Petite et grande douve, ténia et glands...
Situation sanitaire Octobre/Novembre 2024
Parasitisme multiple… c’est ce qui ressort de la carte des résultats qui vous est présentée dans cette situation sanitaire pour la période d’analyses qui vient de s’achever. C’est aussi le constat que nous réalisons actuellement à la lecture de vos résultats d’analyses coproscopiques. Une dominante de strongles gastro-intestinaux (SGI), une présence habituelle pour les excrétions d’œufs de petite douve, et plus inhabituelle en cette fréquence de paramphistome et de grande douve. Pour cette dernière, rien de surprenant suites aux pluviométries importantes du printemps et du début d’été. Néanmoins, il ne faut pas se laisser surprendre par ce parasitisme, aux conséquences gravissimes. Enfin, vigilance également face à la présence de ténia sur les lots d’agnelles, surtout si celles-ci sont à la reproduction.
Cf Bulletin de l'Alliance N°959 - Novembre 2024
Face à ce poly-parasitisme potentiel, des prélèvements pour analyses coproscopiques sont indispensables pour faire le point, particulièrement sur les femelles qui vont attaquer leur dernier tiers de gestation, période où le parasitisme est particulièrement néfaste avec pour conséquences possibles des amaigrissements, des nouveau-nés peu développés, des colostrums de faible qualité et des lactations décevantes.
Pour rappel, la qualité de la méthode de prélèvement et d’échantillonnage est importante pour obtenir un résultat d’analyse qui sera le reflet fidèle de l’excrétion parasitaire du lot. Pour cela, il est nécessaire de prélever de façon individuelle au moins 5 à 6 animaux par lot, soit directement dans l’anus, soit sur des crottes venant d’être émises par un animal identifié. Chaque prélèvement doit être emballé et transmis individuellement au laboratoire, qui se chargera lui-même du mélange homogène et représentatif si nécessaire. Il conviendra ensuite d’échanger avec son conseiller, technicien ou vétérinaire, pour interpréter le résultat en fonction de l’état du lot et de ses signes zootechniques ou cliniques éventuels, du stade physiologique des animaux, et décider de la marche à suivre.
En cas d’excrétions constatées sur plusieurs types de parasitisme, il faudra choisir entre traitement polyvalent et association de plusieurs solutions plus spécifiques. SGI, petite douve et grande douve peuvent être gérés par le même traitement, dans certaines situations. Néanmoins, seule l’interprétation correcte des analyses et de la situation de l’élevage (état des animaux, derniers traitements réalisés, existence de résistances des SGI aux anthelminthiques…) permettra de décider si cette solution est pertinente ou pas. Si ce n’est pas le cas, il faudra associer des médicaments à spectre plus spécifique, comme le triclabendazole sur la grande douve ou le monépantel sur les SGI et organiser la chronologie de leur administration. Le recours associé à des solutions phytothérapiques doit aussi être réfléchi dans ces circonstances.
Autre vigilance en cette période : la consommation excessive de glands et l’intoxication qu’elle peut entraîner, en raison des tanins qu’ils contiennent. Les ruminants, particulièrement les ovins, sont friands de ces glands et peuvent en consommer de (trop) grandes quantités. Selon le laps de temps de consommation, l’intoxication peut être aiguë (mortalité brutale suite à indigestion puis météorisation) ou chronique avec abattement, troubles locomoteurs et nerveux, amaigrissement, insuffisance rénale et ictère, fèces molles et collantes, noirâtres, avec odeur caractéristique de goudron.
Lorsque le traitement est possible, il consiste en l’administration d’un pansement gastrique (argile 0110143 , CARBOVET GEL 0110040 ), d’un hépato-protecteur (NUTRI-AP HEPATO 0108107 , EPAPHYT 0106050 ), d’un diurétique et d’un stimulant de la flore digestive (PHYT-AP KEFIR PLUS 0110125 , NUTRI-AP RUMILEVURE 0110230).
La prévention, comme toujours souvent plus efficace, consiste à limiter la consommation des glands par la condamnation des zones de pâturage sous les chênes (clôture) et à mettre en place une complémentation en foin et/ou concentré pour les animaux à forts besoins.
Laurent Saboureau
Dr Vétérinaire
