- Par Christelle Dubois-Frapsauce
Anti-parasitaires externes et bonnes pratiques d’utilisation
La pression des parasites externes
Les insectes (mouches, moucherons, poux, mélophages) ou leurs larves (myiases), ainsi que les acariens (tiques, gales) sont source de nuisances en élevage : agacement, démangeaisons, transmission de maladies (piroplasmose, fièvre catarrhale…), parasitoses cutanées. Il en résulte le plus souvent une diminution des performances (diminution des quantités de lait produites, ralentissement de la croissance ou de la finition, mauvais résultats de reproduction). Il est donc important de protéger votre cheptel par l’utilisation raisonnée d’anti-parasitaires externes en fonction du risque subit.
Les anti-parasitaires externes sont des médicaments à visée préventive ou curatives contre les parasitoses de la peau et des poils/laine. Comme l’appellation l’indique, ils s’utilisent en application locale, externe.
On peut les classer en fonction de la famille du principe actif ou en fonction du mode d’application.
Trois familles de molécules sont disponibles pour les ruminants : les pyréthrinoïdes, les organophosphorés et les formamidines. Leurs modes d’action sont différents mais le résultat sur les parasites est souvent identique : il en résulte la mort des parasites. ATTENTION : il faut que les insectes ou les acariens soient en contact avec le produit pour que celui-ci agisse et donc qu’ils se posent sur les animaux. Ils NE sont PAS répulsifs !
A noter le mode d’action particulier d’une quatrième catégorie, les inhibiteurs de croissance qui perturbent la mue des larves des insectes diptères (les mouches) et sont utilisés en prévention de myiases cutanées chez les ovins.
Les modes d’application
Les “pour-on” sont faciles à appliquer mais un peu coûteux. Ils ne sont pas efficaces sur les gales.
Les spécialités à diluer peuvent s’utiliser en pulvérisation ou douche et en bain. Ils permettent de lutter contre les poux, les mélophages, les mouches adultes et les culicoïdes (non spécifié dans les AMM).
La plupart de ces spécialités ont également une activité sur les tiques et sur les gales.
Les spécialités à base de pyréthrinoïdes n’ont pas d’AMM pour l’espèce caprine MAIS les laboratoires disposent de données permettant aux vétérinaires de prescrire dans le cadre de la “cascade”.
ATTENTION aux délais d’attente en particulier pour le lait : lisez bien votre ordonnance, vérifiez sur le bidon et en cas de doute, contactez votre vétérinaire prescripteur.
Remarque
Une autre famille d’anti-parasitaires, les endectocides forme injectable ou pour on sont actifs contre les poux, les gales et certaines mouches avec des différences de spectre selon le mode d’administration, forme injectable ou pour on.
Pour les éleveurs qui souhaiteraient utiliser les produits plus naturels ou qui sont en élevage biologique, il existe des spécialités à base de pyrèthre extrait de plantes (chrysanthème) qui ont une action insectifuge (éloignent les insectes) et/ou insecticides (les tuent). D’autres extraits de plantes sont aussi insectifuges : géraniol naturel, eucalyptus citriodora.
Pour une bonne utilisation des antiparasitaires externe
Les risques : toxicité et accident pour l’utilisateur, toxicité et défaut d’efficacité pour l’animal, toxicité et contamination pour l’environnement !
La bonne utilisation du produit
- Choisir correctement le produit, en fonction du parasite considéré, de la rémanence, de la praticité pour l’utilisateur, de la situation sanitaire du troupeau, de l’âge des animaux.
- Respecter les dosages prescrits.
- Bien respecter les modes d’administration :
- Les pour-on ne sont pas actifs sur les agents de la gale,
- Les pour-on doivent entrer au contact de la peau, et nécessitent d’écarter la laine si besoin (deltaméthrine), d’autres au contraire doivent s’appliquer sur la laine (dicyclanil)
- Bien calculer les dosages nécessaires pour les produits nécessitant une dilution.
- Tenir compte des délais d’attente, et des précautions d’utilisation.
Quelques exemples de produits à base d'extraits végétaux :
Protection de l’utilisateur
- Travailler à l’air libre ou dans une zone bien aérée.
- Utiliser un matériel de contention adapté, et en bon état.
- Pour les douches et les bains : éviter les éclaboussures (système anti-vague, rideau…).
- Prévoir un point d’eau propre pour se laver en cas de projection.
- Eviter les gestes brusques.
- Se protéger par le port de gants, bottes, masque, lunettes : imperméables, en bon état et à sa taille (mettre le pantalon par dessus les bottes et les manches de vestes par dessus les gants).
- Utiliser une canne à baigner pour l’immersion de la tête des animaux lors des bains.
- Ne pas boire, manger ou fumer pendant la manipulation des produits.
- Se laver soigneusement en fin de chantier (après nettoyage du matériel).
- Limiter et protéger l’accès des baignoires, zones de traitement… pour protéger les enfants et les autres animaux.
Ne pas oublier l’environnement des animaux, bâtiments et abords
Même si nous disposons de produits assez efficaces contre les insectes et les acariens pour protéger ou traiter les animaux, il est tout aussi important de traiter leur environnement. (Bâtiments d’élevage et abords, salle de traite). C’est la première prévention à mettre en place, en particulier pour les mouches et moucherons. Il est fondamental de traiter les gîtes à larves (litières, zones humides autour des fumiers, des ensilages) qui constituent la réserve d’adultes avec les larvicides inhibiteurs de croissance. Les adulticides ne sont à utiliser qu’en complément quand la densité de mouches adultes devient trop importante.
Protection de l’environnement
- Ne pas laisser les animaux boire les résidus de bains.
- Respecter les bonnes pratiques de retraitement des déchets pour les bidons de traitement.
- Respecter les règles d’épandage des résidus de bains.
Et en particulier ne pas épandre :
- près d’un point d’eau (100 m),
- sur un terrain inondable,
- sur une zone de promenade.
- Possibilité d’utiliser les résidus de bains pour le traitement des locaux