Conseils pour la fin d’été 2018
Situation sanitaire août/septembre 2018
En comparaison avec la même période de l’année 2017, l’on peut constater une présence plus fréquente des coccidies et des strongles de bergerie (Strongyloides papillosus) dans les coproscopies effectuées au laboratoire Pôle Santé Animale de l’Alliance Pastorale.
(cf Bulletin de l'Alliance Pastorale N°891 - septembre 2018)
Au-delà de l’impact sur les animaux concernés (mortalité, perte de croissance), cette observation doit conduire à des mesures concrètes pour limiter le risque technico-économique sur les agnelages de la saison 2018/2019 :
- Si des agneaux, voire des adultes, ont excrété en bergerie (notamment les agneaux rentrés sans traitement pour engraissement et finition) : prévoir le curage de la litière avant l’arrivée du premier lot de brebis gestantes de la saison, pour agir sur le risque d’infestation des agneaux à naître. Une désinfection peut être un plus pour diminuer encore la présence d’ookystes dans l’environnement (Prophyl 75 p ex).
- Analyser par coproscopie les lots de brebis gestantes avant la rentrée en bergerie, et traiter en fonction des résultats : cette mesure permettra de limiter la présence de strongles de bergerie dans la litière.
Attention, les strongles de bergerie se transmettent également par la lactation de la mère à l’agneau : la surveillance de cette pathologie doit se faire même si un traitement des brebis a été effectué à la rentrée en bâtiment.
RAPPEL : la strongyloidose = strongles de bergerie est causée par le ver Strongyloides papillosus parasite non obligatoire des petits ruminants, présent dans la litière, capable de traverser la peau des agneaux dès leur naissance, migrant par la voie lymphatique jusqu’aux poumons et finissant son cycle en tant qu’adulte dans l’intestin des ovins et caprins après avoir été dégluti.
La strongyloidose a pour conséquence :
- Démangeaison, léchage et grattage avec les membres lors du passage transcutané.
- Toux, inflammation lors du passage pulmonaire, prédisposant aux pneumonies bactériennes.
- Perte d’état et de croissance, diarrhée, pica, voire mortalité.
- Les taches blanches sur les flancs, apparaissant dès 15 jours à 3 semaines d’âge, sont typiques des strongles de bergerie !!
Cet été, ténia et strongles gastro-intestinaux sont bien représentés également, que ce soit dans les coproscopies avec parfois des infestations massives, qu’en autopsie où 2/3 des agneaux sont morts d’une cause parasitiare précise (ténia seul, strongles digestifs) ou liée à du multiparasitisme (ténia + strongles digestifs).
En conséquence, il reste très important en ce début d’automne de vérifier l’état des animaux ainsi que leur statut parasitaire par coproscopie, avant :
- toute rentrée en bergerie pour finition des agneaux : attention également à la petite douve sur les agneaux d’herbe, qui peut impacter fortement la finition !
- toute mise au bélier : supprimer le parasitisme permet une économie de fourrage et de concentrés, et peut mimer un effet flushing en cas de fort parasitisme, associé à une complémentation !
- toute rentrée en bergerie avant mise-bas : un parasitisme conséquent va impacter le poids des agneaux à la naissance, la qualité du colostrum et de la lactation, et l’état corporel des mères !
ATTENTION :
Un traitement contre la petite douve doit impérativement se faire en dehors des deux premiers mois de gestation : en effet, la molécule active au dosage préconisé contre ce parasite est incompatible avec le début de développement embryonnaire, occasionnant des déformations !!
RAPPEL : pour une bonne efficacité des traitements, il vous faut comme toujours :
- bien choisir la molécule active : il n’existe pas de produit miracle traitant tous les parasites ! De même, les résistances sont nombreuses, en particulier concernant les strongles gastro-intestinaux. N’hésitez pas à contacter votre vétérinaire spécialisé, qui vous conseillera le produit adéquat.
- ne pas sous-évaluer le poids des animaux à traiter : ce problème concerne en premier lieu les lots hétérogènes ainsi que les brebis en fin de gestation. Or un traitement sous-dosé n’élimine pas le parasitisme, et augmente le risque d’apparition des résistances !
ALLOTER LES ANIMAUX ET TRAITER AVEC LE BON PRODUIT A LA BONNE DOSE !
Maya Diehl - Dr Vétérinaire
