Résistance des strongles gastro-intestinaux ?
Situation sanitaire Janvier/Février 2024
Les analyses coproscopiques des départements contributeurs du 11 décembre 2023 au 10 janvier 2024 proviennent de 6 départements seulement, ce qui rend la comparaison des résultats et leur extrapolation plus aléatoire pour d’autres régions par rapport à la période de janvier à mars 2023.
Peu utilisée en moyenne, la coproscopie permet pourtant de vérifier le statut parasitaire actuel pour éviter une dégradation de la situation en fin de gestation, et donc maintenir en cette saison les performances de l’exploitation en gardant le bénéfice de la repousse automnale.
Comme l’année dernière, les strongles digestifs ainsi que les strongles de bergerie sont bien représentés. La petite douve est également ressortie dès l’été 2023 avec un impact important dans certaines exploitations sensibles, après un printemps humide ayant favorisé les escargots terrestres, premiers hôtes intermédiaires de Dicrocoelium avant la fourmi. Sur le terrain, dans certains secteurs, on a constaté une présence plus marquée de la fasciolose et de la paramphistomose que ces dernières années : ces parasites étant peu pondeurs, les cheptels des exploitations connues pour y être sensibles doivent être suivis avec attention.
Cf Bulletin de l'Alliance N°951 - Février 2024
Attention :
Sur le terrain, l’on constate une augmentation des cas suspects de résistance des strongles gastro-intestinaux aux molécules actives de la famille des avermectines (ivermectines, doramectine) et milbémycines (moxidectine).
Ainsi, des cas de résistance avérée ont été mis au jour en Charente Maritime dès 2019, en Deux-Sèvres dès 2021. Il est probable que les résistances, qui sont progressives, se sont déjà développées avant ces dates, mais n’ont pas été observées car l’impact du parasitisme sur le cheptel n’était pas suffisant pour alerter éleveurs, techniciens et vétérinaires.
L’impression que le produit de traitement est moins efficace doit conduire à tester la molécule active pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Il convient de mener l’essai en deux temps :
1 - Effectuer une coproscopie AVANT le traitement afin de déterminer quantitativement l’excrétion d’œufs de strongles par les brebis : idéalement, la prise de 15 échantillons individuels permet d’obtenir une moyenne d’excrétion du lot intéressante d’un point de vue statistique.
2 - Effectuer une coproscopie de contrôle APRÈS le traitement, sur les mêmes animaux que lors de la première coproscopie. Pour ne pas fausser le résultat et donc les conclusions à en tirer, l’attente de 8 à 10 jours de délai entre le traitement et la seconde coproscopie permet :
- de ne pas détecter les œufs émis juste avant traitement et présents dans le tube digestif des animaux au moment du traitement : ces œufs seront éliminés dans les excréments de façon naturelle par le transit intestinal.
- de ne pas détecter les œufs qui apparaîtront à la suite d’une ré-infestation par les strongles après traitement, surtout dans le cas d’un test d’activité de molécules non rémanentes.
Si la présence d’œufs est avérée sur la coproscopie de contrôle, la résistance peut être suspectée : un protocole de traitement doit alors être mis rapidement en place en accord avec le vétérinaire pour tenter de sauver la molécule en balance, en éliminant les strongles porteurs de la résistance.
En cette saison, il convient donc :
• de surveiller les cheptels de ruminants pour l’ensemble des parasitoses digestives,
• de gérer coccidiose et strongles de bergerie dès 15 jours à 3 semaines d’âge sur les agneaux en bâtiment,
• ainsi que surveiller les brebis avant mise-bas en cas de petite douve,
Et comme toujours d’intervenir au bon moment, à la bonne dose et avec le produit adapté !
Maya Diehl
Dr Vétérinaire
