Forte présence de strongles
Situation sanitaire Octobre/Novembre 2022
Cet automne est marqué par la forte présence de strongles en coprologie comme à l’autopsie. L’herbe rase et le retour des pluies sont à l’origine de ces infestations. Les passages de strongles sont assez brutaux avec des pertes d’état conséquents, de la mortalité et de l’œdème de l’auge, signe de la bouteille. Les diarrhées sont assez peu constatées en ce moment et l’absence de diarrhée ne doit pas faire conclure à l’absence de strongles.(Cf Bulletin de l'Alliance N°937 - Novembre 2022)
La grande douve et le paramphistome ont visiblement souffert de la sécheresse et sont en nette régression par rapport à l’an dernier. Ces deux parasites restent présents dans les zones d’endémie où les mouillères et prés de fond ont été fortement exploités cette année.
Malheureusement, la sécheresse profite à la petite douve, toujours bien présente à cette saison. Des signes cliniques de petites douves (amaigrissement ou manque de reprise d’état malgré la repousse d’herbe, brebis à flanc creux, laine sèche, lots hétérogènes) commencent à apparaître dans les fermes. Le traitement étant délicat en début de gestation, l’intérêt et les modalités de prise en charge de ce parasite est à raisonner au cas par cas dans chaque élevage.
Attention aux résultats de reproduction
La chaleur à fortement impacté les luttes d’été mais les luttes d’automnes semblent être également pénalisées. Nombreuses brebis reviennent en chaleurs à cycle réguliers ou non. Les retours à cycles irréguliers sont des signes de mortalités embryonnaires précoces, la fécondation a eu lieu, mais l’embryon ne s’est pas implanté ou est mort pendant la phase d’implantation. Les repousses d’herbe ne semblent pas suffisantes pour compenser les difficultés physiologiques rencontrées cet été. Un bon déparasitage, l’apport de vitamine A, D3 et E (huile de foie de morue, NutriAP force 7…) ainsi que de Sélénium et d’iode (AlimAL flushing, KNZ fertility) aident à l’implantation fœtale et limitent les échecs d’implantation sur brebis cyclées.
Une attention particulière sera portée aux agnelles qui ne bénéficient que de quelques cycles fertiles la première année.
Photosensibilisation
Bien que moins d’élevage soient touchés cette année par rapport aux précédentes, les cas de photosensibilisation constatés cet automne sont beaucoup plus violents et en plus grand nombre par élevage.
Pour mémoire il s’agit d’une atteinte de la peau de la tête (parfois de la vulve et des pattes) et des muqueuses oculaires. Les brebis gonflent de la tête puis fuient la lumière, plissent les yeux et baissent la tête. Les croûtes apparaissent ensuite avec des atteintes parfois très profondes (la peau s’enlevant comme un casque). Les brûlures oculaires peuvent entraîner la cécité définitive de l’animal.
Si au printemps, la consommation de plantes photosensibilisantes est incriminée (panais sauvage, carotte, cerfeuil, berce, millepertuis…), les cas automnaux sont eux liés à des moisissures de l’herbe qui entraînent une atteinte hépatique responsable des troubles cutanés. Le traitement est donc double :
- le premier consiste à protéger les animaux de la lumière (rentrée en bergerie sombre obligatoire) et à traiter les lésions (vaseline, huile de coco, graisse à traire + antiseptique).
- Le second est un travail sur le foie pour garantir une reprise d’état et une absence de rechute. Le traitement hépato protecteur doit durer 1 semaine minimum, il peut se faire par drogage (Epaphyt, NutriAP hépato) ou en mélangeant le granulé à la ration (NutriAP hépato granulé, Phyt-AP hépato granulé, Regetotal). Le pronostic dépend de l’atteinte hépatique, on attend en général 1 mois avant de remettre la brebis dans son lot. Si la perte d’état est importante, si elle rechute à la mise à l’herbe, la brebis devra être réformée. Le foie étant un organe central dans la production des animaux, la stérilité des brebis est une conséquence fréquente des photosensibilisations automnales.
Delphine Daniel
Dr Vétérinaire
