L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Les douves sont les championnes de l'année - Les strongles sont fidèles au poste

Situation Sanitaire Février-Mars 2021


(cf Bulletin de l'Alliance N°919 - Mars 2021) 

Les douves sont les championnes de l’année 

Les autopsies comme les coprologies montrent une forte présence des parasites hépatiques (petite et grande douve). La grande douve est fréquemment retrouvée aux analyses malgré le fait qu’elle soit peu pondeuse. La plupart des infestations de grande douve passent inaperçues car la ponte n’est pas régulière dans le temps (elle peut pondre n’importe quand dans la journée sur des délais parfois très brefs), ce qui signifie que sa présence est vraisemblablement plus fréquente que ce qu’indique les coprologies.

Globalement cette année, l’herbe d’automne a permis de compenser les difficultés de l’été, les brebis sont, dans l’ensemble, en meilleur état que l’année passée à la même époque. Cependant la forte proportion de brebis douvées (grande et petite) fait craindre des agnelages plus compliqués que ne laisse entendre l’état des brebis gestantes. Un bon traitement antiparasitaire avant mise bas est toujours aussi fondamental. En effet, sur des brebis en état, les manifestations du parasitisme n’apparaissent que tardivement. Les pertes d’état après agnelage peuvent être spectaculaires et la lactation très pénalisée. Les agneaux profitent mal du fait du manque de lait et de sa qualité médiocre. 

Si, dans votre élevage, le parasitisme hépatique a été retrouvé ou est suspecté, le traitement antiparasitaire est le premier recours. Cet antiparasitaire doit souvent être couplé à un traitement du foie. En effet, le pouvoir pathogène des douves est autant lié à leurs présences, qu’aux dégâts qu’elles font dans le foie. Certaines brebis correctement déparasitées ne parviennent pourtant pas à assurer leur lactation parce que leur foie n’est plus fonctionnel. Un traitement hépatoprotecteur permet d’accélérer la guérison et de limiter les pertes d’élevage. Des ressources naturelles sont utilisables et très efficaces pour stimuler le foie et accélérer sa régénération (artichaud, pissenlit, chardon marie, romarin, …) mais parfois difficile à doser et à distribuer. Les formulations buvables ou granulés (NutriAP hepato, Epaphyt, Regetotal) contiennent ces plantes et permettent de réaliser une cure de 7 à 15 jours, souvent suffisante pour compenser l’impact des douves. Les hépatoprotecteurs nutritionnels seuls (sorbitol, choline, methionine…) et sans plantes sont à réserver aux toxémies, car ils sont souvent insuffisants dans le cas de parasitisme important lorsque le tissu hépatique est abimé.


Les strongles sont fidèles au poste

Même si les douves semblent être la dominante pathologique de l’hiver, les strongles sont toujours bien présents, ce qui correspond à une infestation classique de fin d’année. Les situations sont très variables d’une exploitation à l’autre car dépendantes de la conduite au pâturage, du chargement, des rythmes de traitement et des molécules choisies en plus des facteurs climatiques. La pertinence du traitement et le choix de la molécule est donc à réfléchir avec son vétérinaire référent et parfois à moduler lot par lot.


Les oestres ne se voient pas en coprologie 

Les coprologies ne peuvent pas indiquer la présence des oestres qui ont un cycle nasal uniquement. Ce sont des larves de mouche se développant dans les fosses nasales. Leur forte présence à la fin de cet été, fait surveiller de près le nez des brebis. En effet, si une partie des larves se développent immédiatement après la ponte estivale, une autre partie rentre en dormance et se réveille en début de printemps (février à avril selon les zones géographiques). En cas de mouchage intense, d’éternuement ou d’expulsion brutale d’éléments par le nez, la présence des oestres devra être considérée dans le traitement hivernal (seuls le closantel et les avermectines luttent contre ce parasite)


Delphine Daniel 

Dr Vétérinaire


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