- Par AP
Coût de l'alimentation en élevage Caprin
En 2009, le réseau d’élevage caprin avait calculé le coût de production des fourrages de l’implantation à la récolte, rendu exploitation. Avec l’agrandissement des troupeaux, les élevages se sont équipés pour simplifier la distribution des concentrés mais aussi des fourrages. Dans un contexte où la maîtrise du coût de production est essentielle, il semble utile de compléter cette première approche par le calcul du coût de la distribution pour arriver à un coût alimentaire du champ à la bouche de l’animal.
S’appuyant sur des enquêtes spécifiques en exploitations et des résultats issus des suivis annuels, cette synthèse dresse un état des lieux du coût de la distribution des fourrages et des concentrés. Elle apporte des éléments d’explication concernant les écarts constatés dans les élevages et ainsi des pistes de réflexion pour aider les éleveurs à optimiser leur système et/ou dans leurs choix en matière de système alimentaire.
Cet article présente les résultats obtenus dans 29 élevages du réseau d’élevage caprin de Poitou-Charentes, Vendée et Maine et Loire.
Sur chaque exploitation du réseau, les tonnages de fourrages et de concentrés distribués ont été recueillis. Les itinéraires de distribution (du lieu de stockage à la gueule de l’animal) ont été décrits avec le matériel utilisé.
Les coûts des matériels retenus comprennent les charges fixes, les frais d’utilisation et d’entretien, Les coûts ayant trait à la main d’œuvre ne sont pas comptabilisés. Seul le temps consacré à la distribution a été relevé.
Les coûts de distribution ainsi obtenus ont été ramenés à la tonne de matière sèche (tMS).
Attention : Les données recueillies sont des données réelles, fournies par les éleveurs. Certains investissements sont amortis. Les coûts moyens présentés ne peuvent donc pas être utilisés en tant que tel pour calculer un projet économique (installation, investissement, agrandissement,...).
L’échantillon
29 élevages répartis en 5 systèmes alimentaires :
Résultats moyens
Le coût global de la distribution de l’alimentation
Calculé sur 29 élevages en 2012, le coût global de la distribution de l’alimentation est en moyenne de 28 euros par tonne pour distribuer les fourrages (57% des quantités distribuées) et les concentrés et déshydratés (43 % des quantités distribuées).
Le coût du stockage de l’alimentation (hangar cellules....) représente un quart de ce coût, la préparation et la transformation des aliments (séchage, aplatissage...), 7% de celui-ci et la distribution proprement dite, les 68 % restants. Le coût global de la distribution de l’alimentation peut varier de I à 4, pour un même système alimentaire.
Le coût global de la distribution des fourrages est en moyenne de 34 euros par tonne de matière sèche. Ce coût est d’abord constitué par des coûts de distribution puis de stockage. Les coûts de transformation concernent uniquement le système «foin séché vrac ou balles». Le coût global de la distribution des fourrages varie de 11 (quart inférieur) à 62 € (quart supérieur) par tonne de matière sèche.
Une analyse par nature de fourrage montre qu’il y a assez peu d’écart de coût entre l’ensilage et les différents types de foin (34-35 €/t). Le coût de stockage et distribution de l’enrubannage est un peu inférieur (25 €/t).
Le coût global de la distribution des concentrés en moyenne est de 24 euros par tonne. Ce coût est d’abord constitué par des coûts de distribution puis de stockage. Les coûts de transformation concernent très peu d’élevages. Le coût global de la distribution de concentrés varie de 6 (quart inférieur) à 54 euros (quart supérieur) par tonne.
Le temps de distribution de l’alimentation
En 2002, le temps consacré à l’alimentation, de la reprise des aliments à leur distribution représentait 45 % du travail d’astreinte et s’établissait à 3 h 20 par jour avec des écarts très grands entre élevages, de 2 h 40 pour le quart inférieur à 10 heures 20 pour le quart supérieur (Source : Le travail en élevage caprin Résultats du réseau d’élevage caprin Poitou-Charentes et Pays de la Loire août 2002).
Aujourd’hui, le temps consacré à l’alimentation a fortement diminué avec en particulier la généralisation de l’automatisation de la distribution des concentrés. Il s’établit en moyenne à 2 h 10 dans les 29 élevages enquêtes. L’élevage le plus rapide consacre, à peine une heure par jour à alimenter son troupeau. Cet éleveur assure à lui tout seul l’alimentation de 550 chèvres. Mécanisé pour distribuer sa ration «ensilage de maïs, enrubannage et foin», il a automatisé la distribution des concentrés. L’élevage le moins rapide passe 4 heures à alimenter son troupeau. Cet éleveur distribue le foin et les concentrés manuellement. C’est aussi un «animalier» qui aime passer du temps auprès de ses animaux.
Les éleveurs enquêtes passent en moyenne 1 h 40 pour distribuer les fourrages avec des écarts allant de 1 heure pour le quart inférieur à 2 h 30 pour le quart supérieur Ils passent en moyenne à peine 30 min pour distribuer les concentrés mais ce chiffre masque des situations très contrastées entre les éleveurs qui ne passent pas de temps au quotidien car ils ont automatisé cette tâche et ceux qui distribuent l’ensemble des concentrés à la main.
Résultats par système alimentaire
La distribution de l’alimentation dans les systèmes «pâturage et foin»
Ce système concerne 3 élevages.
L’alimentation distribuée est constituée en moyenne de 66% de fourrages et 34% de concentrés et déshydratés. Ces éleveurs disposent d’un tracteur et d’un chargeur Un d’entre eux utilise aussi le télescopique de la CUMA.
Economes en concentrés et plus globalement en charges de structure, ces éleveurs distribuent les concentrés manuellement.
La distribution de l’alimentation dans les systèmes «ensilage»
Ce système concerne 8 élevages. L’alimentation distribuée est constituée en moyenne de 64 % de fourrages et 36% de concentrés et déshydratés.
Ces élevages sont plus équipés que les élevages des deux systèmes précédents. Ils disposent en général de deux tracteurs : un tracteur équipé du chargeur et un tracteur sur la mélangeuse (5 élevages) ou la désileuse (3 élevages). On trouve dans ce groupe des dérouleuses de foin (2 élevages) et une balayeuse pour repousser la ration dans l’auge.
Pour distribuer les concentrés et déshydratés, 4 élevages sont équipés de DAC (Distributeur Automatisé de Concentrés) mobiles, un éleveur utilise une brouette distributrice et un autre distribue les concentrés uniquement en salle de traite. Enfin, un éleveur travaille en ration complète et ne dispose donc pas de matériel pour distribuer les concentrés.
En ensilage, l’amélioration du temps et des conditions de travail passe par :
- Un bon positionnement du (ou des) site(s) de stockage par rapport à la chèvrerie,
- Un bâtiment adapté avec, soit un couloir suffisamment large pour mécaniser, soit des tapis,
- Bien sûr la mécanisation de la distribution,
- La simplification du rationnement avec la mise en œuvre de ration complète. A condition d’apporter suffisamment de fibres au râtelier en complément.
La distribution de l’alimentation dans les systèmes à dominante foin
Ce système concerne 9 élevages. L’alimentation distribuée est constituée en moyenne de 57% fourrages et 43 % de concentrés et déshydratés.
La puissance moyenne du (ou des) tracteur (s) utilisé pour distribuer les fourrages est de 85 chevaux. La plupart des élevages disposent d’un tracteur équipé d’un chargeur pour distribuer le foin. Un éleveur utilise une dérouleuse. A noter du matériel en copropriété et de la sous-traitance pour deux élevages.
La majorité des élevages disposent d’un couloir d’alimentation avec des cornadis. Un tapis d’alimentation est installé dans un élevage.
Pour distribuer les concentrés et déshydratés, 4 élevages sont équipés de DAC (Distributeur Automatisé de Concentrés) mobiles, un éleveur est équipé de DAC fixes (5 stalles pour 300 chèvres), un éleveur utilise une brouette distributrice et les deux autres éleveurs distribuent les concentrés manuellement.
En foin, l’amélioration du temps et des conditions de travail passe par :
- Un bon positionnement du (ou des) site (s) de stockage par rapport à la chèvrerie, si besoin, prévoir un sous stockage en chèvrerie
- Une bonne organisation du stockage de foin, «pouvoir accéder au fourrage souhaité au bon moment à tous les types de foin.
- La mécanisation de la distribution qui peut aussi servir au paillage
- La simplification du rationnement avec la mise à disposition de foin à volonté (balles rondes en râteliers, pas de distribution journalière).Mais cette technique est risquée d’un point de vue du rationnement, en particulier si les apports de concentrés sont conséquents. Elle facilite le tri, la régularité de la consommation n’est pas assurée (préhensibilité réduite du fourrage, appétence diminuée faute d’aération suffisante du foin...).
La distribution de l’alimentation dans les systèmes «foin séché, vrac ou balles»
Ce système concerne 2 élevages.
L’alimentation distribuée est constituée en moyenne de 64% de fourrages et 36% de concentrés et déshydratés.
Un éleveur est équipé d’un séchoir vrac avec une griffe sur rail qui dépose le foin dans la chèvrerie. Il a également investi dans un DAC mobile. L’autre est équipé d’un séchoir balles rondes. Il reprend ses balles avec un tracteur équipé d’un chargeur. Il est équipé de DAC fixe.
La distribution de l’alimentation dans les systèmes «foin et déshydratés»
Ce système concerne 7 élevages. L’alimentation distribuée est constituée en moyenne de 41 % fourrages et 59 % de concentrés et déshydratés.
La puissance moyenne du (ou des) tracteur (s) utilisé pour distribuer les fourrages est de 90 chevaux. La plupart des élevages disposent d’un tracteur équipé d’un chargeur pour distribuer le foin. A noter un télescopique et un tracteur télescopique pour deux élevages.
Pour distribuer les concentrés et déshydratés, 3 élevages sont équipés de DAC (Distributeur Automatisé de Concentrés) mobiles, un éleveur d’un DAC fixe, un éleveur utilise une brouette distributrice et les deux autres éleveurs distribuent les concentrés manuellement.
En synthèse
Le coût de l'alimentation, du champ ou du fournisseur à la bouche de l'animal
Avec l’ensemble de ces données, il est possible de reconstituer le coût de l’aliment arrivé à la bouche de l’animal. Les frais des différentes étapes ont donc été compilés et la rémunération de la main d’œuvre incluse. La tonne de fourrage revient à 158€ et le concentré à 392€. Rapporté aux valeurs énergétiques ou azotées, le coût le moins élevés reste en faveur des fourrages. On constate bien ici, l’intérêt économique pour l’éleveur de travailler sur ses fourrages, du choix des espèces à la stratégie de distribution en passant par la qualité de la récolte.
Même si les écarts observés entre exploitations sont grands et souvent liés à des situations bien spécifiques, des tendances se dessinent :
- Le coût de production des fourrages c’est en moyenne 65 € et 1 heure de travail/tonne.
- Le coût de la distribution de l’alimentation, c’est 28 €/tonne distribuée et 42€/1000 litres en moyenne soit environ 7% du coût de production d’un atelier laitier caprin (avant rémunération de la main d’œuvre).
- Pour éviter le dérapage des coûts, il faut ajuster au mieux les investissements avec les tonnages à traiter.
- Du champ à l’auge, le coût de la distribution représente un tiers du coût du fourrage. Du fournisseur à l’auge, la distribution représente 5% du coût du concentré.
- Arrivé devant la bouche de la chèvre, la tonne de fourrage coûte 2 fois moins cher que la tonne de concentré.
Le coût de production des fourrages dans les exploitations caprines
Le coût de production moyen des différents fourrages varie de 51 euros la tonne de matière sèche pour des prairies temporaires fauchées 2 fois à 81 euros la tonne de matière sèche pour des prairies enrubannés puis fauchées. les coûts moyens varient peu d’une espèce fourragère à l’autre. Par contre, pour un même fourrage les coûts peuvent varier sur un échelle de 1 à 5 ! c’est l’adéquation entre la mécanisation, les frais d’intrant et le potentiel de production qui permet une cohérence et un coût maîtrisé. Le coût du maïs ensilage apparaît comme le moins variable.
Tableau 8 :
D’après un document réalisé par le Réseau d’élevage caprin Poitou-Charentes Vendée et Maine et Loire.
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