Les essentiels de l’apiculteur

Nombreux sont ceux qui rêvent de produire leur propre miel. Avant de se lancer, il faut prendre le temps de se documenter, de connaître le fonctionnement de la ruche et des abeilles et aussi appréhender l’équipement indispensable à un bon démarrage en apiculture.


Les essentiels   de l’apiculteur

Rappel de la pollinisation


Dans une fleur il y a deux grandes parties : une partie mâle et une partie femelle. Dans la partie mâle, ce sont les étamines qui portent à leurs extrémités des antennes, c’est à dire des petits sacs, à l’intérieur desquels vont se développer les grains de pollen. Quand l’antenne est complètement mure, elle éclate et libère les grains de pollen.

Dans la partie femelle il y a le pistil et au sommet du pistil il y a une partie ouverte, un peu comme un entonnoir, qu’on appelle le stigmate. Les grains de pollen vont se déposer sur le stigmate et avec l’humidité et la chaleur ambiante on va avoir le processus de fécondation (qui peut être assez long).

Les grains de pollen sont très différents d’une variété de fleur à l’autre.


L’insecte pollinisateur

Pour être un pollinisateur, l’insecte doit être avant tout un floricole, c’est à dire qu’ils vient sur la fleur pour se nourrir (ou nourrir ses larves) de nectar ou de pollen. 

Les abeilles utilisent le nectar pour faire le miel. Le nectar est un jus sucré qui est sécrété à la base de la corolle et a un rôle attractif pour les insectes. L’abeille est capable de détecter l’odeur du nectar à plusieurs kilomètres. C’est par le passage des insectes sur la fleur que sera activée la pollinisation de la fleur. Les insectes ont donc un rôle essentiel dans la pollinisation des plantes. 

L’abeille donc, attirée par l’odeur, vient sur la fleur et aspire le nectar pour faire le miel et dans un même temps elle récolte le pollen pour l’alimentation des larves. Les boules de pollen que l’on voit sur les pattes des abeilles ne servent absolument pas à faire du miel. Le miel est fait avec le nectar qui passe dans le tube digestif des abeilles.


Vie  de l’abeille dans la ruche

Évolution de l’abeille

L’abeille passe par 4 grands stades de développement : 

- L’œuf dans une cellule, 

- La larve d’abeille, qui va grandir en passant par 5 stades.

Pendant 3 jours, cette larve est alimentée par de la gelée royale, puis au bout de 3 jours, par du pollen. Seules les larves désignées pour être reines continueront d’être alimentées par de la gelée royale.

Quand la larve atteint le dernier stade, une abeille ferme l’alvéole avec de la cire.

- La pupe (le nymphose). Après la fermeture de l’alvéole, la larve devient nymphe pour continuer de grandir et de donner naissance à une abeille adulte.

- L’imago (l’adulte). 

Il faut 21 jours pour que l’abeille devienne ouvrière et 24 jours pour les mâles. 

L’abeille ouvrière vivra entre 5 et 6 semaines.


La reine, quand à elle, met 16 jours du stade de l’oeuf à celui d’adulte. C’est une abeille deux fois plus grosse qu’une abeille ouvrière et vit entre 3 et 5 ans. Une reine pond environ 2000 oeufs par jour. 


Dès que l’abeille naît, elle est affectée au nettoyage de la ruche. 

Après 3 ou 4 jours, elle est dédiée aux soins, c’est à dire que c’est elle qui va aller alimenter le couvain. Puis elle sera affectée à la ventilation de la ruche. Dans une ruche, si la ventilation n’est pas faite en permanence, la température peut monter de façon importante (35/36 °C), c’est pour cela que des abeilles sont affectées à la ventilation. S’il fait trop chaud dans la ruche, la cire peut ne plus tenir et les larves dans les alvéoles tomber.


Par la suite les abeilles sont affectées au transfert du nectar. C’est ici qu’est fabriqué le miel.

Quand une abeille aspire du nectar d’une fleur, il est mélangé à sa salive et va dans son jabot.  L’abeille le transporte comme ça jusqu’à la ruche. Quand elle arrive à la ruche elle le dégluti et c’est une autre abeille qui l’avale à son tour et le mélange à sa salive dans son jabot et va le régurgiter à son tour. Une autre abeille prendra le relais, puis une autre... et ainsi de suite avec une dizaine d’abeilles. La dernière abeille va le déglutir dans une alvéole qui servira de réserve de miel. L’alvéole est remplie par plusieurs abeilles. D’autres abeilles au dessus (abeilles ventileuses) vont battre des ailes pour faire évaporer l’eau et ainsi concentrer le produit qui devient le miel que l’on connaît. L’abeille referme l’opercule. Ce miel est prévu pour être utilisé par les abeilles en hiver.

Après la production de nectar, l’abeille est affectée à la production de cire qui va servir à fabriquer les alvéoles. 

D’autres seront affectées à la surveillance de la ruche. Pour la surveillance, elles se positionnent sur la barre d’envol de la ruche et là elles oservent et alertent la colonie l’approche d’un prédateur quelconque.


Le varroa est le prédateur actuel de l’abeille. C’est un acarien qui se met sur l’abeille et l’affaiblit.


Enfin, à la fin de son existence, l’abeille va sortir de la ruche pour aller butiner.


Communiquer entre abeilles

On sait désormais que les abeilles communiquent entre elles. Pour faire comprendre à ses congénères le lieu de ressource de nourriture, l’abeille pratique la danse des abeilles, moyen de communication qui a été décrypté par l’ethnologue Karl von Frisch (1886-1982). La danse permet aux butineuses de transmettre  la distance et la direction de la source de nourriture afin que celles qui vont partir butiner trouvent facilement le nectar et le pollen. Elles utilisent différentes danses. Il y a par exemple la danse en rond pour un lieu proche de la ruche ou la danse en huit, dont le parcours représente 1 km de distance. L’intensité du frétillement indique la richesse de la ressource alimentaire. La direction est indiquée par son positionnement sur un axe correspondant à un angle par rapport au soleil.


Démarrer avec un essaim

La colonie est dans une ruche. La partie qui va sortir avec la vieille reine est l’essaim. Elle part avec une partie de la colonie et va à une dizaine de mètres en face la ruche ou sur le côté ou au dessus.

Elles partent avec un stock de nourriture pour être capable de tenir 7 jours par temps de pluie.

Malheureusement, 50 % des essaims qui sont dans la nature ne trouvent pas de place.

Pour démarrer sa ruche il faut donc récupérer un de ces essaims.


Comme l’essaim n’est pas très gros, on va pouvoir le mettre dans une ruchette composée de 5 ou 6 cadres.



Il faut donc des cadres filés - cirés ou cadres filés + feuilles de cire.


S’il ne fait pas bon dehors, jusqu’à 10 °C, il faut leur donner à manger du pain candi. Couper légèrement le sac et le déposer sur le cadre. Au delà de 15 °C on peut mettre du sirop. On commence par un verre

 


Si vous ne disposez pas de couvre cadre on peut se dépanner avec une hausse de ruchette positionnée à l’envers avec une pierre par dessus.


Notre apiculteur conseille d’avoir pour démarrer 2 ruchettes. Normalement on compte une ruchette pour 3 ruches, 2 ruchettes pour 5 ruches...


Il faudra que la ruchette ait toujours une petite pente en avant pour éliminer l’humidité et faciliter la sortie des abeilles mortes et les déchets (1 cm au moins) et qu’elles ne se noient pas dans le sirop.

Pour transférer l’essaim


On s’équipe de la combinaison et autre protections. On approche doucement la ruchette sans les cadres sous l’essaim ou à côté. On secoue doucement l’essaim pour qu’il tombe dans la ruchette, on la repose et on attend. Si la reine est dedans et qu’il reste encore quelques abeilles elle rentreront d’elles-même. Avec le couvre ruchette on referme petit à petit.  

On ferme la porte quand toutes sont entrées. Les nourrir s’il fait froid.


Pour le transport il faudra fermer avec les crochets et ne pas oublier de les rouvrir à l’arrivée.


La ruchette sera placée de manière à ce que la planche d’envol soit en direction du sud, voire sud-est. Évitez les grands vents violents ou dominants en la protégeant par une haie ou une palissade. Valable aussi pour les ruches.

Rehausser la ruchette ou (ruche) à 50 cm minimum du sol pour éviter les problèmes d’humidité qui entraîneraient des maladies chez les abeilles.


Transférer la ruchette dans la ruche


Tant que la colonie est petite on laisse les abeilles dans la ruchette.  Quand tous les cadres sont bâtis ou que la ruchette est pleine car c’est une grosse colonie, on peut la mettre en ruche.


Avant de faire le transvasement il faut s’équiper des protections et s’assurer d’avoir le matériel nécessaire (une ruche avec un toit, un couvre-cadre, 1 ou 2 cadres cirés pour accompagner le développement de la colonie d’abeille).

On enfume légèrement la ruchette. Déplacer la ruchette pour laisser la place à la ruche. Retirer le toit et le couvre cadre de la ruchette. Faire tomber les abeilles qui pourraient se trouver sur le couvre cadre directement dans la ruche (d’un petit coup sec).

Enfumer légèrement au dessus des cadres et les abeilles présentes sur le dessus vont descendre. On retire alors les petits ponts de cire éventuels entre et sur les cadres. Puis on retire les cadres un à un avec le lève cadre en commençant par le plus récent (le plus fin). On soulève le plus droit possible pour éviter d’écraser les abeilles. On réparti les cadres bâtis dans la ruche, dans le même ordre, en commençant et finissant par un cadre non bâti.


Si on trouve la reine, il faut la marquer avant de la transférer dans la ruche. On choisi une couleur par année ce qui permet de connaître son âge. Le marquage permet également à l’apiculteur de retrouver plus facilement la reine, au milieu des milliers d’abeilles.


Faire tomber dans la ruche les abeilles qui resteraient dans la ruchette.

Enfumer légèrement le dessus des cadres de la ruche pour faire descendre les abeilles. 

Remettre le couvre cadre et le toit.


La ruche sera placée, la planche d’envol en direction du sud. Évitez les grands vents violents ou dominants.

Poser des hausses


La hausse est un étage que l’on ajoute  sur le corps de ruche, avec des cadres vides. Si vous n’ajoutez pas de hausse à vos ruches la récolte de miel ne sera pas fameuse et faute d’espace, le couvain ne se développera pas bien. La hausse fait office de magasin à miel. 


Pour savoir quand poser les hausses il faut observer votre ruche car selon votre région, la race des abeilles et la flore environnante cela peut être très variable. Regarder s’il y a de la cire blanche au dessus des cadres. Si tous les cadres sont occupés on peut considérer que la colonie est bien développée, ce qui est un bon signe. Enfin, l’arrivée des fleurs est un bon signal. 

Si vous posez vos hausses trop tôt, le couvain risque le refroidissement. Et trop tard, c’est l’essaimage ou le blocage de la ponte de la reine (faute d’espace). Au moment d’ajouter une hausse, on la mettra toujours complète, avec les cadres. 


Avant d’installer les hausses il faut poser une grille à reine qui l’empêchera de pondre dans les hausses.










Posez la hausse sur le bord du corps de ruche, puis glissez-la sur son dessus en la pivotant pour pousser les abeilles sans les écraser. Remplissez la hausse de cadres déjà bâti.

Placez le couvre-cadres sur la hausse, puis le toit de la ruche pour la refermer.


Dès que la première hausse est à moitié remplie, il faut poser la deuxième. 


Pour que tout ces éléments ne bougent pas en cas de déplacement de la ruche, vous pouvez les relier  entre eux avec des fixes éléments de ruche (Réf. 0630119).


Équipement de base de l’apiculteur


Travail au rucher :

- Habillement : combinaison adaptée

- Gants cuir

- Enfumoir

- Lève cadres

- Sirop ou Candi


Les ruches

Ruchette (Couvre-cadre - Porte d’entrée -Cadres).


Ruche - éléments de base 

- 1 pied ou support de ruche

- 1 plancher (aéré)

- 1 corps de ruche (Dadant 10 cadres)

- Les cadres cirés (10 si Dadant 10)

- Hausse (à partir d’avril)

- Cadres pour hausse

- 1 couvre cadre

- Isolant (pour protéger du froid et/ou du chaud)

- 1 toit

- Porte d’entrée (d’octobre à mars)


Récolte

Pour la miellerie, en plus de la combinaison apicole, de l’enfumoir et du lève cadre il vous faudra : 

- Gants

- Bac

- seau

- Extracteur

- Couteau à désoperculer

- Maturateur

- Chasse abeille 

- Un filtre

- Des pots


Nous verrons dans un prochain article les étapes de la récolte du miel.


Éléments de ruche supplémentaires


  • Chasse abeille.

S’utilise en juin. Il est à glisser entre le corps de la ruche et la hausse.

C’est une pratique qui permet aux abeilles de descendre vers le corps de la ruche mais ne peuvent plus remonter vers la hausse. On peut ainsi retirer la hausse pleine de miel mais vide d’abeille le lendemain et l’emmener à la miellerie.

On peut alors refermer le chasse abeille et refermer la ruche sans la hausse.


Le chasse abeille permet également si nécessaire, de nourrir la colonie durant l’hiver en enlevant le bouchon et en posant un pain de candi directement sur le plateau.



  • Nourrisseur

En septembre, il faut contrôler le poids de la ruche. Pour une ruche Dadant 10, si elle fait moins de 40 kilos il faut nourrir les abeilles pour qu’elles puissent passer correctement l’hiver. On installe alors un nourrisseur qui est un récipient dans lequel on mettra du sirop de sucre pour que les abeilles viennent se nourrir en toute sécurité.

Le nourrisseur se pose sur les cadres et on met le sirop ou le candi. On referme le toit.


  • Porte de ruche

De couleur blanche pour l’hiver. Plus aérée, les abeilles sortent plus librement.

De couleur verte, elle est faite pour empêcher les frelons de rentrer dans la ruche (entre juin et septembre). Une attaque de frelons peut décimer une colonie en quelques jours.

 



  • Cadre ciré ou non ciré

Les cadres sont vendus cirés ou nus. 

Pour cirer soi-même ses cadres il faudra filer son cadre s’il ne l’est pas, puis, la méthode consiste à poser une feuille de cire gaufrée sur les fils et de faire passer un courant continu de basse tension pour chauffer les fils qui fera fondre la cire en emprisonnant la feuille. Dès que le fil apparaît on retire une électrode pour arrêter la chauffe.