L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Situation sanitaire du moment - Attention aux intoxications par les Euphorbes

Situation sanitaire Décembre 2022 / Janvier 2023

Les analyses coproscopiques des départements contributeurs du 14 novembre au 09 décembre 2022 proviennent de 5 départements seulement, ce qui rend la comparaison des résultats et leur extrapolation plus aléatoire pour d’autres régions.

La présence de repousse d’herbe à l’automne dans de nombreux secteurs a permis de remettre en état les cheptels ovins : cela peut expliquer la diminution du nombre d’échantillons reçus en cette fin d’année. Attention toutefois, un bon indice corporel et une alimentation riche peuvent masquer la présence des parasites. La coproscopie permet de vérifier le statut parasitaire actuel pour éviter une dégradation de la situation en fin de gestation, et donc maintenir les performances de l’exploitation en gardant le bénéfice de la repousse automnale.


(Cf Bulletin de l'Alliance N°939 - Janvier 2023)

Les strongles digestifs ainsi que les strongles de bergerie sont bien présents, tout comme la petite douve. Sur le terrain, dans certains secteurs, la paramphistomose a été plus marquée que ces dernières années : le parasite étant peu pondeur, les cheptels des exploitations connues pour y être sensibles doivent être suivis avec attention.


Paramphistomose 

Ce parasite est lié aux limnées que l’on retrouve dans les biotopes humides.

Une forme aigüe est liée à une infestation massive d’immatures qui vont se nicher dans la muqueuse intestinale et provoquent une diarrhée. Les symptômes typiques de la forme chronique liée à la présence massive du parasite adulte sont la régurgitation et la présence de boules d’herbe ou de foin dans les auges et litières et dans les prés. Une symptomatique plus générale recouvre un amaigrissement progressif ainsi qu’une diarrhée intermittente.

Le parasite vit plusieurs années : il peut donc rester discret et ne se révéler qu’en cas d’infestation massive certaines années.

ATTENTION :

Le traitement se fait avec l’oxyclosanide, molécule active contre le stade adulte du paramphistome à un dosage proche de la concentration toxique pour son hôte : il est donc à réserver à des périodes physiologiques peu à risque, hors début et fin de gestation notamment.


Petite Douve 

Ce parasite du foie est connu pour son impact sur la lactation des brebis dès la mise-bas et peut également pénaliser la fin de croissance des agneaux d’herbe (animaux corrects en gabarit mais ne se finissant pas).

ATTENTION :

Un traitement contre la petite douve doit impérativement se faire en dehors des deux premiers mois de gestation : en effet, la molécule active au dosage préconisé contre ce parasite est incompatible avec le début de développement embryonnaire, occasionnant des malformations !!



  • En cette saison, il convient donc :

- de surveiller les cheptels de ruminants pour l’ensemble des parasitoses digestives,

- de gérer coccidiose et strongles de bergerie dès 15 jours à 3 semaines d’âge sur les agneaux en bâtiment,

- ainsi que les brebis avant mise-bas en cas de petite douve,

Et comme toujours d’intervenir au bon moment, à la bonne dose et avec le produit adapté !


Intoxication par la famille des Euphorbes 


Présentes à l’état sauvage en France, les euphorbes se plaisent également communément dans les jardins et parcs. Une espèce se retrouve dans nos maisons : Euphorbia pulcherrima, l’étoile de Noël nommée également poinsettia.

Toutes les parties des plantes issues de cette famille sont toxiques, et en premier lieu le latex qu’elles produisent : il contient une résine, un alcaloïde nommé euphorbine, des esters diterpéniques ainsi qu’un hétéroside (euphorbiostéroïde).

L’intoxication se fait par contact ou consommation de tout ou partie de la plante. Les euphorbes n’ont que peu d’appétence pour les animaux, le risque est surtout présent lors de mélange d’euphorbe dans le foin. Le risque de consommation par les animaux augmente aux périodes de sécheresse ou de manque de fourrage. Dans le cas du poinsettia, le danger survient chez les enfants et les carnivores domestiques lors de jeu au domicile avec la plante (mâchonnement et / ou ingestion).


 

Symptômes

 Chez les mammifères, la symptomatique dépend du tissu en contact avec le latex, ainsi que de la quantité de latex.

  • Cutané :

- Rougeur, sensation de brûlure, cloques pouvant apparaître jusqu’à 8 à 12 heures après le contact.

  • Projection dans l’oeil :            

- Gonflement de la paupière, rougeur, douleur intense, atteinte de la cornée pouvant aboutir à la cécité.

  • Buccal  :

- Brûlure, salivation excessive = ptyalisme, œdème laryngé.

  • Entérotoxique :

- Gastroentérite souvent hémorragique.

- Vomissement, colique, ptyalisme.

- Hypothermie.

- Difficulté respiratoire (dyspnée).

- Tremblements, vertige.

- Hématurie.

- Mortalité possible selon la dose ingérée.


Diagnostic : 

essentiellement par l’anamnèse, la présence de la plante dans les environs et dans le tube digestif à l’autopsie.

Traitement symptomatique.

Prévention :

- Supprimer l’accès aux haies et massifs par clôture permanente ou temporaire (électrique).

- Ne pas donner des déchets de taille de haies aux herbivores, éliminer autant que possible les euphorbes des pâtures et des prés destinés à la fauche.

- Attention lors d’échappée d’animaux dans les jardins et parcs publiques !

- Attention à la manipulation du poinsettia au domicile, et à limiter son accès aux animaux domestiques ainsi qu’aux enfants.


Maya Diehl 

Dr Vétérinaire




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