Les fortes précipitations de mai, juin et juillet ont des conséquences sur la situation sanitaire de ces derniers mois
Situation sanitaire Janvier/Février 2025
Le changement climatique de cette année s’est caractérisé par de fortes précipitations entre mai et le début d’automne, loin d’être sans conséquence sur la situation sanitaire des ruminants et en particulier sur les ovins, avec de fortes infestations parasitaires par les trématodes. Les résultats des analyses coproscopiques des derniers mois de l’année 2024 confirment bien une prédominance de paramphistome et de grande douve. Cela peut s’expliquer par des sols gorgés d’eau, avec la présence importante d’hôtes intermédiaires dans les champs qui sont des vecteurs intermédiaires de ces parasites. On note également la présence des strongles digestifs et de la petite douve avec des infestations de strongles pulmonaires qui ne sont pas négligeables par rapport aux années précédentes. L’humidité a joué un rôle dans leur présence et leur développement cette année.
Cf Bulletin de l'Alliance N°962 - Février 2025
Chez les jeunes on est toujours sur la même dynamique avec des infestations de strongles de bergerie, des coccidies et quelques cas de ténia sur les agnelles de renouvellement.
Par les autopsies effectuées, on remarque qu’on reste sur les mêmes infections que d’habitude (entérotoxémies, pneumonies) et des maladies métaboliques dues à un déséquilibre de ration alimentaire.
Un petit rappel sur les strongles respiratoires
Le cycle de Dictyocaulus est un cycle sans hôte intermédiaire. Les larves L1 sont excrétées dans le milieu extérieur et évoluent en larves L3 en 5 jours dans des conditions optimales d’humidité et de température. Parfois la L3 peut infester un hôte : des vers de terre ou champignons, hôte non obligatoire au sein duquel le parasite ne se développe pas. La contamination de l’hôte définitif se fait par ingestion de L3. L’ingestion de L3 est suivie de deux mues successives en L4 puis L5 et suivie d’une migration via la voie lymphatique et sanguine jusqu’aux poumons où L5 se transforme en adulte. La période pré patente peut durer 22 jours.
Le cycle évolutif des protostrongles pulmonaires est un cycle qui a besoin d’un hôte intermédiaire : des gastéropodes terrestres xérophiles (escargots et limaces). Les femelles parasites sont ovovivipares, les larves de 1ère génération (L1) remontent l’arbre aérifère, sont dégluties et excrétées dans les fèces ou par jetage nasal. Ces larves L1 pénètrent activement dans l’hôte intermédiaire via la sole pédieuse. Les larves évoluent alors au sein de l’hôte en L2 et L3 et la contamination de l’animal se fait par ingestion de l’hôte intermédiaire infesté par la larve L3 (cette phase dure 2 à 3 semaines). Après ingestion de la larve L3, celle-ci mue en L4 dans le ganglion mésentérique avant de migrer par voie lymphatique jusqu’aux poumons. La période pré patente dure 4 à 10 semaines chez les adultes.
Signes cliniques
Le parasite entraîne une irritation importante des bronches, provoque une inflammation locale et la production d’une grande quantité de mucus. Au niveau des narines on voit un jetage clair inconstant et une toux grasse et quinteuse apparaît. Parfois on observe une obstruction des voies respiratoires lors d’une infestation massive qui perturbe la circulation d’air des poumons. L’animal montre une difficulté respiratoire (respiration souvent bouche ouverte et cou en extension). La mort peut survenir par suffocation dans les cas graves. Parfois les animaux âgées ou les jeunes infestés qui ont une baisse d’immunité sont sujets à des surinfection bactériennes ou virales qui viennent compliquer les symptômes cliniques avec l’apparition de fièvre. Une antibiothérapie est conseillée.
NB - Il est temps de changer les habitudes et d’adopter une démarche différente de l’ancienne méthode qui consiste dans le traitement parasitaire systématique des ovins selon les saisons car les cycles parasitaires sont liés aux aléas climatiques, climat désormais « déréglé ». Le traitement anti parasitaire doit donc être fait selon les résultats d’analyses coproscopiques.
Said Tahenni
Dr Vétérinaire
