Intoxication par l'oenanthe safranée
Situation sanitaire mars/avril 2020
Les analyses coproscopiques des départements contributeurs de février à mi-mars 2020 montrent que l’ensemble des parasites internes sont déjà présents et excréteurs. Compte tenu de la météo particulièrement humide qui a perduré depuis l’automne, avec des températures plutôt clémentes dans l’ensemble, il est probable d’assister à un parasitisme important tout le printemps, voire au-delà avec le retour du paramphistome et de la grande douve.
Il est donc d’autant très important de suivre les cheptels de ruminants dès à présent et d’intervenir au bon moment, à la bonne dose et avec le produit adapté !
La pluviosité remarquable depuis l’automne 2019 conduit à un risque inattendu d’intoxication par l’oenanthe safranée, révélé par une suspicion de cas sur une brebis pâturant dans des zones marécageuses de Vendée abritant la plante : mortalité de la brebis après cécité d’apparition brutale, confusion, puis pédalage. Le sol étant particulièrement meuble, il est possible que la brebis ait arraché la plante et ait pu consommer les racines…
cf Bulletin de l'Alliance N°909 - Avril 2020
Intoxication par l’œnanthe safranée
L’œnanthe safranée (Oenanthus crocata L.), aussi appelée navet du diable, fenouil d’eau ou pensacre, est une plante aimant les milieux humides, notamment les fossés. Elle est de la famille des Apiacées = Ombellifères, comme le céleri, la carotte, l’angélique ou la cigüe avec lesquelles elle peut être confondue, menant à des intoxications alimentaires chez l’homme. Les deux caractéristiques de l’œnanthe sont d’une part l’odeur de céleri que dégage la plante, et d’autre part la coloration jaune du suc provenant des racines charnues coupées, brunissant à l’air, d’où le nom de « safrané ».
La toxicité provient de l’oenanthotoxine et de ses dérivés, dont la concentration sera maximale dans la plante fraîche en fin d’hiver et début de printemps. Les symptômes dépendent de la partie de plante ingérée, ainsi que de la quantité : toute la plante est toxique, mais ce sont les racines les plus dangereuses.
Symptômes
En cas d’ingestion légère
- ptyalisme = hypersalivation, brûlure de la cavité buccale.
- vomissement, colique, diarrhée parfois sanguinolente à noirâtre.
En cas d’ingestion importante à massive
- symptômes neurologiques :
- Cécité, mydriase = élargissement du diamètre de la pupille.
- Trismus = constriction des muscles masticateurs.
- Confusion, délire, ataxie, crises convulsives, pédalage.
- Dépression cardiorespiratoire, mort.
Diagnostic
Essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans la pâture et par l’autopsie.
Traitement
Aucun antidote !!
Uniquement symptomatique
- Pansement gastro-intestinal, charbon actif.
- Traitement symptomatique des convulsions.
Prévention
- Supprimer l’accès aux fossés par clôture permanente ou temporaire (électrique).
- Lâcher les animaux sur les pâtures à risque hors travaux de curage des fossés et drainage des champs, respectivement en dehors de la période de fin d’hiver et printemps.
NB. En alimentation humaine, la cuisson diminue la toxicité de la plante, mais ne la supprime pas !
Maya Diehl
Dr Vétérinaire
