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Le projet Flux Local partage son bilan en images !

Une étude collaborative sur la production et la consommation alimentaire locale au service d’un territoire

Dans le sud-ouest francilien, sur un territoire à cheval entre l’Essonne et les Yvelines, communautés d’agglomération, associations territoriales, acteurs du monde agricole

et de la recherche se sont réunis autour d’une question cruciale : comment réancrer les flux alimentaires et valoriser les flux de matière organique à l’échelle locale pour contribuer à la durabilité territoriale ? Piloté par l’association Terre et Cité, le projet Flux Local livre ses premiers résultats, après trois années d’études collaboratives, à travers une série de vidéos destinées à sensibiliser le plus grand nombre.

Flux Local, un projet territorial en réponse aux besoins des populations

Améliorer la durabilité du territoire, en favorisant la production et la consommation d’aliments locaux, et l’utilisation des déchets organiques produits localement pour enrichir les sols, tel est l’objet d’étude de Flux Local. Ce projet piloté par l’association Terre et Cité est porté par les partenaires de la démarche de living lab “VivAgriLab : Relier ville et vivant dans le sud-ouest francilien”, qui crée un espace de dialogue visant l’émergence et la mise en place de projets de recherche appliquée sur les territoires agriurbains du sud-ouest francilien.

Les agriculteurs questionnent leurs modes de production du fait des changements climatiques. Le rôle de la matière organique dans les systèmes de culture et les opportunités de diversification constituent des préoccupations majeures, de même que le développement des circuits-courts afin de répondre à la demande croissante des consommateurs en produits locaux. Le degré de connexion entre production et consommation alimentaires sur le territoire a aussi été analysé pour une approche systémique.


Compost, urine humaine…ces matières organiques seront-elles les fertilisants de demain ?

Quelles matières organiques sont disponibles sur le territoire ? Quelles sont les meilleures méthodes pour composter ses biodéchets ? Comment utiliser les urines humaines comme fertilisant agricole ? Caroline Doucerain, présidente de l’association Terre et Cité, et Sabine Houot, directrice de recherche à l’INRAE répondent à toutes ces questions dans la vidéo mise en ligne sur la chaîne YouTube de l’INRAE. L’axe 1 du projet Flux local qui porte sur la caractérisation de la disponibilité des matières organiques, leur qualité et la capacité des acteurs à les mobiliser à l’échelle territoriale, vise à explorer un certain nombre de pistes :

- Le compostage de biodéchets par voie électromécanique permet le traitement de petits volumes produits par la restauration collective par exemple. Le projet Flux Local s’est attaché à caractériser la qualité et les modalités d’utilisation des composts selon le procédé de fabrication et les types de biodéchets utilisés. L’étude a ainsi permis de développer la compréhension des acteurs sur ce sujet et de lister un certain nombre de conseils d’usage à destination des agriculteurs ou maraîchers, pour les éclairer sur ces alternatives aux fertilisants classiques.

- La valorisation des urines humaines en agriculture qui génère des économies d’eau et d’énergie, et contribue à l’autonomie du territoire : l’azote et le phosphore éliminés en stations de traitement des eaux usées sont en effet des nutriments essentiels à la fertilisation des cultures. Or, ils sont actuellement apportés par des engrais chimiques. Sur le plan agronomique les résultats des essais sont très encourageants et il est probable que les urines puissent être utilisées comme fertilisants agricoles. Au-delà de certains freins, la plupart des acteurs semblent « prêts » à voir l’expérimentation se poursuivre et à réfléchir à sa mise en oeuvre à plus grande échelle. Les acteurs du territoire estiment que ce projet pilote mené dans le cadre de Flux Local sert de réel démonstrateur avant un changement d’échelle de la

filière.

Diversifier les cultures pour augmenter l’offre locale

Dans un contexte de déclin historique de la production maraîchère couplé à une demande croissante en produits locaux, l’enjeu d’une diversification des productions agricoles à l’échelle du territoire est particulièrement saillant en Ile-de-France. Comment accompagner la diversification des fermes pour répondre à la demande croissante en légumes locaux ? Quels sont les leviers fonciers et agronomiques pour faciliter cette évolution des systèmes agricoles ? En quoi les Produits Résiduaires Organiques (PRO) sont-ils un levier potentiel de transition écologique ? Kevin Morel, chargé de recherche et Romain Melot, directeur de recherche à l’INRAE, se sont penchés sur ces questions dans un second épisode vidéo.

- Pour soutenir la relocalisation de la production de légumes en région urbaine, la diversification d’agriculteurs en grande culture céréalière, semble être l’une des solutions. Le travail d’enquête, conduit dans le cadre du projet Flux local, montre que cette stratégie mène notamment à une création de valeur ajoutée sur la ferme et à une plus grande résilience face aux aléas économiques. L’environnement urbain est une opportunité sans oublier qu’il est également et une source de pressions foncières et sociales.

- Accompagner la transition agroécologique des fermes par la diversification et l’utilisation des Produits Résiduaires Organiques (PRO), tel est l’axe 2 du projet Flux Local. Rappelons que les PRO recouvrent un ensemble de produits organiques utilisables en agriculture, retournés au sol, pour leurs propriétés fertilisantes (azote, phosphore, potasse…) et/ou amendantes (organiques et basiques). Les PRO sont d’origine agricole, industrielle ou issus de déchets urbains. Augmenter leur utilisation semble une piste intéressante à explorer car les productions de fruits et légumes pourraient contribuer de manière importante à leur recyclage en Ile-de-France : 900 KT/an de biodéchets des ménages → 300 KT/an de compost produit → 10 KHa/an de productions de fruits et légumes amendés avec ce compost à raison de 30T/ha.

Une alimentation locale vraiment accessible ?

Que signifie l’adjectif durable pour les habitants et usagers du territoire ? Comment cela impacte leur regard sur l'alimentation ? Comment mieux connecter l’offre et la demande alimentaire locales ? L’axe 3 du projet Flux Local porte sur la mise en regard des attentes des habitants et usagers avec des offres alimentaires plus durables pour favoriser leurs synergies. Marianne Cerf, directrice de recherche à INRAE et Gwenola Yannou-le-Bris, professeure à AgroParisTech apportent des éléments de réponse en vidéo. Les résultats de l’étude montrent que la demande de produits locaux se confronte aux limites de la capacité de l’offre existante à y répondre. Les habitants du territoire d’étude interrogés expriment une recherche de produits peu transformés dont les origines soient connues. A noter que la notion géographique du local est relative car ces limites de capacité sont appréhendées par les habitants qui considèrent nécessaire de rechercher des approvisionnements au-delà du territoire du PAT (Projet Alimentaire Territorial) de la Plaine aux Plateaux. Les résultats principaux mettent en avant un intérêt majeur pour une alimentation locale, une forte concurrence sur cette alimentation locale et des circuits de distributions très nombreux qui mériteraient un travail de mutualisation et une difficulté à mobiliser des populations à faibles revenus.


trois vidéos sont disponibles sur la chaîne Youtube de l'INRAE.

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