- Par AP
La lutte contre les chardons et les rumex dans les prairies
Ces deux adventices peuvent être rapidement envahissants et dégrader fortement la productivité d’une prairie. En cas de forte infestation sur une prairie installée, la lutte est difficile et de longue haleine.
Ces deux plantes ont un fort potentiel de multiplication par voie végétative : leurs tiges souterraines croissent et forment, à intervalles réguliers, de nouvelles plantes. Seul le rumex a un fort potentiel semencier, avec des graines très résistantes et gardant un pouvoir de germination pendant de nombreuses années. Ces plantes profitent également de conditions de sol dégradées (tassement, acidité, matière organique mal dégradée, hydromorphie….). La lutte combine donc plusieurs moyens, mécaniques, chimiques et d’exploitation.
La lutte mécanique
Au semis : préférer les outils à dents aux outils à disques pour éviter de couper les rhizomes. Plusieurs passages espacés de 2 à 3 semaines permettent de faire sécher les racines remontées à la surface. Un semis bien réparti des graines fourragères et une levée homogène permettent d’éviter les vides colonisés par les adventices.
Sur la prairie installée : des fauches répétées contribuent à épuiser les rumex. Pour les chardons, privilégier une fauche au stade bouton floral, permettant de ne pas lever la dormance des rhizomes, et faucher ensuite régulièrement (broyage des refus).
La lutte par mode d’exploitation
Les rotations prairies-autres cultures (céréales…) sont défavorables au rumex et au chardon, quand c’est possible, il faut donc inclure les prairies dans son assolement.
La graine de rumex est très résistante, il est donc recommandé de composter les fumiers, l’élévation de température lors du compostage suffisant à détruire le pouvoir germinatif de la graine.
L’alternance des espèces sur la prairie, quand elle possible, est favorable : les ovins consomment les rumex jeunes, ce que ne font pas les bovins.
Alterner les modes d’exploitation fauche / pâture : ne pas pâturer, ou faucher, toujours les mêmes parcelles, mais changer d’une année sur l’autre.
La lutte chimique :
D’une manière générale, l’intervention doit se pratiquer sur des plantes aussi jeunes que possible, pour éviter qu’elles aient déjà un système racinaire développé. La plupart des produits ayant une pénétration foliaire, l’usage de surfactant peut renforcer leur efficacité.
Il est difficile de lutter contre des adventices installés. Dans les prairies constituées uniquement de graminées, des anti-dicotylédones peuvent les ralentir, mais rarement les faire disparaître complètement. On peut utiliser des produits à base de metsulfuron methyl. Dans les prairies d’association graminées légumineuses, la seule solution, applicable uniquement pour des populations limitées, est de traiter en localisé avec un produit adapté, type débroussaillant.
Sur de jeunes prairies constituées d’un mélange de graminées et de légumineuses, on pourra avoir des résultats satisfaisants avec des produits à base d’amidosulfuron. Sur des prairies de graminées pures, la palette de produits est plus large, avec les anti-dicotylédones utilisables sur prairies.
En définitive, ces adventices sont très résistants, et une lutte efficace doit se faire par une conjugaison de moyens, et s’en débarrasser totalement est souvent long et ardu.