L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Le Beaufort honore ceux qui le font

Le Syndicat de défense du fromage Beaufort frappe toujours fort dans ses campagnes de communication en mettant en avant les hommes et les femmes qui font la réalité de la filière.

À l’occasion de sa nouvelle campagne d’affichage 2024 du Syndicat, deux nouveaux producteurs sont sous le feu des projecteurs. Ici, pas besoin « d’acteurs », tout est vrai ! Des agriculteurs et agricultrices passionnés, fiers de leur métier et engagés : c’est la réalité. 


Découvrons le portrait des deux égéries Beaufort (Mélanie Regazzoni et Tom Frison) du territoire Beaufort en Savoie.


Une femme à la ferme

Mélanie, 40 ans et 40 vaches tarines

Depuis vingt ans et la création de leur statut (“conjoint collaborateur”), les agricultrices s’imposent et réinventent leur métier. Et celui qu’elles ont choisi mêle nature, labeur et, bien souvent, famille. Un tout qui demande un engagement à plus de 100 %, sans compter ni ses heures ni sa peine, mais bien son courage.

Rencontre avec Mélanie Regazzoni, qui dirige une exploitation et une étable avec des vaches Tarines au pied des pistes d’Arêches-Beaufort. Un parcours atypique dans un secteur qui se féminise de plus en plus.


6h30

Alors que les citadins commencent à s’entasser dans les transports en commun, c’est l’heure de la traite pour Mélanie. Cette femme passionnée rejoint ses 40 jolies demoiselles gorgées de lait, chacune portant un nom. Tout autour, les montagnes du Beaufortain, couronnées d’un peu de neige, du vert, des chalets et de l’air pur : une véritable carte postale.

Le rythme est rude : lever à 5 heures, pas de week-ends, peu de vacances. « Ce n’est pas un métier, c’est un mode de vie » se confie la séduisante agricultrice, mais aussi maman de deux enfants : Lola, 9 ans et Ferdinand, 2 ans.

Cette passion pour l’élevage ne date pas d’hier, comme en témoignent sur la façade de l’étable, les nombreuses récompenses remportées lors des concours agricoles, dont certaines par son grand-père ! Elle a su très tôt qu’elle s’orienterait vers l’agriculture de montagne grâce à son oncle. Les nombreuses vacances d’été passées chez cet éleveur laitier de la région en alpage ont nourri sa passion.

Un bac, une école d’infirmière et un BTS production animale plus tard, elle commence tout d’abord par s’expatrier en Nouvelle Zélande.

Puis Mélanie rejoint son oncle en 2009 au sein du GAEC familial. En 2021, son oncle ayant pris sa retraite, Florent Perrier, le compagnon de Mélanie, embarque à ses côtés pour une nouvelle aventure : la création du GAEC Alpage Les Arolles ! 

Passionnée par la montagne, elle veille chaque jour sur 40 vaches tarines qu’elle appelle toutes par leur prénom. La collecte du lait est destinée à la fabrication du fromage Beaufort AOP, typique du Beaufortain.


À la tête d’un joli cheptel, Mélanie vit son rêve d’enfant.

Même rituel chaque été, Mélanie et sa famille montent en alpage au-dessus du magnifique lac de Saint Guérin pour faire pâturer ses bêtes. Avec son conjoint et ses deux enfants, elle adore passer l’été « en apesanteur ».

Quand le troupeau descend sur l’exploitation mi-septembre, il n’en demeure pas moins chouchouté : « Je suis très soucieuse du bien-être et de la santé de mes tarines. Été comme hiver, c’est une vie exigeante mais passionnante ! » Si son métier est parfois rude, il lui offre néanmoins de précieux souvenirs en famille et de magnifiques moments partagés !

Mais le monde paysan a compris une chose : les femmes ont désormais un rôle crucial à jouer dans l’avenir du métier. Dans dix ans, 40 % des agriculteurs arriveront à la retraite, et le métier a beaucoup souffert. Et pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses. Elles arrivent motivées par le contact avec la nature, la vie en plein air, le tourisme. Elles apportent des modèles différents.


Jeune et passionné

Tom, 24 ans et 60 vaches tarines Hyper actif de la filière Beaufort


Dans la famille Frison, voici Tom. Ce jeune agriculteur, bien dans son époque, est installé depuis 2022 avec ses parents, Stéphane et Sandrine, sur l’exploitation familiale : le GAEC de la Gittaz à Beaufort-sur-Doron. Membre du Conseil d’Administration de la Coopérative laitière du Beaufortain, du Conseil d’avenir du Syndicat de Défense du Beaufort et vice-président du Syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA), il est déjà très investi dans la filière !

Marqué par sa forte maturité, Tom a d’abord passé un Bac Pro avant de travailler « chez les autres » (en stage de remplacement) «pour découvrir la vraie vie et les vraies difficultés du métier ».

Caractérisé aussi par sa passion des concours, il monte une à une les marches du syndicalisme agricole local. Un parcours sans faille qui n’a pas fini de lui ouvrir des portes...


La vie en alpage : sa vie de rêve

L’hiver, Tom attend la saison d’été, et sa fameuse période dite des 100 jours, avec impatience pour remonter en alpage et retrouver son petit coin de paradis. Depuis qu’il est tout petit, Tom n’a jamais manqué un seul été en alpage qui s’étend jusqu’au Col de la Gittaz à 2 400 mètres d’altitude. Là-haut, avec ses

tarines, c’est sans conteste ici qu’il est le plus heureux.



Une histoire de famille


Chez les Frison, l’agriculture de montagne est une passion qui se transmet de génération en génération, depuis toujours. Le grand-père de Tom, Henri Frison, dit « Kiki », a 83 ans et il monte encore parfois à l’alpage. Tom est fier de perpétuer l’aventure que son grand-père et les générations précédentes ont initié, faisant du Beaufort le fromage unique que l’on connaît aujourd’hui.


Un jeune agriculteur fier de représenter le fromage Beaufort.

Son année est aussi rythmée par la passion des concours agricoles ! Tom a représenté plusieurs fois le fromage Beaufort et les éleveurs de la race Tarine à Paris lors du Salon International de l’Agriculture. « Ce que j’aime plus que tout, c’est de préparer les vaches et l’adrénaline sur le ring ! » Ainsi, avant d’en être l’égérie, Tom était déjà un fier ambassadeur de la filière Beaufort !

Le concours général agricole est tout à la fois une vitrine, l’aboutissement d’une carrière, et un événement très réjouissant pour la profession.

« Notre métier est difficile mais nous arrivons à dépasser le smic chaque mois. Dans le contexte de l’élevage,

c’est vraiment une chance. Mais le cahier des charges strict du fromage Beaufort impose des exigences coûteuses. Nous devons déménager quatre fois par an, entre notre ferme située dans la vallée et nos trois chalets d’alpage à plus de 2 000 mètres d’altitude. Il faut offrir de l’espace aux troupeaux et les nourrir de sorte que les vaches se déplacent sur une large étendue et dispersent leurs bouses uniformément.

Ces contraintes me plaisent. Je suis fier que nous fassions de la qualité. » Ici, on parle de « plaisir » à exercer son métier et on est face à un éleveur qui s’en sort bien.


À propos du fromage Beaufort

Le Beaufort est un fromage de Savoie à pâte pressée cuite, au lait cru et entier.

Il se caractérise par son goût inimitable, sa texture fondante et ses arômes subtils.

Le beaufort est reconnu Appellation d’Origine Protégée (AOP) depuis 1968. 

C’est un produit de qualité, conçu dans le respect d’un cahier des charges strict. Ce dernier reprend toutes les étapes de fabrication du beaufort, de la production de l’herbe qui sert à nourrir les vaches, à la sortie des meules de la cave d’affinage.


Le saviez-vous ?

Depuis 1960, des domaines skiables se sont développés sur les zones de pâturage du Beaufort. Ce sont les troupeaux de Tarines et d’Abondances qui préparent les pistes pendant l’été pour que les skieurs dévalent les pentes enneigées durant l’hiver. C’est en pâturant et en piétinant le sol que les vaches contribuent à l’entretien de la diversité des espèces de la pelouse alpine. Celle-ci, plus vivace, permet à la neige de mieux se fixer !


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