L'été arrive
Situation Sanitaire mai/juin 2018
Les coprologies sont assez classiques en cette fin de printemps. Elles sont largement dominées par les strongles et le taenia.
Cf Bulletin de l'Alliance pastorale N°889 - Juin 2018
Les parasites de bâtiments sont encore présents ce qui signe des oublis de traitement des derniers agneaux ou une augmentation de la pression en fin de campagne. Pour des agneaux ayant passé leurs premiers jours en bergerie, le traitement coccidies et strongyloides est aussi impératif que pour des agneaux élevés entièrement à l’intérieur. L’augmentation de la part de strongles de bergerie (strongyloides) par rapport aux coccidies se poursuit d’année en année. Cela explique sur certains lots, la persistance de diarrhées et de baisses de croissance malgré un traitement ciblé coccidioses donc inadapté à la situation.
La petite douve est présente sur les brebis de façon très variable sur le territoire. Là où ces parasites sont présents, ils signent un traitement hivernal inadapté ou insuffisant. En effet, la météo n’a pas encore permis un réveil suffisant des douves pour expliquer la mortalité. En effet, le traitement petite douve est spécifique et ne pardonne pas le sous dosage. Le gabarit moyen des brebis de pays est de 60 à 70 kg et le poids des fœtus doit être pris en compte. Il n’est pas rare de voir des brebis de 90 kg en fin de gestation. Les brebis de 50 kg sont une exception. Ainsi certaines brebis de 80 - 90 kg en fin de gestation ont reçu une dose pour 50 kg ce qui n’élimine absolument pas la petite douve et nécessite de reprendre le traitement au printemps pour cause d’amaigrissement, de manque de lait et d’aptitudes maternelles ou de mortalités.
Alerte Taenia
Le tænia est fortement présent ce printemps. Les formes rencontrées cette année sont rapides et massives. De la mortalité est constatée dès le premier mois de pâturage sans attendre les 6 semaines classiquement attendues. De jeunes agneaux font partie des victimes. En effet, il a été constaté des mortalités sur des agneaux de moins de 2 mois. Elles sont pour la plupart massives (plusieurs agneaux atteints en quelques jours) et sans visualisation d’anneaux dans les crottes. Lors d’infestations importantes, les anneaux n’ont pas le temps d’être éliminés. On rappellera que les anneaux sont les poches d’œufs et signalent des tænias adultes capable de se reproduire donc déjà assez âgés. De jeunes tænia en quantité peuvent aussi être pathogènes. Dans la plupart des cas la laine est assez évocatrice : frisée et grise, elle signe les retards de croissance et la spoliation par les parasites présents quel que soit leur âge.
Pour la plupart des agneaux élevés à l’herbe un traitement est souhaitable cette année, des mortalités même sur des agneaux chétifs ne doivent pas être pris à la légère.
L’été prend de l’avance
Même si les chaleurs restent modérées pour le moment les signes de l’été sont déjà présents dans beaucoup d’élevage.
Les attaques de myiases de la laine ont été constatées sur la plupart des secteurs, favorisées par la succession de pluies et de chaleur ainsi que par les orages localisés. Le retard pris par la tonte aggrave ces risques. En effet la tonte protège environ 1 mois des risques de myiases de la laine (lucilia) et les conditions météorologiques humides n’ont pas permis de tondre tous les troupeaux en temps voulu. Surveiller d’avantage les troupeaux lainés et les lots d’agneaux. Les diarrhées d’herbe fortement présentes sur les agneaux et les boiteries sont des facteurs d’attraction des mouches. Une tonte périnéale sur les jeunes peut également être envisagée. Sur les lots tondus depuis plus d’un mois la mise en place d’un traitement d’été rémanent peut être envisagé.
La succession pluie/soleil et les orages favorise également l’émergence d’haemonchus (strongle de caillette) responsable de mortalité sur les brebis. Sa présence est déjà constatée en autopsie. Il faut l’envisager si quelques brebis ont des difficultés à suivre au changement de pré, présentent un œdème de l’auge (signe de la bouteille) ou maigrissent brutalement même un traitement a été fait récemment. En effet son cycle est d’autant plus rapide que les températures sont élevées pouvant en une semaine causer la mort de brebis même saines et en état. Ce strongle étant hématophage (se nourrit de sang), l’anémie est visible aux muqueuses. L’œil et les gencives sont blanches, c’est un geste rapide, facile et fiable pour le diagnostic de ce strongle de caillette.
Delphine Daniel
Dr Vétérinaire
