L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Retour du printemps !

Situation sanitaire avril/mai 2025

Le printemps marque son retour dans les analyses coproscopiques et les autopsies réalisées par notre laboratoire, avec un tableau parasitaire où le ténia et les strongles de la caillette font leur apparition.

Cf Bulletin de l'Alliance N°965 - Mai 2025

Le ténia sur les agneaux est donc déjà bien présent et il ne faut pas attendre trop longtemps pour s’en préoccuper. 

En effet, les jeunes animaux se contaminent dès les premiers brins d’herbe ingérés, en avalant un acarien, l’oribate, qui est l’hôte intermédiaire du parasite. Cet oribate pullule sur les prés (jusqu’à 25000 par m² de pâture), où sa longévité peut atteindre 18 mois. Il y a d’ailleurs très bien résisté aux conditions météorologiques clémentes de cet hiver. Il est donc présent dès la mise à l’herbe et les agneaux en ingèrent rapidement des centaines, dont certains sont porteurs de larves infestantes de ténia. 

Après ingestion et déglutition par l’agneau, ces larves vont se fixer dans son intestin grêle et se développer en ténia adulte. Les premiers signes cliniques apparaissent alors rapidement, liés au détournement alimentaire occasionné, aux toxines libérées par les ténias et à la gêne mécanique qu’ils occasionnent lorsqu’ils sont présents en grand nombre dans le tube digestif. 

C’est d’ailleurs ce nombre souvent important qui, si l’on attend trop longtemps avant d’intervenir, va diminuer l’efficacité du praziquantel, molécule médicamenteuse utilisée spécifiquement et classiquement contre ce parasite. La molécule pénétrant dans le ténia par son tégument, plus le nombre de ténias est important, plus la surface de tégument est élevée, et moins la quantité disponible de praziquantel sera importante pour chaque ténia, avec pour conséquence une efficacité décevante. Dans les élevages habituellement touchés par ce parasitisme, n’hésitez donc pas à prévenir les symptômes du ténia dès 3 à 4 semaines de pâturage des agneaux. A noter qu’en cas de traitement trop tardif, sur des agneaux très fortement parasités, un premier traitement à l’oxyclozanide peut permettre de diminuer la masse des ténias intestinaux et favoriser l’efficacité du traitement praziquantel à suivre.

A l’autopsie, nous avons constaté la présence d’anémies (muqueuses rose pâle à blanches), associées à des infestations par les strongles hématophages de la caillette. Moins habituelles à cette période qu’en plein été orageux, ces infestations et leurs conséquences souvent fatales sont consécutives à une sortie d’hypobiose des larves de strongles, qui ont passé l’hiver en dormance dans la muqueuse digestive des brebis et se réveillent à la faveur des premières douceurs du printemps ou d’un stress quelconque. Ne nous laissons pas surprendre et intervenons avec des molécules efficaces sur ces strongles hématophages dès les premiers signes de faiblesse des animaux, associés à une anémie et/ou un œdème sous la mâchoire inférieure (signe de la bouteille). Un traitement concomitant de l’anémie est également le bienvenu chez ces animaux (fer, vitamine B12, cobalt). 


Restons également vigilants, en cas d’apparition de ce même signe de la bouteille associé à un ictère (muqueuses jaunâtres), aux infestations par la grande douve qui sont encore décelées par nos laborantines dans vos prélèvements de féces.


Laurent Saboureau 

Dr Vétérinaire

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