L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Intoxication par la famille des Hellébores

Situation sanitaire Mars / Avril 2024

Cf Bulletin de l'Alliance - N°953 - Avril 2024

La situation parasitaire montre la persistance de la petite douve d’une année à l’autre dans les mêmes départements. Par contre la présence du ténia est plus marquée en avril mai 2023. Il est habituel que la contamination par le ténia soit plus importante au printemps qu’en hiver malgré les températures clémentes que nous avons connu cette année. Il y a toujours une infestation conséquente en strongles révélée par les coproscopies. Par contre les autopsies n’ont pas mis en évidence d’haemonchus alors que dans ces périodes de changements climatiques il n’est pas rare d’en voir l’hiver.

Luc Rozette 

Dr Vétérinaire


Intoxication par la famille des Hellébores 


Présentes à l’état sauvage en France, comme l’hellébore fétide (Helleborus foetida), les hellébores font également partie des plantes vendues en jardinerie pour une utilisation dans jardins et parcs.  Une espèce se retrouve dans nos maisons en plante fleurie l’hiver : Helleborus niger, la rose de Noël. Dans la nature, les hellébores poussent dans les sous-bois et broussailles en terrain calcaire plutôt lourd, riche et drainant, en plaine comme en montagne. Ce sont des plantes vivaces de taille moyenne, à feuilles persistantes comprenant 7 à 9 lobes dentés ou folioles disposés en rosette ou en éventail. Les fleurs se présentent en inflorescence et sont de grande taille (5 à 8 cm) en coupe ou cloche typique orientée vers le sol : elles sont parmi les premières à apparaître en hiver, de janvier à mars.


Toutes les parties des plantes issues de cette famille sont toxiques, surtout le rhizome, y compris si la plante est sèche : les principes actifs comportent un hétéroside stéroïdique nommé hellébroside, à action cardiaque, mais également des saponosides ayant une activité sur le système nerveux ainsi qu’une action purgative ou ocytocique (helléborine, helléboréïne). Un glucoside, la ranunculine, est dégradée (hydrolysée) en proto-anémonine, une lactone ayant une action irritante.


L’intoxication se fait par consommation de tout ou partie de la plante. Le risque de consommation par les animaux augmente aux périodes de sécheresse ou de manque de fourrage, respectivement en cas de conduite des animaux en sous-bois. La toxicité de l’Hellébore fétide est connue chez les ruminants, les équins, le porc et le chien : la dose à risque va démarrer à partir de 8 à 10 g de racine sèche pour chevaux et bovins, de 4 à 12 g pour ovin et caprin, et de 4 à 8 g pour chien et porc. 70 g de racine sèche peut suffire à tuer un bœuf !

Les intoxications sont par contre rare chez l’humain : il s’agit surtout d’irritation par contact.

Symptômes :

Chez les mammifères, la symptomatique dépend de l’organe atteint ainsi que de la dose ingérée. Il peut y avoir accumulation des toxines en cas de consommation répétée. Les symptômes possibles sont :

• Système cardiorespiratoire : 

    - Bradycardie. Pouls intermittent, faible.

    - Dyspnée.

• Système nerveux :            

    - Mydriase, tremblements, ataxie, convulsions.

• Système digestif :

    - Gastroentérite hémorragique.

    - Vomissement, colique.

    - Bruxisme, irritation buccopharyngée, ptyalisme. 

A forte dose, les toxines vont provoquer hypothermie, et troubles cardiaques comme hypertension artérielle et arythmie pouvant conduire à l’arrêt cardiaque.

NB. Le contact cutané avec la sève d’une hellébore peut faire apparaître rougeur, irritation et petites vésicules !

Diagnostic : 

essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans les environs et dans le tube digestif à l’autopsie avec gastroentérite et ulcération duodénale.

Traitement :  

symptomatique.

Prévention :

• Supprimer l’accès aux sous-bois, haies et massifs par clôture permanente ou temporaire (électrique).

• Éliminer autant que possible les hellébores des pâtures respectivement des prés destinés à la fauche.

• Attention lors d’échappée d’animaux dans les bois, jardins et parcs publiques !

• Attention à la manipulation des hellébores au jardin et au domicile : porter des gants en cas de jardinage, limiter le contact des hellébores avec les animaux domestiques et les enfants.


Maya Diehl

Dr Vétérinaire

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