- Par Laurent Saboureau
Apparition de la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE)
Alors que cette maladie est connue de longue date en Amérique du Nord, en Australie, en Asie, en Afrique du Nord (Tunisie), au Moyen Orient, et qu’en Europe l’Italie (Sardaigne et Sicile), le Portugal et l’Espagne ont détecté des cas, 3 foyers bovins ont été découverts courant septembre dans les Pyrénées Atlantiques et les Hautes-Pyrénées. Depuis cette apparition, de nombreux autres foyers ont été identifiés et déclarés, portant leur nombre à plus de 450 (et plus de 200 suspicions en cours de confirmation) au 16 octobre 2023, date de rédaction de cet article (voir carte page suivante).
La MHE (ou EHD pour Epizootic Haemorrhagic Disease) est une maladie infectieuse virale des ruminants sauvages, principalement du Cerf de Virginie, et domestiques, particulièrement les bovins. Les moutons, les chèvres et les camélidés peuvent également être réceptifs, mais ne présentent généralement pas de signes cliniques. Le virus de la maladie est transmis par des moucherons piqueurs et hématophages du genre culicoïdes. De ce fait, les infections sont saisonnières et correspondent aux périodes d’activité de ces insectes. La MHE n’est pas contagieuse directement d’animal à animal et le virus n’affecte pas les humains.
Chez les cervidés et les bovins, elle entraîne des symptômes proches de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) avec une atteinte de l’état général accompagnée d’amaigrissement et de fièvre et associée à des lésions buccales et type stomatite, des boiteries et des difficultés respiratoires. Chez le Cerf de Virginie, espèce la plus sensible, la forme suraiguë est associée à une forte mortalité. Il n’existe pas à ce jour de vaccin contre la maladie en France.
La MHE est en catégorie DE dans la classification des maladies réglementées mise en place dans le cadre de la Loi de Santé Animale (voir la rubrique Pôle Santé Animale, Point sur l’Actualité de notre Bulletin d’avril 2023). Ceci implique l’obligation de déclaration des foyers, la surveillance événementielle active de la maladie et la restriction des mouvements entre les États Membres de la Communauté Européenne.
En termes de surveillance active, les suspicions cliniques et non confirmées de FCO, dont les symptômes sont voisins de ceux de la MHE, font désormais l’objet d’une recherche complémentaire de cette dernière.
Concernant les mouvements d’animaux, un arrêté ministériel prescrit que la sortie des animaux à l’extérieur du périmètre d’un rayon de 150 km autour des foyers (voir carte au 13/10/2023) ne peut se faire qu’après désinsectisation des animaux d’au moins 14 jours avant le transport et PCR négative de moins de 7 jours pour les destinations d’élevage et de rassemblement. La loi européenne, elle, interdit l’envoi au sein de l’Union Européenne et à fins d’élevage ou d’engraissement des ruminants (bovins, ovins et caprins) issus de cette même zone. Néanmoins, après l’Espagne le 11 octobre, c’est l’Italie qui mi-octobre a donné son accord pour une réouverture des importations de jeunes bovins destinés à l’engraissement (broutards) à partir de l’ensemble du territoire français, sous condition pour ce dernier pays de règles similaires à celles régissant les déplacements en France. Les mouvements des ruminants pour abattage immédiat restent quant à eux possibles.
Enfin, en termes de mouvements vers des pays tiers, ce sont les conditions sanitaires négociées entre la France et chaque pays de destination qui restent en vigueur.