Mise en garde contre l'intoxication par le laurier cerise
Situation sanitaire d'octobre/novembre 2020
L’ensemble des 12 autopsies montre deux causes principales de mortalité actuelles :
- D’une part les strongles gastro-intestinaux et de la caillette, démontrant que ces parasites continuent actuellement leurs dégâts.
- D’autre part les problèmes pulmonaires, liés notamment au retour de conditions météorologiques variables depuis la fin d’été.
Comparativement à la période d’octobre à décembre 2019, les analyses coproscopiques des départements contributeurs du 11 septembre au 10 octobre 2020 ne couvrent que 4 départements, ce qui rend la comparaison des résultats et leur extrapolation plus aléatoires pour d’autres régions.
L’ensemble des parasites internes est présent, avec une prédominance des strongles digestifs, ténia et petite douve. Compte tenu de la météo particulièrement humide qui a perduré pendant 6 mois de l’automne 2019 jusqu’en fin d’hiver 2020, avec des températures plutôt clémentes dans l’ensemble, le risque d’un retour du paramphistome et de la grande douve reste d’actualité.
Malgré l’importance de réussir les travaux agricoles de cette saison, il reste plus qu’utile de suivre les cheptels de ruminants, notamment un mois avant mise-bas, et d’intervenir au bon moment, à la bonne dose et avec le produit adapté !
(cf Bulletin de l'Alliance N°915 - Novembre 2020)
Intoxication par le laurier cerise Prunus laurocerasus
De la famille des Rosacées, le laurier cerise est de plus en plus utilisé comme plante de haie ou comme brise-vent. L’arbuste porte des feuilles oblongues vert foncé brillant. Les fleurs blanches, à 5 pétales, apparaissent au printemps, et sont suivies de drupes, fruits charnus verts devenant noirs à maturité.
Toutes les parties de l’arbuste contiennent des hétérosides cyanogénétiques qui, une fois ingérés, se transforment en cyanure : prulaurasoside ou prunasoside dans les feuilles, amygdaloside dans les fruits. Il est à noter que la plante une fois séchée reste toxique, après la chute des feuilles ou la taille.
Les symptômes sont liés à la formation de cyanhémoglobine, suite à l’interaction entre cyanure et hématies = globules rouges, empêchant le transport de l’oxygène aux tissus. La dose mortelle de HCN libre n’est que de 2 à 2,3 mg par kg de poids vif.
La sévérité de l’intoxication, voire la mortalité, sont liées à la quantité ingérée en fonction du temps, et des capacités de détoxication de l’animal.
Des cas humains sont régulièrement constatés chez les enfants, enclins à goûter les fruits.
Les chiens peuvent également s’intoxiquer, en général par ingestion de drupes, rarement de feuilles. Dans ces deux cas, les intoxications sont en général légères.
Par contre, la sévérité est importante chez les herbivores, ruminants comme les équins, et peut conduire à la mort. Ainsi, la dose léthale pour un ovin est de 200 g de feuilles vertes et pour un bovin de 500 g à 1 kg !
Symptômes
En cas d’ingestion légère :
- Nausée, vomissement.
- Douleurs abdominales.
- Trouble de la démarche, ataxie
- En cas d’ingestion importante à massive :
- Tachycardie, tachypnée.
- Dyspnée, éventuel œdème pulmonaire.
- Tremblements musculaires, opisthotonos.
- Mydriase (pupille dilatée), nystagmus.
- Convulsions, pédalage, mort par asphyxie.
Typique à l’autopsie
- Sang de couleur rouge cerise.
- Odeur d’amande amère à l’ouverture du cadavre.
Diagnostic
Essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans la pâture et par l’autopsie.
Traitement dans les cas sévères
thiosulfate de sodium, EDTA dicobaltique.
Prévention
- Supprimer l’accès aux haies par clôture permanente ou temporaire (électrique).
- Supprimer les parties basses de la haie pour limiter l’accès aux drupes.
- Ne pas donner des déchets de taille de haies aux herbivores.
Attention, des plantes fourragères contiennent également des hétérosides cyanogénétiques : sorgho, lotier, trèfle blanc par exemple !
Maya Diehl, Dr Vétérinaire
