- Par Candice Montagne
Le loup Point sur l’actualité
Le loup fait de plus en plus parler de lui sur notre territoire national. Sa dispersion est grandissante et sa présence inquiète les éleveurs. Des mesures sont déjà en place au niveau national afin de permettre une cohabitation entre l’élevage pastoral et la protection du loup.
Dans l’article qui suit les informations données sont factuelles.
Situation nationale
La carte ci-dessus présente la situation nationale de la présence du loup*. On peut voir que les zones en orange et rouge sont des zones dans lesquelles le loup disperse et parfois s’établit de manière permanente.
Les zones en vert sont des zones dans lesquelles la présence du loup est encore aléatoire.
De manière générale, la présence du loup est quasi nationale.
Caractéristiques :
organisation, déplacement et indices de la présence
Organisation du loup
En France le loup (Canis lupus) vit en général dans des zones de 200-1000 m d’altitude dans tous les types de biosphère (plaines, zones forestières…). Il se déplace beaucoup par les côtes et utilise notamment les ouvrages de l’homme (ponts, chemins, routes…) et le long des cours d’eau.
La reproduction chez le loup se déroule en majorité en janvier pour des mises-bas en majorité en mars-avril. Les portées sont constituées de maximum 9 louveteaux.
Au sein d’une meute on retrouve un couple de reproducteurs. Il n’y a pas de comportement de dominant/dominé.
Déplacement du loup
Le territoire du loup s’étale sur 150 000 Ha mais peut varier selon l’abondance et la répartition des proies. Le phénomène de dispersion de la meute se déroule à l’automne et au printemps. Il y a souvent des va-et-vient sur les mêmes parcours qui peuvent faire de 100 à 800 km de long et 20-50 km de large.
Ci-dessus une cartographie des principaux axes de déplacements.
Indices de la présence du loup
En présence d’une carcasse :
le nettoyage « chirurgical » de la carcasse, très méthodique et sélectif est un indice.
Les lésions citées ci-dessous ne sont qu’une indication. Des prélèvements pour typage ADN seront nécessaires pour valider les observations.
En présence d’empreintes :
D’autres indices peuvent être relevés : le centre de gravité se situe sur le haut du coussinet plantaire et les antérieurs sont environ 50 % plus petits que les postérieurs.
Indices de déplacement :
Lors d’un déplacement au trot les antérieurs sont recouverts par les postérieurs. Et au galop la foulée est grande (1.20 m), les antérieurs et un postérieur sont alignés et le deuxième postérieur est décalé.
Indices via les issues (crottes) :
Pour faire la différence avec d’autres animaux sauvages il est conseillé de regarder l’aspect des crottes. Chez le loup les crottes font plus de 2 cm de diamètre le différenciant notamment du renard (15 mm). Les crottes de loup sentent particulièrement fort et on y retrouve des poils de gibier, des éclats d’os (il broie les os et les avale) et des griffes. Le loup lape le sang ce qui donnera une couleur très noire aux crottes.
Tous ces indices sont à ajouter les uns aux autres pour augmenter la suspicion de présence du loup sur le territoire.
Stratégies de défense
Les chiens de protection des troupeaux
La plupart des chiens de troupeaux sont issus de pays d’Asie. Il n’existe pas moins de 30 races à travers toute l’Europe mais avec l’éradication des prédateurs dans de nombreuses régions l’utilisation des chiens de protection de troupeaux a diminué.
Points clés de stratégies de défenses
- La mixité d’âge et de sexe dans une meute de chiens est importante. En effet un jeune Patou va souvent aller très rapidement au contact du loup alors que les vieux chiens cherchent plutôt à s’interposer.
- Pour aider les chiens à se défendre l’utilisation de collier à impulsion électrique et d’un harnais doté d’électrodes au niveau des zones d’attaques des loups (dos, intérieur des cuisses…) pourrait suffire à faire fuir le loup.
- La création d’une meute de chiens est idéale pour protéger les troupeaux. Le chien berger des Abruzzes et de Maremme est un des chiens les plus efficaces pour protéger les troupeaux de moutons.
Enfin l’Institut de l’Elevage a mis en place le Réseau Chiens de protection. Le réseau propose un accompagnement technique dans la mise en place et l’utilisation de chiens de protection des troupeaux. Le réseau se compose de 6 référents et de relais locaux. Une formation intitulée « Intégrer un chien de protection dans un troupeau » est proposée ainsi que des accompagnements individuels. Toutes les informations complémentaires (fiches thématiques, vidéos, guides et affiches) et l’annuaire des référents locaux se trouvent sur le site de l’Institut de l’Elevage.
Autres méthodes
D’autres méthodes de mise en fuite des loups peuvent être mises en place telles que animaux alarmants (ânes, chèvres…) mais le loup serait probablement effrayé les premières fois cependant l’efficacité à long terme est mise en cause.
Enfin depuis fin août 2018 en Sud-Aveyron une exploitation a mis en place au sein du troupeau de mouton deux vaches et un veau de la race d’Herens. Rencontrant un franc succès sur des élevages des Alpes dans la protection des troupeaux, la vache d’Herens aurait le mérite d’être généralisée. C’est une race réputée « belliqueuse » et protectrice du troupeau qu’elle considère comme le sien. Elle n’en est pas moins très aimante avec l’homme. Des éleveurs de vache d’Herens restent sceptiques quant à l’utilisation de cette race dans les troupeaux de moutons. Affaire à suivre !!
NB : sur le Tarn et l’Aveyron quelques contacts à connaître :
Domi VIGUIER, commune de BEZ
Benoit GAEL, commune de BEZ
* Selon les observations non-officielles de l’association “l’observatoire du loup”
Sondage mené au magasin de Valence d’Albigeois (81)
Le conseil de la technicienne :
Le Montagne des Pyrénées, très souvent nommé « Patou » est le chien idéal pour la garde des troupeaux en alpage. C’est un chien très protecteur du troupeau qui veille sur les moutons qu’il considère comme ses congénères.
Les races de chiens de protection du Caucase, notamment le berger d’Anatolie est un chien très robuste et rustique. C’est également un chien très protecteur et il sent souvent le danger arriver rapidement.
L’idéal est de créer une meute contenant différentes races de manière à diversifier et à potentialiser les particularités de chacune.
Nous avons mené un sondage au magasin de Valence d’albigeois (81) dont les résultats sont présentés ci-dessous.
Sur les éleveurs questionnés on remarque que la moitié détermineraient la présence du loup via les empreintes de pas et les déplacements ainsi que l’aspect des carcasses. Peu semblent connaître l’importance de l’aspect des crottes.
La moitié des éleveurs déclarent avoir 3 chiens et plus ce qui est un avantage concernant la protection du troupeau. Cependant la présence de chiens de protection semble encore minoritaire (hormis les Patou).
A la question « Augmenteriez-vous le nombre de chiens de protection si la présence du loup est confirmée ? » la majorité ont répondu par la négative. C’est un point fort sur lequel s’améliorer, voir les explications dans l’article.
Enfin il apparaît que la majorité des éleveurs sont pour une protection et une défense active contre le loup.