L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Les acteurs agricoles tirent la sonnette d'alarme et réclament une mobilisation des pouvoirs ublics en Côte-d'Or

La moisson 2020 est l’une des plus mauvaises depuis 1976 pour une part importante des exploitations agricoles de Côte-d’Or. Elle succède à plusieurs récoltes déjà médiocres depuis 5 ans, en lien avec des accidents climatiques et notamment la répétition d’épisodes de sécheresse (près de 50 jours sans pluie au printemps 2020). Cette situation impacte les grandes cultures mais aussi l’élevage (déficit en fourrages et paille) en particulier pour les secteurs dits de la zone intermédiaire, avec des terres superficielles à faible réserve hydrique.

A ce tableau s’ajoute une pression réglementaire importante et notamment sur les solutions phytosanitaires, qui rend aujourd’hui incontrôlable la pression d’insectes sur des cultures essentielles comme le colza (tête de rotation) et emblématique de la région de Dijon comme la moutarde.

Face à cette situation critique, les acteurs du monde agricole du territoire, et notamment la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, les Jeunes Agriculteurs, la FDSEA et la coopérative Dijon Céréales ont tenu ce vendredi une conférence de presse conjointe pour exposer la situation.

Soucieux de réagir rapidement et concrètement, les acteurs ont surtout dressé le panorama de solutions accessibles, de court comme de moyen terme, qui permettraient d’accompagner le monde agricole dans ses mutations, de produire tout en répondant aux attentes de la société. Ils demandent aujourd’hui aux pouvoirs publics d’agir pour permettre une évolution rapide de la situation.


AGIR, AGIR VITE, POUR TRANSFORMER LES NOUVELLES ATTENTES EN OPPORTUNITÉS

4 volets clés d’actions ont été listés par les intervenants, sur lesquels il est possible de faire bouger les lignes concrètement.

L’EAU – RETENIR L’EAU EN HIVER

Maintes fois posée au niveau du territoire, la question d’une nouvelle approche de la gestion hydrique reste sans réponse concrète. Il est aujourd’hui essentiel de donner aux agriculteurs du territoire la possibilité, les moyens et les autorisations de retenir l’eau quand elle tombe en excès pour la restituer quand elle manque.

Les acteurs demandent une approche pragmatique, de terrain, adaptée aux besoins effectifs des productions agricoles.


AGRICULTURE ET NOUVELLES ÉNERGIES : FACILITER LES PROJETS

La méthanisation et l’agrivoltaïsme ouvrent des pistes d’avenir pour apporter des solutions de pérennité des exploitations agricoles tout en contribuant au revenu agricole. Ces solutions peuvent participer à la transformation du système agricole (allongement des rotations dans le Châtillonnais par exemple, lié aux nouvelles cultures dédiées à la méthanisation). Ce sont des alternatives dans des zones à faible potentiel fortement impactées par le changement climatique.

Des projets individuels ou collectifs existent sur le terrain autour de ces enjeux ; les acteurs demandent à ce qu’ils puissent être facilités et encouragés, sur le plan administratif.


ENCOURAGER LES FILIÈRES RÉGIONALES LOCALES ET VERTUEUSES

Comme cela a largement été relayé tout l’été, des cultures emblématiques comme le colza et la moutarde sont aujourd’hui en train de disparaitre, alors même que la production de notre territoire est tracée et garantie sans OGM. Nous allons vers une situation absurde où les industriels régionaux vont devoir importer.

Les acteurs demandent à ce que le local ne soit pas résumé au circuit ultra-court. Ils souhaitent que les filières régionales qui s’appuient sur des outils de transformation de Bourgogne Franche-Comté, conventionnels ou bio, soient prises en compte et encouragées : meuniers, moutardiers, fabricants d’aliment du bétail, triturateurs d’oléagineux et de protéines végétales (alimentation humaine et animale). Il en va de la sauvegarde de ces filières, mais aussi de la qualité des produits finis.

VALORISER ET SOUTENIR DAVANTAGE LA R&D

La R&D doit être soutenue pour accompagner l’évolution de la production. Des axes sont d’ores et déjà identifiés :

∙ Soutenir la sélection variétale pour identifier des variétés plus résistantes au stress climatique

∙ Poursuivre la recherche agronomique autour des itinéraires culturaux moins gourmands en intrants (agriculture de conservation des sols, agroécologie)

∙ Encourager de nouvelles productions telles que les légumineuses sources de protéines végétales (alimentation humaine et animale), cultures vertueuses dans la rotation des cultures et la captation de l’azote de l’air, ou de nouvelles cultures encore considérées aujourd’hui comme « sudistes », tels que les vergers de fruits jaunes.




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