L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Conseils pour l'été

En juillet - août 2023, la plupart des départements de la zone PSE ont fait effectuer des analyses coproscopiques, montrant la présence de l’ensemble des parasites internes. Sur la période du 11 mai au 10 juin 2024, l’on peut constater :

- que seuls 6 départements figurent dans les contributeurs : il est probable que la baisse d’échantillons à analyser est liée aux conditions climatiques, la période des semis et fenaison étant bousculée cette année.

- une prédominance des strongles digestifs et du ténia dans certains départements par rapport à l’année précédente.

- la présence de coccidies en proportion plus importante des échantillons.

La mortalité relevée lors des autopsies pratiquées au laboratoire de l’Alliance est, sur la période du 11 mai au 10 juin 2024, pour moitié due au parasitisme, notamment l’haemonchose (strongle de la caillette).

Suite à un hiver et un printemps particulièrement humide et doux, et donc face à un risque parasitaire élevé notamment en strongles gastro-intestinaux et petite douve en cette saison estivale, démontré par les résultats coproscopiques de notre laboratoire, il est conseillé d’effectuer un suivi régulier par coproscopie des lots durant tout l’été : l’absence ou la minimisation du parasitisme au pré à la rentrée en bergerie va permettre une meilleure valorisation de la ration pour des animaux en finition ou en fin de gestation, permettant d’une part une prise de poids et de gabarit optimisée (agneaux de boucherie, agnelles de renouvellement / développement fœtal donc poids des agneaux à la mise-bas), et d’autre part des économies de fourrage et concentrés.

Les parasites spoliant leurs hôtes en énergie, protéines, vitamines et oligoéléments, il est d’autant plus important de surveiller leur évolution, tant par les signes cliniques (diarrhée, amaigrissement, anémie, voire mortalité) que par la coproscopie, et de traiter en fonction des besoins, de façon à maximiser le potentiel d’herbe actuel pour avoir des animaux en état cet été et assurer leur potentiel reproducteur et d’engraissement.

A surveiller en particulier actuellement en 2024, tout comme en 2023 :


Haemonchose : cette maladie due à Haemonchus contortus, strongle parasite de la caillette, s’observe dans les autopsies, sur le terrain comme dans les résultats coproscopiques depuis le mois de mai 2023. Les signes cliniques se rapportent à l’anémie qui lui est due : muqueuses décolorées voire blanches, « œil blanc », œdème sous-maxillaire équivalent au signe de la bouteille. La mortalité peut survenir très rapidement sans symptôme évocateur !


Ténia sur les agneaux à l’herbe : typiquement mortalité subite au pré, avec un cadavre dont l’abdomen gonfle très rapidement post mortem suite à une entérotoxémie ! Sinon, perte de croissance, mauvaise laine, abdomen ballonné. Ce parasite forme de longs rubans de proglottides, qui vont gêner le péristaltisme du tube digestif et limiter l’avancement du contenu alimentaire intestinal : l’intestin devient ainsi plus propice au développement bactérien, notamment à celui des clostridies responsables des entérotoxémies.

En cas de mortalité au pré, investiguer le ténia par coproscopie et autopsie pour traiter le reste du lot !


Petite Douve : cette année, le printemps humide a favorisé dans certaines régions la présence de gastéropodes = escargots terrestres, premier hôte de la petite douve. Cela pourrait conduire à une recrudescence de dicrocoeliose. Ce parasite du foie est connu pour son impact sur la lactation des brebis dès la mise-bas, et peut également pénaliser la fin de croissance des agneaux d’herbe (animaux corrects en gabarit mais ne se finissant pas). 


RAPPEL :
Un traitement contre la petite douve doit impérativement se faire en dehors des deux premiers mois de gestation : en effet, la molécule active au dosage préconisé contre ce parasite est incompatible avec le début de développement embryonnaire pouvant occasionner des malformations !!


En cette saison, il convient donc : 

  • de surveiller les cheptels de ruminants à l’herbe par rapport aux strongles gastro intestinaux en général, et l’haemonchose.
  • de gérer le ténia chez les agneaux d’herbe,
  • ainsi que les brebis avant la mise aux éponges ou la mise en lutte naturelle, en cas de petite douve, 

Et comme toujours d’intervenir au bon moment, à la bonne dose et avec le produit adapté !


Maya Diehl
Dr Vétérinaire

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