Petite douve, comment faire ?
Situation sanitaire janvier/février 2019
Nos analyses coproscopiques pour décembre et début janvier montrent une importance significative des excrétions d’œufs de petite douve.
Cf Bulletin de l'Alliance N°896 - Février 2019
Quand on sait que ces excrétions ne sont que l’expression sous-estimée de l’infestation réelle par ce parasite des animaux prélevés, en raison de la ponte irrégulière des adultes, on comprend vite que le parasitisme par cette petite douve est devenu aujourd’hui majeur dans l’espèce ovine. Malheureusement, l’arsenal thérapeutique allopathique face à ce parasite se réduit comme peau de chagrin :
- le thiophanate, antiparasitaire que les éleveurs et les vétérinaires de moins de 30 ans n’ont pas connu, est disparu depuis de très nombreuses années,
- le non moins célèbre nétobimin, moins efficace mais utilisable dans des conditions de posologie et de tarif assez raisonnables, est en rupture depuis plusieurs semaines, sans espoir de retour rapide sur le marché.
Reste sur le marché l’albendazole dont seule une présentation commerciale, la moins concentrée, possède une Autorisation de Mise sur Le Marché (AMM) associant l’indication «petite douve» et l’espèce de destination «ovin». La posologie préconisée contre ce parasite est de 8 ml pour 10 kg de poids vif, ce qui correspond à un volume à administrer par voie orale de 56 ml pour une brebis de 70 kg. Dans ces conditions, il faut conseiller une administration en deux fois, afin de laisser le temps à l’animal d’avaler la dose entière et de ne pas en régurgiter une partie, source de non efficacité. Attention également à éviter le premier tiers de gestation, le médicament y étant est contre-indiqué à cette posologie.
Autre conséquence de la présence de ce seul médicament efficace contre la petite douve dans les conditions de son AMM : les ruptures régulières d’approvisionnement. Dans ce cas, et dans le cadre de la cascade thérapeutique, l’oxfendazole pourra être prescrit puisqu’ayant une AMM pour les ovins, là encore dans ces présentations les moins concentrées. C’est à un peu moins de 3 fois la dose, soit 6 ml /pour 10 kg de poids vif, que ces présentations présentent selon la bibliographie une efficacité contre la petite douve, sans l’effet tératogène ou embryotoxique présenté par l’albendazole dans le premier tiers de la gestation (qui n’apparait selon l’AMM de l’oxfendazole qu’à 4 fois la dose).
Autres alternatives : l’utilisation d’aliments médicamenteux à base d’albendazole, toujours hors AMM, mais avec des quantités qui sont importantes, et le recours à la phytothérapie qui selon nos essais récents peut apporter une aide à la maîtrise dans certaines conditions d’utilisation. Un référencement est en cours dans nos gammes.
Rappelons que la maîtrise des infestations par la petite douve est particulièrement importante sur les petits ruminants en fin de gestation, afin de débarrasser les femelles de ce parasite avant la mise-bas. Dans le cas contraire, les sécrétions hépatiques sont perturbées et l’assimilation digestive réduite. On observe en conséquence des amaigrissements sur les femelles, la naissance de petits chétifs, et l’absence ou la baisse de colostrum et de sécrétion lactée.
Examens coproscopiques : attention aux prélèvementsNotre laboratoire est à votre disposition pour la réalisation de vos analyses coproscopiques. Ces analyses sont précieuses pour faire un point régulier sur le profil du parasitisme présent dans l’élevage, pour orienter un diagnostic suite à la présence de symptômes, ou pour décider de l’opportunité d’un traitement antiparasitaire. La qualité du prélèvement des fèces est cependant primordiale, tout comme le recueil et la transmission des commémoratifs, pour pouvoir interpréter de façon optimale les résultats de l’analyse.N’hésitez pas à utiliser nos fiches de prélèvement (Fiche de commémoratifs et de tarifs copros_2019 01_Impression.pdf) et n’oubliez pas de les joindre à vos prélèvements.
Laurent Saboureau
Dr Vétérinaire
