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Plus de la moitié des exploitants agricoles installés en 2018 sont issus de parents agriculteurs

l’École supérieure des agricultures (ESA) a présenté les résultats de son enquête Agrinovo. Initié début 2024, le projet Agrinovo a été retenu, parmi cinq lauréats, par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le cadre d’un appel à projets de recherche sur le thème des nouveaux actifs agricoles. L’étude Agrinovo a été menée pour mieux comprendre le renouvellement des générations agricoles. Historiquement caractérisé par une forte transmission familiale, le secteur agricole connaît aujourd’hui des évolutions marquées : de moins en moins d’enfants d’agriculteurs reprennent l’exploitation parentale, tandis qu’un nombre croissant de nouveaux exploitants s’installent sans que leurs parents eux-mêmes n’aient exercé le métier.

L’enquête Agrinovo a été conçue pour identifier les profils des nouveaux installés, analyser leurs parcours avant l’installation et comprendre leurs modalités d’accès au métier. Ainsi, près de 28 000 exploitants agricoles, inscrits à la  MSA et ayant accédé au statut d’agriculteurs en 2018 et 2022, ont été contacté en avril 2024. L’échantillon final comprend 3 400 réponses exploitables, permettant d’obtenir un panorama représentatif des nouvelles trajectoires agricoles.


5 profils types de nouveaux agriculteurs se sont distingués :


- Les “héritiers bien préparés” - 34,4% des répondants - 1170 individus : ils incarnent la continuité générationnelle de l’agriculteur, s’appuyant sur une transmission familiale forte et une socialisation précoce au métier. 96% de ces agriculteurs ont au moins un parent exerçant dans le secteur. Largement masculins (81% d’hommes), ils se distinguent par leur jeunesse : 80% ont moins de 35 ans au moment de leur installation, et près de la moitié ont franchi ce cap avant leurs 25 ans. À titre de comparaison, dans le reste de l’échantillon, seuls 47% des agriculteurs ont moins de 35 ans, et à peine 8% moins de 25 ans.


- Les “héritiers sans vocation” - 22% de l’échantillonétudié 752 individus : Ces agriculteurs ne se destinaient pas naturellement à reprendre l’exploitation familiale. Ce sont pourtant, des enfants d’agriculteurs dans leur majorité (71%), mais leur trajectoire les éloigne d’abord du monde agricole.


- Les “classes populaires hors-cadre” - 16% des personnes interrogées 551 individus : Ces agriculteurs ne sont majoritairement pas issus de familles d’exploitants (97%), bien qu’un lien indirect avec l’agriculture persiste : près de trois quarts d’entre eux comptent un agriculteur dans leur entourage familial élargi.


- Les “reconvertis des classes moyennes” - 20% de l’échantillon  667 individus : ils ont pris un virage tardif vers l’agriculture, souvent sans ancrage rural ni familial dans ce secteur. 82% d’entre eux n’ont pas de parents agriculteurs et s’installent en créant leur propre exploitation, accédant aux terres via des agences immobilières


- Les “reconvertis des classes supérieures” - 8% de l’échantillon étudié - 257 individus : Issus majoritairement des milieux urbains et des catégories socio-professionnelles supérieures, ces nouveaux agriculteurs présentent un profil à contre-courant des tendances habituelles. Avant leur installation, plus de 80% exerçaient une profession de cadre ou intellectuelle supérieure, et 85% étaient titulaires d’un diplôme bac+5 ou plus. Un tiers d’entre eux partage également leur vie avec un conjointcadre ou intellectuel supérieur.


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