L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP)

La situation en matière d’IAHP, maladie due à différents sous-types du virus Influenza aviaire hautement pathogène (H5N1, H5N5, H5N8) déjà identifiés lors de l’épidémie de l’hiver 2016/2017, s’aggrave en Europe, avec de nombreux foyers recensés (Voir carte). Depuis les premiers cas déclarés en Russie fin juillet puis au Kazakhstan mi-septembre, nombre de pays européens ont également notifié des cas, la plupart situés sur des couloirs migratoires d’oiseaux sauvages en provenance de ces deux pays d’origine.

Ainsi, successivement, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni puis l’Irlande ont identifié et confirmé des cas, en grande majorité sur des oiseaux sauvages, et plus particulièrement des anatidés (canards, bernaches, cygnes, oies…). Outre les mouvements selon des trajets assez prévisibles durant cette période de migration, le développement des contaminations est également favorisé par le fait que les anatidés sont aussi très mobiles durant la totalité de leur période d’hivernage, se déplaçant facilement entre régions, voire entre pays en fonction des disponibilités alimentaires et des conditions météorologiques. 

Au-delà de la faune sauvage, c’est désormais le risque de contagion aux élevages de volailles domestiques qui est particulièrement redouté en Europe de l’Ouest. A titre d’exemple, aux Pays-Bas, c’est dans une exploitation de près de 100 000 volailles qu’a d’abord été identifié le sous-type H5N8, puis dans une exploitation de 36 000 poulets de chair. En Angleterre, c’est dans un élevage de 13 500 volailles qu’a été découvert ce même sous-type.


Devant ce développement rapide des cas et la présence du virus dans la faune sauvage non loin de la frontière française, dans un couloir migratoire qui traverse le territoire national, les autorités sanitaires de notre pays avaient dans un premier temps décidé de reclasser différents départements du niveau de risque “négligeable” à celui de “modéré”, et même “élevé” pour certains d’entre eux particulièrement concernés par ces migrations.


Cependant, le 17 novembre dernier, un foyer de IAHP de souche H5N8 a été identifié en Haute-Corse dans le rayon animalerie d’une jardinerie située à proximité de Bastia, suite à la constatation de mortalités anormales parmi les volailles détenues. Tous les oiseaux ont été euthanasiés et des investigations menées pour identifier l’origine de la contamination (faune sauvage ou volailles domestiques). Dans le même temps, l’ensemble du territoire national métropolitain a été placé en niveau de risque “élevé“.



À ce titre, les mesures suivantes s’appliquent à l’ensemble des départements de l’hexagone et de la Corse :


  •  claustration ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux ;
  •  interdiction des rassemblements d’oiseaux (exemples : concours, foires ou expositions) ;
  •  interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes ;
  •  interdiction d’utilisation d’appelants ;
  • surveillance clinique quotidienne dans les élevages commerciaux et non commerciaux ; 
  •  véhicules destinés au transport des palmipèdes de plus de trois jours sont équipés de bâches ou moyen équivalent ;
  •  réduction à 10 jours pour le délai de prélèvement des palmipèdes prêts à gaver avant déplacement ; 
  • interdiction des compétitions de pigeons voyageurs au départ ou à l’arrivée de la France ; 
  • vaccination obligatoire dans les zoos pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet. 

Ces mesures de prévention ont pour but de protéger les volailles domestiques d’une potentielle contamination qui aurait des conséquences désastreuses pour les échanges et exportations d’animaux vivants et de viandes. Elles engendrent des contraintes fortes, principalement dans les filières exclusivement en plein air (volailles grasses, sous signe officiel de qualité).  L’arrêté du 16 mars 2016 qui définit ces règles de biosécurité prévoit cependant la possibilité de dérogations, au cas par cas, telles que la non-claustration des oiseaux pour les détenteurs commerciaux pour des raisons de bien-être animal ou de contraintes liées à un cahier des charges répondant à un signe officiel de qualité.


A noter que les premiers éléments d’analyse de la souche H5N8 isolée en Corse montrent une similitude avec l’une des souches qui circule actuellement aux Pays-Bas, laquelle n’a pas de caractère zoonotique. Elle est donc non transmissible à l’homme et la consommation de viande, foie gras et œufs – et plus généralement de tout produit alimentaire – ne présente aucun risque. 


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