- Par Saïd Tahenni
Ecthyma contagieux. Une maladie infectieuse cutanée
L’ecthyma est une maladie infectieuse cutanée.Cette maladie affecte les petits ruminants (moutons, chèvres).
C’est une zoonose mineure où l’homme se contamine accidentellement. Elle est très répandue dans le monde et est aussi appelée maladie ORF.
La maladie est sans gravité mais elle peut provoquer des pertes considérables dans des cas où les conditions d’élevages sont défavorables. Les jeunes animaux sont très sensibles à la maladie, plus que les adultes.
C’est une infection virale due au PARAPOXVIRUS.
Le virus est très résistant dans le milieu extérieur, et il persiste longtemps dans les sols, les litières et les matériels souillés. Les animaux atteints peuvent être longtemps des réservoirs de virus.
La transmission de la maladie se fait par contact direct ou indirect par le matériel et les sols contaminés (litière, pâture, abreuvoirs, tétines, etc…).
Les facteurs favorisants
Les facteurs favorisants sont liés :
- soit à l’animal
- Animaux atteint de maladie immuno-dépressive (border disease ou visna-maëdi et autre…).
- Animaux parasités.
- Animaux qui ont pris un colostrum de mauvaise qualité.
- Agneaux nés de mères carencées en minéraux et vitamines.
- Agneaux d’allaitement artificiel.
- soit à l’environnement de l’animal
- Conditions d’élevage défavorables (grande densité dans la bergerie, avec mélanges d’animaux, une lumière insuffisante et une mauvaise hygiène de la litière et du matériel).
- Le stress.
Les signes cliniques
On observe 3 formes d’ecthyma
La forme classique
Il s’agit de la forme la plus fréquente, généralement bénigne. Les lésions sont localisées en niveau des lèvres, des pieds et des yeux chez l’agneau et au niveau des mamelles chez les mères avec une complication de mammite.
L’incubation dure environ 6 à 8 jours. La maladie débute par une apparition de boutons, au bout des lèvres ou du trayon, qui gonflent en formant des pustules. Des croûtes apparaissent après éclatement des pustules et à la fin, des ulcérations se forment.
La forme buccale
Il s‘agit de la forme la plus grave qui touche les jeunes animaux (chevreaux, et agneaux). Les lésions sont localisées sur les lèvres, dans la cavité buccale, l’oesophage, le larynx et parfois on les retrouve en niveau de la caillette. Ces lésions sont des papules qui deviennent en quelques jours des ulcères.
Souvent cette forme se complique en des ulcérations profondes et des odeurs fétides qui se dégagent de la bouche, ou d’un Muguet (enduit blanchâtre sur la langue). La maladie évolue vers la mort.
La forme papillomateuse
C’est la forme la plus rare des trois. On observe des tumeurs qui ressemblent à un chou-fleur au niveau de la tête, des oreilles, des pieds et de la mamelle…. La guérison survient sur une période de 2 mois environ.
Diagnostic
Diagnostic clinique
Il repose sur l’aspect lésionnel (des croûtes, des ulcères et pustules) et de leurs localisations. C’est une maladie très contagieuse et elle est très facile à identifier dans la plupart des cas.
Diagnostic laboratoire
L’analyse se fait par examen au microscope électronique sur croûtes sèches.
Le prélèvement des croûtes peut être acheminé dans un pot sec ou dans du formol 10 % pour l’envoi de prélèvement pour l’analyse à l’ANSES Maisons Alfort ou Sofia Antipolis.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel se fait avec :
- La fièvre aphteuse : c’est une maladie qui touche plusieurs espèces animales avec des boiteries discrètes et des avortements.
- Dermatite ulcéreuse : pas de lésions buccales.
- La clavelée (variole ovine) : on observe des lésions sous la forme de tête de clous, de la fièvre de 40 à 41°C accompagnée de complications respiratoires et digestives.
- La nécrobacillose : elle provoque des ulcérations profondes avec mauvais état général. Elle peut être la suite de complications dues à l’ecthyma.
- La fièvre catarrhale ovine : coloration bleue de la langue avec une forte fièvre.
Traitement
En cas de surinfection un traitement antibiotique par voie générale est conseillé. Comme il n’existe pas un traitement spécifique, les soins locaux permettent d’accélérer la guérison, comme par exemple :
- Glycérine iodée
- Bombe cicatrisante
- Argile ou PAST ARGYL 0200238
- Phyt Ap Ecthymax produit désinfectant et cicatrisant des lésions d’ecthyma à base de plantes. 0108253
Dans le cas où le cheptel est très atteint, le traitement vaccinal est de grande utilité, il favorise une guérison rapide (2 injections à intervalle de 10 à 12 jours à la dose soit de 1 ml sous-cutané, soit 0,2 ml intradermique «Hors AMM»)
Prophylaxie
Prophylaxie médicale
Le vaccin disponible en France est un vaccin vivant. L’immunité vaccinale est de courte durée (d’environ de 2 mois à 6 mois). L’existence de plusieurs souches virales pose problème sur la réponse immunitaire du vaccin, car il ne permet pas une efficacité à 100 % sur toutes les souches.
La vaccination sur les mères se fait 3 à 4 semaines avant l’agnelage, tandis que chez les agneaux nés de mères non vaccinées elle est pratiquée à l’âge de 15 jours à la dose 1 ml sous cutanée ou 0,2 ml intradermique avec une seringue automatique (Dermojet). 0401221
La vaccination est contre indiquée en milieu sain ou indemne.
Prophylaxie sanitaire
Le respect de bonne pratique de biosécurité et d’élevage permet d’éviter la propagation de la maladie :
- Hygiène et désinfection de bâtiment et de matériel, et le respect des bonnes pratiques d’élevage (densité des animaux, luminosité du bâtiment...).
- Respect de la quarantaine à l’introduction d’animaux et ou des sujets atteints d’ecthyma.
- Complémentation en minéraux et vitamines.
- Mise en libre-service d’une complémentation d’argile ou aliment complémentaire TYM. 0112001
Mesures de prévention en cas d’animal malade
- Isolement des animaux malades.
- Renforcement des mesures d’hygiène et de désinfection du matériel et de l’environnement.
- Installation d’un pédiluve.
L’ecthyma est une zoonose mineure.
L’homme se contamine par contact direct lors de manipulation d’un animal malade. Pour éviter d’être contaminé il faut respecter les règles d’hygiène et le port de gants lors des manipulations de l’animal malade, du cadavre, et des déchets des animaux.
Cette maladie peut être grave chez des personnes immunodéprimées.
A ce jour l’ecthyma ne fait pas partie des maladies professionnelles.