le ténia sur les agneaux est donc déjà bien présent et il ne faut pas attendre trop longtemps pour s’en préoccuper.

En effet, les jeunes animaux se contaminent dès les premiers brins d’herbe ingérés, en avalant un acarien, l’oribate, qui est l’hôte intermédiaire du ténia. Cet oribate pullule sur les pâtures (jusqu’à 25000 par m²), où sa longévité peut atteindre 18 mois, résistant très bien aux conditions hivernales. Il est donc présent dès la mise à l’herbe et les agneaux en ingèrent rapidement des centaines, dont certains sont porteurs de larves infestantes de ténia. 

Ces larves se fixent ensuite dans l’intestin grêle de l’agneau et se développent en ténia adulte. Les premiers signes cliniques apparaissent alors rapidement, liés au détournement alimentaire occasionné par les ténias, aux toxines qu’ils libèrent et à la gêne mécanique qu’ils occasionnent lorsqu’ils sont présents en grand nombre dans le tube digestif des agneaux. C’est d’ailleurs ce nombre souvent important qui, si l’on attend trop longtemps avant d’intervenir, va diminuer l’efficacité du praziquantel, molécule médicamenteuse utilisée spécifiquement et classiquement contre ce parasite. La molécule pénétrant dans le ténia par son tégument, plus le nombre de ténias est important, plus la surface de tégument est élevée, et moins la quantité disponible de praziquantel sera importante pour chaque ténia. Avec pour conséquence une efficacité décevante. Dans les élevages habituellement touchés par ce parasitisme, n’hésitez donc pas à prévenir les symptômes du ténia dès 3 à 4 semaines de pâturage des agneaux.

N’oublions pas que l’on peut également avoir recours à cette période à des solutions alternatives (voir rubrique « Pôle Santé Animale, Point sur l’Actualité » de ce Bulletin). 


Une autre attention est à apporter, cette fois-ci sur les brebis. 

Anémie et signe de la bouteille liés aux parasites hématophage de la caillette  (Photos : L. Saboureau)

Nous avons constaté en élevage bon nombre d’animaux fatigués, avec des signes danémie (muqueuses blanches) marqués, et parfois des signes de la bouteille (œdème) sous la mâchoire inférieure. Certaines brebis encore en bâtiment présentaient d’ailleurs ces signes. Il peut s’agir d’une sortie d’hypobiose de larves de strongles hématophages de la caillette (haemonchus), qui ont passé l’hiver en dormance dans la muqueuse de cet organe et se réveillent à la faveur des premières douceurs du printemps ou d’un stress particulier. Ne nous laissons pas surprendre et intervenons avec des molécules efficaces sur ce parasite dès les premiers signes. Un traitement concomitant de l’anémie est également le bienvenu chez ces animaux (fer, vitamine B12, cobalt). 


Laurent Saboureau.
Dr Vétérinaire


 -