L’actualité en santé des ovins
La période hivernale dans laquelle nous avançons depuis quelques semaines est aussi celle de présence de beaucoup d’animaux en bâtiment et celle des mise-bas et de l’élevage de jeunes. Quelques rappels concernant l’actualité et les nouveautés les plus récentes en matière de gestion du parasitisme des ovins durant cette période.
Traitements de rentrée
Concernant ces traitements, l’arrivée sur le marché depuis quelques années du monépantel peut faciliter la maîtrise des strongles gastro-intestinaux et la gestion des résistances ou de leur apparition. Aux côtés des trois familles historiques de molécules antiparasitaires efficaces sur les strongles gastro-intestinaux (benzimidazoles, levamisole, lactones macrocycliques), le monépantel est le représentant d’une quatrième famille, les dérivés d’amino-acétonitriles. Sans résistance identifiée en France, cette molécule récente dans notre arsenal permet de mettre en place une alternance dans l’utilisation des familles de molécules, limitant ainsi l’apparition de nouvelles résistances de parasites aux anthelminthiques ou permettant de contourner celles qui existent déjà.
Aux sujets des résistances, il convient de les distinguer des échecs de traitement dus souvent à un sous-dosage du médicament utilisé, consécutif à une sous-estimation du poids des animaux, un traitement sur le poids moyen des animaux d’un lot, un mauvais réglage du matériel d’administration, une mauvaise remise en suspension du médicament, etc… En cas de suspicion de résistance à une famille de molécules, n’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire. Il pourra mettre en place dans votre troupeau un test simple, dit de réduction de l’excrétion fécale (FECRT), basé sur l’utilisation des examens coproscopiques.
Concernant le monépantel, notons que son spectre se limite aux strongles gastro-intestinaux, et exclut donc le traitement des strongyloïdes qui, malgré leur surnom de « strongles de bergerie », ne sont pas des strongles à proprement parlé. Son administration se fait par voie orale et le délai d’attente du médicament est de seulement 7 jours.
Grande douve
Le traitement de rentrée est parfois aussi l’occasion, dans les zones où l’on retrouve ce parasite, de débarrasser le foie des animaux de la grande douve. En la matière, une nouveauté, qui n’en est d’ailleurs pas vraiment une, a fait son apparition sur le marché du médicament vétérinaire voilà quelques mois.
Il s’agit en fait d’un retour : celui du triclabendazole, dont aucune spécialité à base de cette seule molécule n’était disponible avec une AMM ovine depuis plusieurs années. Le triclabendazole n’était ainsi présent sur le marché des médicaments ovins que dans une spécialité l’associant à de la moxidectine.
Le triclabendazole est la molécule la plus efficace contre dans la grande douve de par son large spectre sur les adultes et les immatures de moins de 1 semaine. Les autres molécules disponibles sur le marché ciblent en effet les adultes et les immatures de plus de 4, 5, 7 ou 9 semaines, ce qui impose souvent de renouveler le traitement pour être complétement efficace.
La nouvelle spécialité se présente sous la forme d’une suspension qui peut être utilisée sur les ovins, y compris chez les femelles gestantes, à la dose de 2 ml pour 10 kg de poids vif. Elle présente un temps d’attente de 56 jours pour la viande et ne peut pas être administrée aux brebis laitières dont le lait est destiné à la consommation humaine, y compris pendant la période de tarissement.
Coccidiose et strongyloïdose
Les naissances en bâtiment sont synonymes de développement du parasitisme des jeunes ruminants : cryptosporidies, coccidies, strongyloïdes. Concernant ces deux derniers parasites, il est à noter la connaissance plus pointue que nous avons aujourd’hui de la « synergie néfaste » que leurs présences simultanées exercent dans le tube digestif et sur la santé des jeunes ruminants au cours des premiers mois de vie. En effet, les strongyloïdes en migration dans l’organisme des animaux monopolisent la réponse immunitaire cellulaire, et limite ainsi la réponse du système immunitaire aux agressions par les coccidies. Ainsi, les effets pathogènes des coccidies sont d’autant plus importants chez les jeunes ruminants qui hébergent des strongyloïdes.
Pour éviter ce phénomène d’immuno-modulation, il convient de traiter les agneaux dès 15 jours à 3 semaines de vie contre les strongyloïdes, lorsque ceux-ci sont présents. Cela permettra ainsi à l’immunité contre les coccidies de se mettre en place dans les meilleures conditions. Ce traitement peut se faire via des molécules des familles de benzimidazoles ou de lactones macrocycliques.
Concernant la prévention des symptômes de coccidiose, l’utilisation de diclazuril ou de toltrazuril (spécialités princeps ou génériques souvent meilleur marché) est conseillée vers un mois d’âge. Le recours à des aliments diététiques contenant des extraits végétaux ayant des propriétés contre ces parasites est également possible, en première intention pour limiter les risques d’infections ou en complément d’un traitement allopathique. Différentes présentations de ces produits existent selon le mode d’administration ou de distribution souhaité (SPECIAL C 0107003 , PHYT-AP COLIX 0108252 , PHYT-AP KEFIR DEMARRAGE 0111020 , PHYT-AP JEUNES ANIMAUX 0100370).
Dans les deux parasitismes, le recours aux examens coproscopiques peut être très utile pour faire le point de la situation sur les jeunes animaux en bâtiment. Les strongyloïdes, comme les coccidies, sont facilement identifiés lors de ces examens et des techniques de coloration permettent également de distinguer les espèces pathogènes de coccidies de celles qui ne le sont pas, ce qui peut aider le vétérinaire pour juger d’une situation et décider du choix de traitement.
