L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Qualité des maïs fourrage 2020 Un cru correct à l’Ouest, très hétérogène du Centre à l’Est

Les conditions pédoclimatiques et le stade de récolte sont deux composantes essentielles à la qualité du maïs fourrage. 

Courant juillet, la floraison s’est déroulée dans des conditions très sèches.

Le retour des pluies en août (Ouest, bordure Manche) a permis de bonnes conditions de remplissage des grains, alors que le déficit hydrique a persisté du Centre à l’Est. 

Les rendements sont corrects à bons sur la façade Ouest, avec des maïs assez bien pourvus en grains. Sur le Centre et l’Est de la France, les rendements sont à la peine, et plus hétérogènes. 

Les teneurs en amidon, faibles à moyennes, sont en partie compensées par un bon niveau de digestibilité des fibres.


Sur la base des conditions pédoclimatiques, quatre grandes zones ont été dessinées en France pour affiner le bilan de campagne de la qualité des maïs fourrages récoltés :

  • « Bordure Manche » : Bretagne + Mayenne, Normandie, Hauts de France + Ardennes,
  • « Centre-Est » : Grand Est (sauf Ardennes), Bourgogne Franche-Comté, Centre - Val de Loire + Sarthe, Auvergne – Rhône - Alpes, Limousin,
  • « Centre-Ouest » : Pays de la  Loire (sauf Mayenne et Sarthe), Poitou-Charentes,
  • « Sud-Ouest » : Nouvelle - Aquitaine, Midi-Pyrénées + Aude

La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte, à 33,7 % MS, est conforme aux préconisations.

Cependant, l’hétérogénéité reste importante et bon nombre de maïs ont été récoltés tardivement : 37 % des chantiers d’ensilage ont été réalisés à plus de 35 % MS. La part la plus élevée de chantiers d’ensilage réalisés à une teneur en MS trop élevée se situe dans les régions Centre, Bourgogne Franche-Comté et Rhône - Alpes.

Dans ces régions, les teneurs en amidon sont pourtant faibles à moyennes, ce n’est donc pas le grain qui a tiré la matière sèche vers le haut mais plutôt le dessèchement de l’appareil végétatif. Ailleurs, malgré des teneurs en grains correctes (Centre-Ouest) à élevées (Bordure Manche), le stade de récolte a été globalement bien maîtrisé, notamment grâce à des températures modérées en fin de cycle.


Des maïs moyennement pourvus en amidon

La teneur moyenne en amidon est de 28,3 % (± 6,5 %) à l’échelle France, inférieure de 1,4 point par rapport à 2019. Comme l’année passée, une très grande variabilité entre les régions est observée. Les maïs récoltés sur la bordure Manche et en Aquitaine sont globalement bien pourvus en grains, avec de bons rendements, et relativement homogènes. En revanche, les teneurs en amidon sont plus limitées dans les autres régions. Sur la zone Centre-Ouest, les maïs présentaient dans l’ensemble de bons gabarits et les rendements sont très corrects. Le retour des pluies à la mi-août a permis d’assurer le remplissage des grains dans de bonnes conditions, excepté dans quelques situations (dans les terres les plus superficielles) où les maïs avaient déjà été ensilés. La teneur en amidon moyenne sur cette zone, à 25,6 % (± 7,7 %), est donc assez variable. Sur la zone Centre-Est, la teneur en amidon moyenne des ensilages de maïs est 24,1 % (± 7,6 %), avec une très forte variabilité intra-région. Les régions Lorraine, Champagne - Ardenne, Bourgogne et Centre - Val de Loire ont été particulièrement touchées par le déficit hydrique persistant jusqu’à la récolte. 

L’hétérogénéité constatée intra région s’explique par des différences de potentiel de sol, des orages très localisés dans certaines zones et la possibilité d’irriguer ou non.


Des fibres encore bien digestibles à la récolte

La digestibilité des fibres (dNDF) est bonne cette année, avec une moyenne égale à 53,0 % (± 3,6 %), soit un point de plus qu’en 2019. Ce haut niveau de digestibilité des fibres se retrouve notamment dans les régions où les ensilages ont été récoltés précocement ; c’est le cas de l’essentiel des maïs récoltés sur la zone Centre-Est, qui présentent un niveau de dNDF moyen de 56,1 %, soit 3 points de plus que le moyenne nationale. Sur ces secteurs, les ensilages ont commencé très tôt, parfois début août, alors que les plantes commençaient à dessécher sur pied. La qualité des fibres de ces plantes jeunes a ainsi été préservée de la sénescence accélérée de la fin de cycle. 

Comme l’année passée, les ensilages réalisés sur la zone Bordure Manche présentent une digestibilité des fibres inférieure à la moyenne nationale à cause d’une durée de cycle plus longue. Le niveau de digestibilité des fibres est intermédiaire dans les régions Centre-Ouest et Sud-Ouest.



Des valeurs alimentaires correctes


La teneur en MAT des ensilages de maïs est proche de celle obtenue en 2019, avec en moyenne 7,5 % (± 1,0 %). Là encore, l’hétérogénéité inter-régionale est forte et négativement corrélée au rendement, de 7,2 % sur la zone Bordure Manche à 8,1 % MAT sur la zone Centre-Est. Outre l’effet dilution par le rendement (facteur explicatif majeur), rappelons que la qualité d’implantation (enracinement) et la minéralisation de l’azote du sol, notamment avant la floraison, sont aussi des facteurs explicatifs de la teneur en MAT. Les valeurs azotées moyennes sont égales à 46 g/kg MS de PDIN et 68 g/kg MS de PDIE.


La teneur en UFL2007 des maïs fourrage à l’échelle nationale est en légère baisse (- 0,01 UFL/kg MS) par rapport à l’année dernière. En 2020, elle s’élève à 0,91 UFL/kg MS (± 0,03). Plus d’un tiers des ensilages de maïs présente une valeur énergétique inférieure à 0,90 UFL/kg MS, peu adaptés pour des animaux hauts productifs.

L’origine de cette énergie est assez variable selon les régions. On retrouve ainsi des maïs plus typés « amidon » sur les zones Bordure Manche et Sud-Ouest, mais avec une fibre un peu moins digestible, bien que le niveau absolu soit tout à fait correct. La bonne digestibilité des fibres des ensilages de maïs du Centre-Est permet de compenser la plus faible teneur en amidon pour maintenir une valeur énergétique correcte. Sur ce secteur, les rendements font néanmoins défauts, avec des niveaux inférieurs de 1,5 à 2 fois ceux observés sur la bordure Manche et sur la façade Ouest. Intra-zone, de fortes disparités sont toutefois constatées sur le niveau énergétique, et surtout sur l’origine de l’énergie (amidon ou fibres). Au vu de la variabilité intra-région, cette

année encore, la valeur énergétique du maïs fourrage et les teneurs en amidon et fibres digestibles doivent être prises en compte pour caler les rations !

Quelques précautions concernant les maïs fourrage 2020

Au vu de la forte hétérogénéité des ensilages de maïs inter et intra-région, il est vivement conseillé de faire analyser son fourrage afin d’adapter au mieux sa complémentation.

Certains maïs récoltés en 2020, moins riches en amidon et plus encombrants, nécessiteront une complémentation énergétique pour maintenir un niveau de production équivalent à celui de l’année passée.

Par exemple, dans une ration hivernale de vaches laitières, l’apport de 12 kg MS du maïs « moyen » 2020 apportera 0,23 UFL2007/j de moins que le maïs « moyen » 2019, soit l’équivalent d’une baisse de 0,5 litre de lait par vache et par jour.

Outre les équilibres énergétique et protéique de la ration, la composition chimique des aliments (glucides fermentescibles et fibres) doit être prise en compte dans le rationnement.

Dans les rations de vaches laitières, il est conseillé de viser au minimum 32 % NDF (dont 70 % issus des fourrages) et maximum 19-22 % d’amidon dégradable dans le rumen, soit 25 % d’amidon total. Dans une ration d’engraissement à base de maïs fourrage, viser minimum 30 % de NDF dans la ration (dont 25 % issu des fourrages) et maximum 32-35 % d’amidon dégradable dans le rumen (en base MS), soit 35-38 % d’amidon total. Ces équilibres seront à prendre en compte que ce soit pour ajuster la complémentation énergétique d’un maïs faiblement pourvu en énergie ou pour évaluer la part de fourrages prairiaux (ou méteils ensilés, luzerne…) à apporter pour diluer la teneur en amidon d’un maïs très riche en grain.


D’après le bilan campagne maïs fourrage 2020 Arvalis

 -