L'information élevage par l'Alliance Pastorale

Toxémies et acétonémies... les conséquences de l’été

Situation sanitaire février / mars 2019

Toxémies et acétonémies...  les conséquences de l’été
et
Coccidies : attention aux stongyloïdes !

(Cf Bulletin de l'Alliance N°897 - Mars 2019

Toxémies et acétonémies...  les conséquences de l’été

L’été 2018 a été très sec dans beaucoup de régions françaises et l’herbe est venue à manquer sur beaucoup de pâtures et dans de nombreux troupeaux. Les animaux ont été complémentés avec du fourrage conservé, souvent du foin. Il n’en reste pas moins que le foin n’est pas de l’herbe, ni dans l’équilibre de ses valeurs nutritionnelles, ni dans son efficacité sur la fonction digestive. Ceci est d’autant plus vrai que, dans les conditions d’une sécheresse, bon nombre d’animaux se contentent de brouter le peu d’herbe et de végétation qu’ils trouvent, souvent très pauvres, et délaissent le foin qui est mis à leur disposition. Dans tous les cas, le manque de consommation alimentaire qui en résulte occasionne pour le moins des reprises d’état insatisfaisantes, et au pire des amaigrissements, qui se font maintenant sentir au moment des mise-bas chez les femelles qui en ont souffert.


Ainsi, si les toxémies de gestation ont fait leur réapparition comme à l’habitude chez les brebis et certaines chèvres dans les semaines qui précèdent la mise-bas, on constate également depuis plusieurs semaines, et c’est plus inhabituel, des acétonémies chez des femelles ayant mise-bas depuis quelques jours, voire une ou deux semaines. En effet, aux animaux trop gras et à la ration insuffisamment riche sur le plan de la densité énergétique, et habituellement touchés en conséquence par les toxémies de gestation, s’ajoutent cette année les femelles manquant d’état pour assumer une lactation après une fin gestation qui a fini d’épuiser leurs réserves. Ces animaux amaigris boudent la nourriture, finissent par se tarir en lait et se coucher, avec des taux de mortalité non négligeables et des petits à nourrir à l’allaitement artificiel ou à sevrer dans des conditions difficiles. Ces mêmes effets peuvent également se retrouver sur les vaches, chez lesquelles l’acétonémie de lactation est cependant plus habituelle.


Pour remédier à cette situation et prévenir ces risques, il ne faut pas hésiter à densifier énergétiquement la ration dès la fin de gestation et augmenter les apports azotés d’environ 15 % par rapport aux recommandations, pour favoriser la synthèse de glucose via la néoglucogenèse spécifique des ruminants. Attention à fractionner en deux fois dans la journée la distribution de ces apports de concentrés, s’ils sont au-delà de 600 g sur une brebis, et à les accompagner de la distribution d’un foin de très bonne qualité sur le plan de l’appétence et de la digestibilité. Ces femelles en fin de gestation méritent le meilleur foin de l’exploitation. Pour compléter, sur les lots en mauvais état ou dans ceux où des cas cliniques sont apparus, on apportera dans la ration un aliment complémentaire riche en précurseurs du glucose, comme le NUTRI-AP ENERGIE GR (150 à 250 g/jour/vache et 60 g/jour/brebis ou chèvre). Penser également à une distribution d’hépato pour soulager le foie et aider à son fonctionnement, capital pour l’utilisation correcte des nutriments issus de la digestion. Sur les animaux les plus affaiblis ou déjà en cétose, la distribution de précurseurs du glucose par voie orale est nécessaire (NUTRI-AP ENERGIE Liquide). On ajoutera également un hépato et une administration de calcium.


COCCIDIES : attention aux stongyloïdes !

Les jeunes ruminants sont sensibles à l’infestation par les coccidies et bon nombre d’éleveurs mettent en place avec raison un traitement systématique au cours du premier mois de vie. D’autres attentent plutôt de voir apparaître les signes zootechniques de cette infestation (retards de croissance ou laine piquée) pour réaliser ce traitement. Certains sont cependant parfois déçus des résultats obtenus ou constatent une reprise des signes observés quelques semaines après. La raison est souvent liée à la contamination des animaux par des strongyloïdes, appelés également strongles de bergerie. Ces parasites ont un effet immuno-modulateur qui empêche le système immunitaire de développer la protection naturelle contre les coccidies qui est normalement acquise par les jeunes animaux vers 5-6 semaines. Dans ces conditions, pensons donc à traiter les animaux contre les strongyloïdes, et si possible dès 15 jours à trois semaines de vie, la contamination par ce parasite se faisant dans les premières heures via la litière ou le colostrum, et son cycle étant particulièrement rapide. La plupart des familles d’antiparasitaires montrent une efficacité contre ce parasite (benzimidazoles, levamisole, lactones macrocycliques).


Laurent Saboureau

Dr Vétérinaire

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