Strongles GI et petite douve Traitement de rentrée et de fin de gestation
Situation sanitaire Décembre 2023/Janvier 2024
Une nouvelle année débute ! C’est donc le moment pour le Pôle Santé Animale, ses vétérinaires et ses laborantines, de vous adresser leurs meilleurs vœux pour 2024.
Nous espérons que tout au long de cette année, nos informations et nos conseils contribueront à la sérénité du plus grand nombre d’entre vous concernant la gestion sanitaire de vos élevages.
Bonne et heureuse année à toutes et tous !
(Cf Bulletin de l'Alliance N°950 - Janvier 2023)
Voici pour débuter l’année l’interprétation et les conseils que nous pouvons tirer des analyses réalisées par notre laboratoire ces dernières semaines.
Dans les résultats d’autopsie, comme dans ceux des analyses coproscopiques, les infestations par les strongles et la petite douve dominent. Rien d’exceptionnel, si ce n’est le fait que bon nombre d’animaux sont ou s’apprêtent à être rentrés, et que parmi ceux-ci, de nombreuses femelles sont en fin de gestation. Il convient donc de s’y intéresser de près, afin d’assurer une période en bâtiment et des mises-bas les plus sereines possibles sur ce plan.
Concernant les strongles gastro-intestinaux, c’est la période où l’on peut se permettre d’utiliser une molécule anthelmintique issue d’une famille où les résistances parasitaires sont les moins nombreuses (avermectines ou moxidectine) ou encore absentes à ce jour (monépantel). En effet, la période en bâtiment ne donnera pas lieu à de nouvelles contaminations par ces parasites, et un traitement le plus efficace possible est plus que jamais intéressant. D’autant que pour les femelles en fin de gestation, un bon fonctionnement digestif et une valorisation parfaite de la ration sont particulièrement importants face au défi de la croissance fœtale (2/3 de la croissance du fœtus se réalise sur le dernier tiers de gestation) et de la préparation du colostrum et de la lactation.
Malgré ces impératifs, si l’on souhaite réaliser un traitement sélectif d’une partie seulement des animaux, afin de garder une population d’animaux « refuges » pour les parasites non résistants, il faut impérativement se baser sur des critères fiables pour le choix des animaux à traiter et ceux à écarter du traitement. Une étude récente montre que les coproscopies individuelles peuvent constituer un de ces critères. Il faudra alors associer les résultats de ces analyses à la prise en compte de l’état des animaux : note d’état corporel, propreté de l’arrière train, couleur des muqueuses, etc… Des animaux à excrétion faible d’œufs de strongles digestifs et en bon état corporel peuvent alors être dispensés de traitement.
Concernant la petite douve, cette stratégie est impossible à mettre en œuvre, les pontes des parasites étant intermittentes, et n’a pour l’instant pas d’intérêt démontré scientifiquement. La maîtrise de ce parasitisme doit donc être systématique sur tous les animaux, dès que le risque d’infestation est présent dans l’élevage ou est démontré par des analyses coproscopiques. C’est particulièrement le cas sur les lots de femelles en fin de gestation, période où les petites douves, en bloquant les sécrétions du foie dans le tube digestif par obstruction des canaux biliaires, sont les plus pathogènes et préjudiciables à la naissance de nouveau-nés viables et la préparation d’une bonne lactation. La stratégie consiste alors à décider du mode d’intervention, entre recours à un traitement allopathique (albendazole à quatre fois la dose de base) ou accompagnement avec un aliment diététique phytothérapique (PHYT-ANAT OX) pendant plusieurs jours dans l’alimentation. Nos essais ont montré un intérêt équivalent des deux stratégies. Cette intervention peut se doubler du recours ou non à un anthelmintique efficace sur les strongles gastro-intestinaux, selon les résultats des examens coproscopiques mis en place à cette période.
Sur les jeunes animaux, pensez également à la maîtrise des strongyloïdes dès les premières semaines de vie. Nos analyses montrent déjà la présence régulière de ces parasites. Or, par l’action de détournement de l’immunité qu’ils exercent, ils favorisent la multiplication des coccidies et leurs effets pathogènes. Sur ces « strongles de bergerie », la plupart des familles d’anthelminthiques sont efficaces, sauf le monépantel.
Laurent Saboureau
Dr Vétérinaire
