Des analyse reflétant bien l'année écoulée
Situation sanitaire janvier/février 2020
Les analyses coprologiques de cet hiver montrent une forte infestation estivale par les petites douves et une reprise des strongles avec l’herbe d’automne. Les charges parasitaires sont assez élevées et justifient souvent un traitement. La mortalité est peu élevée mais l’impact sur la lactation et sur le maintien en état des brebis suitées est notable. De nombreuses brebis rentrent dans l’hiver avec un état modeste en lien le plus souvent avec du parasitisme.
(cf Bulletin de l'Alliance N°907 - Février 2020)
Si l’on compare aux analyses du début d’année 2019, on constate une présence moindre des parasites de zones humides : la grande douve et le paramphistome. Il faut cependant rester très prudent. Les conditions météorologiques favorables à ces deux parasites (douceur et humidité) sont apparues relativement tardivement cette année. Les infestations en grande douve, si elles ont eu lieu, datent d’octobre et novembre. Ces douves ne sont pas encore pondeuses (stade larvaire et adulte immature), elles peuvent donc passer inaperçues aux analyses. Si les petites douves de l’été sont en train de poser problème aux brebis, il faut s’attendre à un printemps où la grande douve prendra le relais. Il vaut mieux donc éviter de faire l’impasse sur les traitements d’agnelage cette année.
Une situation infectieuse sur le fil
L’excès d’eau de cet automne engendre des difficultés directes comme les boiteries ou les moindres consommations d’herbe. Il a également des conséquences moins évidentes mais tout aussi problématiques. L’excès d’eau dans l’herbe engendre une moindre minéralisation de celle-ci entraînant des carences chez les animaux. Déficit de magnésium et de sélénium sont les plus notables. Ces 2 carences ont pour conséquences des défauts de qualité colostrale, des manques d’effort à l’agnelage avec naissance d’agneaux jaunes souillés par le méconium, peu vigoureux. Elles pénalisent l’immunité globale entraînant une plus grande réceptivité aux maladies abortives et aux mammites. Les troubles infectieux des brebis et des agneaux sont en pleine augmentation cette année, avec malheureusement des pertes pouvant être importantes. Les infections des nourrissons sont d’autant plus fréquentes que les fumiers sont humides à cœur (le plus souvent par capillarité, l’eau remontant du sol dans le fumier comme le café dans un sucre). Colibacilles, pasteurelles, ecthyma, coccidies et strongles de bergerie sont apparus cette campagne beaucoup plus tôt que d’habitude, attaquant dès les premiers lots de mise bas.
(0200215) (0110132)
En complément d’un bon paillage et d’une ration équilibrée, une minéralisation ciblée des brebis en fin de gestation ainsi qu’un assèchement des litières permet d’éviter ou de retarder l’apparition de ces maladies dans le troupeau.
Des sources perturbées
L’alternance sécheresse/excès d’eau perturbe l’approvisionnement en eau des sources, notamment dans les régions à sols argileux ou limoneux. De nouvelles voies d’écoulement sont parfois empruntées, tarissant certaines sources et faisant apparaître de nouvelles. Des zones qui ne portaient jamais d’eau se retrouvent aujourd’hui saturées. Le lessivage entraîne parfois de gros changement dans la qualité de l’eau. Des minéraux jusqu’ici stockés dans les sols peuvent être entraînés et changer grandement l’équilibre installé. De même, des bactéries (fécales notamment) qui étaient filtrées jusqu’alors peuvent se retrouver dans les eaux de boisson et contaminer les animaux. Des analyses d’eau sont conseillées notamment en cas de changement brutal de situation sanitaire (apparition d’épidémie, de maladies inconnues du troupeau…) ou d’augmentation de maladies pouvant être portées par l’eau (colibacilloses, avortements, cryptosporidiose, mammites). Pour être fiables et interprétables, les prélèvements doivent être faits directement dans les abreuvoirs (stagnation et infiltration peuvent avoir lieu sous le bâtiment) et dans des flacons stériles. Les résultats quels qu’ils soient reflètent les conditions exceptionnelles dans lesquelles nous sommes aujourd’hui. Il est délicat de tirer des conclusions générales quant à la potabilité de l’eau au fil de l’année à partir d’un seul prélèvement.
Delphine DANIEL
Dr Vétérinaire
