Le parasitisme de printemps fait des heures supplémentaires
Situation sanitaire juin/juillet 2019
Le parasitisme de printemps fait des heures supplémentaires
et
Broyage et pâturage ne font pas bon ménage
(cf Bulletin de l'Alliance N°901 - juillet-Aout 2019)
Le parasitisme de printemps fait des heures supplémentaires
Les conditions météorologiques des mois de mai/juin favorisent la prolongation des parasites de printemps. Le taenia est toujours bien actif ainsi que les tiques et les strongles intestinaux divers. Les autopsies et les coprologies du mois de juin ressemblent davantage à des analyses de mai. Le temps de séjour en bâtiment plus important est responsable de la plus grande proportion de coccidies dans les analyses. Ainsi la gestion des agneaux d’été cette année doit être la même que ceux de printemps. La coccidiose doit être prise en charge avant l’âge d’1 mois, le taenia vers 2-3 mois d’âge. L’hétérogénéité du lot et la présence de diarrhées ou de constipations (queue levée en permanence ou en marchant) doit attirer l’attention sur l’état parasitaire du troupeau.
Les parasites d’été -myiases, haemonchus (strongle de caillette), douves et oestres- sont pour le moment au repos mais n’attendent qu’une augmentation des températures pour se réveiller. Le risque majeur est un réveil brutal dès que les températures se maintiendront à un niveau estival. Tout réveil brutal pénalise les animaux qui ne sont pas préparés ainsi que le berger à un moment de moindre disponibilité (maïs, foins et moissons), l’anticipation reste de mise.
Broyage et pâturage ne font pas bon ménage
La maturation très rapide de l’herbe est responsable d’une quantité importante de refus cette année. C’est l’occasion de rappeler que le broyage doit se faire en absence des animaux et que le retour sur parcelle doit se faire après que l’herbe broyée ait été partiellement ou totalement dégradée. Si le broyage est une technique permettant le tallage et la reprise de pousse de l’herbe, donc l’amélioration de la qualité future de la parcelle, elle peut se révéler dangereuse si les animaux pâturent l’herbe broyée au sol. Le tri des végétaux consommé est moins efficace lorsque l’herbe est coupée. Ainsi les brebis mangent les orties coupées en grande quantité alors qu’elles consomment peu d’orties fraîches. Il en va de même avec les plantes toxiques. La coupe et le séchage en surface altèrent le goût amer de nombreuses plantes toxiques. Les brebis peuvent alors consommer ces plantes en trop grandes quantités. Si, en plus, le broyage est épais, il est possible de constater des fermentations qui vont perturber la rumination et aggraver les symptômes. Les intoxications les plus fréquemment retrouvées dans ces conditions se manifestent soit par des symptômes digestifs (ballonnement, salivation, diarrhées associées parfois avec des morts brutales) soit par des symptômes nerveux (démarche ébrieuse, perte de vision, marche en cercle…). Les intoxications végétales concernent souvent plusieurs animaux dans un lot avec une gradation des symptômes (certaines présentent peu de symptômes, d’autres sont plus sévèrement atteintes avec parfois quelques mortalités).
Avec la forte humidité au sol à cette période, le risque de moisissure de l’herbe est également important. Un champignon microscopique (pythomyces chartrarum) peut alors y produire ses toxines. L’ingestion de ces toxines provoque des lésions du foie responsable d’une grande sensibilité au soleil. Les brebis atteintes présentent alors un gonflement de la tête important puis des lésions croûteuses sur les oreilles et le chanfrein. Les yeux sont plissés, la brebis est triste et cherche l’ombre. Une perte d’état peut suivre, le pronostic dépend de l’intensité des lésions hépatiques, allant parfois jusqu’à la mort par dépérissement de l’animal. Cette maladie très fréquente en automne (moisissure spontanée de l’herbe) touche alors peu d’animaux dans un même troupeau. Quand elle apparaît sur prairie broyée, le nombre de brebis atteintes peut être important. Le seul traitement consiste à rentrer les animaux, soigner les foies et réformer les brebis qui ne guérissent pas. Les photosensibilisations sont facilement évitées par le non pâturage des refus.
Delphine DANIEL
Dr Vétérinaire
