L'hiver marqué par des situations très diverses
Situation Sanitaire Décembre 2018 / janvier 2019
(cf Bulletin de l'Alliance N°895 - janvier 2019)
A l’image de la grande variabilité des situations fourragères actuelle, la situation sanitaire des élevages en cette fin d’année relève d’une grande variabilité géographique. Selon la pousse de l’herbe, les pluies automnales ou la sécheresse persistante, les infestations peuvent être totalement différentes. Si la petite douve reste majoritaire, le paramphistome est également rencontré dans près d’1 analyse sur 5. Les douves (petite, grande et paramphistome) représentent entre la moitié et 3/4 des parasites retrouvés à l’analyse. Or ce sont les parasites les plus impactant sur la production :
- impacts sur la gestation : les douves peuvent être responsables d’avortements tardifs
- impacts sur l’adoption : elles empêchent souvent l’expression des comportements maternels et entravent la vigueur des agneaux
- impacts sur la lactation : le démarrage est plus lent, la montée de lait est retardée et la persistance de la lactation est souvent moindre, les brebis pouvant se tarir précocement.
Du fait de ces conséquences la prise en charge des douves en fin de gestation est fortement recommandée en s’adaptant à la situation particulière de son élevage cette année ou à défaut de la situation locale.
Lors d’années au contexte météorologique particulier comme cette année, les brebis ont parfois consommé de l’herbe dans des zones jusqu’à présent délaissées. Les mouillères, fond de pré et autres zones humides sont souvent délaissées par les brebis qui aiment manger au sec. Cette année, les zones humides ont été un recours précieux durant l’été. Ainsi dans des troupeaux peu touchés par la grande douve et le paramphistome peut on se retrouver paradoxalement face à de fortes infestations par ces parasites d’humidité.
Les strongles, tout comme l’herbe ont fortement souffert de la sécheresse. On les retrouve moins fréquemment dans les analyses sans pour autant les voir disparaître. Leur prise en charge est à raisonner en fonction de l’état corporel et de son évolution ainsi que de la présence éventuelle de diarrhée.
Le manque d’herbe et les choix d’alimentation des brebis ont impacté l’état des animaux immédiatement mais ont également des conséquences plus tardives et non négligeables.
Certaines brebis sont sorties de l’été fragilisées et parfois amaigries sans que la repousse de l’automne puisse rétablir les équilibres. Les conséquences sont nombreuses. Certaines luttes ont démarré plus tardivement, certaines brebis ont coulé durant l’été augmentant le nombre de retour et retardant les agnelages à venir. Le manque de hauteur d’herbe a favorisé l’ingestion de parasites, aggravant l’état de ces animaux. Il est encore temps de se consacrer à leur remise en état pour augmenter les chances de survie des agneaux. Une complémentation équilibrée est à réfléchir ainsi qu’un déparasitage ciblé.
D’autres brebis ont été fortement soutenues cet été (granulés/ céréales…) et sont ressorties en état voire légèrement grassouillettes de cette saison estivale. Mais ce maintien en état est dû à la consommation d’une ration sèche proche de la ration hivernale classique. La flore digestive et le foie des brebis sont mal adaptés à la prolongation de l’alimentation sèche. On peut alors constater des carences en vitamines (notamment D et E) ainsi qu’une surcharge graisseuse du foie. Ces brebis en bon état produisent mal malgré une alimentation adaptée. La présence d’une crête de laine sur le dos, de laine méchée, sèche, d’un œil jaunâtre peut évoquer cet arrêt du fonctionnement hépatique. Une relance du foie le plus rapidement possible est souhaitable (NutriAP HEPATO, Regetotal…) pour permettre la croissance foetale des agneaux, l’élaboration du colostrum et la prévention des toxémies de gestation. La complémentation de ces brebis privilégiera des sources de protéines et de sucres rapides pour éviter l’accumulation de graisses.
Delphine DANIEL
Dr Vétérinaire
