L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Situation sanitaire - L'eczéma facial

Situation sanitaire mai/juin 2021

Cf Bulletin de l'Alliance N°922 - Juin 2018

Autopsies : 

différentes causes d’entérotoxémies ont été visibles au niveau des autopsies d’avril et début mai : parasitisme avec coccodies et ténia, alimentation quand ration trop riche (lait + concentré) et / ou pas assez de fibres dans la ration.

Les nombreux écarts de températures ont encore entrainé des pneumonies.

Des cas de pica (consommation de matériaux inappropriés par les agneaux) ont aussi été vus.


Copro. : 

encore peu de départements contributeurs de mi-avril à mi-mai. N’HESITER PAS A NOUS ENVOYER VOS PRELEVEMENTS afin de mieux évaluer le parasitisme de vos ovins et ainsi mieux adapter le traitement.

Comme les autres années, nous retrouvons des strongles gastro-intestinaux et du ténia. ATTENTION, avec la pluie et le redoux les cycles de ces parasites vont s’accélérer. Il est recommandé d’être vigilent par rapport à Nématodirus qui peut provoquer des diarrhées abondantes sur les agneaux. Pour le ténia, être systématique sur les deux premiers traitements.

Les résultats positifs en petite douve sur des animaux qui ont été traités à l’automne ou en tout début d’hiver correspondent souvent aux formes immatures au moment du traitement non atteintes par celui-ci et qui ont évolué dans l’hiver pour donner des adultes pondeurs. Attention également au sous-dosage pour ce traitement : ne pas sous évaluer le poids des animaux et bien appliquer la posologie de 4x la dose strongles avec l’albendazole (2 x la dose grande douve).

L'eczéma facial

Il s’agit d’une photosensibilisation due à une mycotoxine (sporidesmine) produite par un champignon microscopique se développant sur des végétaux morts, dans certaines conditions de température et d’humidité. La maladie apparait le plus souvent de fin d’été mais on peut aussi la rencontrer au retour des pluies après un printemps sec.

Ces mycotoxines provoquent une réaction inflammatoire importante à partir des canaux biliaires entrainant une accumulation de bile. Un pigment issu de la dégradation de la chorophylle n’est plus éliminé et s’accumule dans l’organisme. Cela provoque sous l’effet des ultra-violets la destruction des cellules de la peau et des muqueuses exposées au soleil (parties non lainées et non pigmentées). Les acides biliaires diffusant dans le foie entraînent une fibrose et une cirrhose hépatiques.

Les signes apparaissent en quelques jours sur plusieurs animaux d’un lot (jusqu’à 30%) : 

- anorexie, photophobie, isolement, 

- oedème de la tête de plus souvent mais aussi de la vulve, de la mamelle, du scrotum. 

- Prurit intense, douleur au touché, peau chaude. Des lésions de grattage apparaissent ensuite avec des suintements puis la formation de croûtes. Enfin la peau s’épaissit, se cartonne puis se fissure et des lambeaux se détachent. Des surinfections sont possibles avec des zones purulentes. 

- L’évolution de l’état général est fonction des lésions hépatiques. Un ictère plus ou moins prononcé est visible. Les animaux restent fragiles et des mortalités tardives peuvent survenir.

Le traitement consiste dans un premier temps en un retrait des animaux des pâtures à risque, à les rentrer en bergerie pour les soustraire aux rayons UV. Des soins locaux seront mis en place pour les lésions cutanées. Une administration de corticoïdes et d’antihistaminiques permettront de traiter l’inflammation, l’œdème et la réaction allergique. Des antibiotiques peuvent être administrés en cas de surinfection. Un traitement hépatique sera mis en place.

La prévention consistera à éviter les pâtures à risque et à limiter le surpâturage : ce sont les parties basses des végétaux qui sont les plus contaminées par les champignons.

Pour limiter les lésions hépatiques, faire des cures d’hépatoprotecteurs  (méthionine, choline, sorbitol, inositol) et de zinc (actif contre la plupart des mycotoxines).


Remarque : certaines plantes provoquent également une photosensibilisation : millpertuis, sarasin, senéçon, jeunes légumineuses en excès.


Christelle Dubois-Frapsauce
Dr Vétérinaire

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