Risque de saison : intoxication par les glands !
Situation sanitaire septembre-octobre 2019
Ce qui ressort des analyses coproscopiques des départements contributeurs d‘août à mi-septembre 2019 est la présence massive des strongles gastro-intestinaux y compris les strongles de bergerie.
(cf Bulletin de l'Alliance N°903 - octobre 2019)
Les larves de strongles sont plutôt telluriques : leur ingestion est d’autant plus facile et massive que l’herbe est rase. Nous sommes donc à une période particulièrement à risque actuellement avec l’impact de la sécheresse et du surpâturage, ainsi que lors de la reprise de croissance de l’herbe qui se fera aux premières pluies !
Il est donc d’autant plus important de suivre les cheptels de ruminants tout au long de l’automne, et d’intervenir au bon moment, à la bonne dose et avec le produit adapté !
Risque de saison : intoxication par les glands !
2 espèces de chêne sont particulièrement à risque, le chêne pédonculé et le chêne sessile. Le risque habituel connu est l’ingestion de gland en automne, mais celle de feuille jeune au printemps peut également porter aux mêmes conséquences !
La toxicité est liée aux tannins contenus dans les glands, particulièrement lorsque ceux-ci sont verts : par hydrolyse, les tannins libèrent une molécule appelée pyrogallol qui attaque principalement les reins, provoquant une insuffisance rénale (néphrite), mais aussi le foie.
Les animaux à risque sont les ruminants, notamment les bovins qui trient moins leur alimentation que les ovins, les chevaux, ainsi que les chiens qui jouent ou avalent les glands.
Symptômes
- Bovins
L’intoxication est le plus souvent chronique, avec apparition des symptômes sur plusieurs jours.
- Anorexie, asthénie, arrêt de la rumination, chute de la production laitière.
- Hématurie (sang dans l’urine), trouble de la miction voire anurie (absence de production d’urine).
- Constipation, suivie de diarrhée noire et nauséabonde.
- Troubles nerveux notamment ataxie.
- Tendance à la toxicomanie.
- Ovins
Atteinte rénale, hépatique et digestive.
- Forme suraigüe : suite à une ingestion massive, indigestion et météorisation.
- Forme chronique : semblable aux bovins, avec une diarrhée à odeur de goudron.
- Chien :
Lié à une hépatotoxicité marquée d’où abattement, vomissement, constipation suivie de diarrhée.
Diagnostic
Le diagnostic se fait essentiellement par l’anamnèse et par l’autopsie avec gastroentérite, néphrite, hypertrophie rénale, œdème périrénal.
Traitement : aucun antidote !!
- Uniquement symptomatique
- Pansement gastro-intestinal, charbon actif.
- Hépatoprotecteur.
- Diurétique, avec une perfusion à visée rénale pour soutenir l’activité des reins.
Prévention
- Pratiquer le gyrobroyage pour rendre les glands moins accessibles.
- Supprimer l’accès aux chênes par une clôture permanente ou temporaire (électrique).
- Lâcher les animaux sur les pâtures à risque une fois que ceux-ci ont rempli leur panse avec du foin pour limiter la quantité ingérée.
Le risque actuel est très important en cas de coup de vent, provoquant la chute de glands verts, en particulier sur les prairies desséchées et râpées que nous avons en ce début d’automne !!!
Maya Diehl
Dr Vétérinaire
