Les fourragères et autres plantes de service : d’excellents outils pour la protection de l’eau

En France, l’agriculture occupe la moitié du territoire national, soit 27 millions d’hectares. La moitié de cette surface est en prairie (permanente ou temporaire), l’autre moitié en cultures annuelles ou pérennes comme la vigne ou les vergers. Un quart de la pluie tombe donc sur de la prairie et un quart sur des surfaces cultivées. L’autre moitié sur des surfaces forestières, urbanisées ou divers.



Les fourragères  et autres plantes  de service :  d’excellents outils pour la protection  de l’eau

L’eau : un bien précieux à sauvegarder

Sur ces surfaces gérées par l’agriculture, il est important de prendre en compte la protection de la qualité de l’eau. Et le monde paysan le fait, en réalisant des reliquats d’azote pour piloter et maîtriser les apports d’engrais, en couvrant les sols l’hiver par des plantes adaptées, en implantant des couverts entre les rangs des cultures pérennes, en gérant des bandes enherbées le long des cours d’eau, en implantant des haies fascines, en gérant les effluents d’élevage, en redécouvrant le monde des légumineuses. Et le monde paysan est motivé ! Parole de paysan : « avant je mettais des couverts par obligation, maintenant quand je vois ce que ça fait, je me passionne et je m’amuse à essayer plein d’espèces ».

De plus en plus sensibilisés, les agriculteurs sont de véritables acteurs au quotidien pour préserver la qualité de l’eau. Ces derniers sont aidés par les instituts techniques et de nombreux services techniques qui proposent des itinéraires ou des pratiques validés, simples et efficaces. La question n’est pas de produire plus ou moins mais de produire mieux. Les agriculteurs sont parfaitement conscients qu’il est nécessaire de préserver, pour eux et pour les générations suivantes, une terre à la fois vivante, fertile et féconde. Il s’agit non seulement de leur conviction mais aussi d’une attente de la société qui n’a pas forcément conscience que c’est le fondement de l’agriculture. Le confinement a permis de prendre conscience de la qualité et de la performance de l’agriculture française.


L’eau et les nitrates : quid sous une végétation poussante

Un des premiers critères utilisé pour qualifier la qualité de l’eau, c’est son taux de nitrates. Ainsi, les nitrates sont, dans l’opinion publique, souvent assimilés à de la pollution. Or, s’il n’y avait pas de nitrates, il n’y aurait pas de vie ! C’est l’excès qui est préjudiciable. D’ailleurs, certains nitrates sont d’origine naturelle, car ils sont issus de la minéralisation de la matière organique du sol et ce, même sans aucun apport d’engrais. Cette minéralisation est liée à l’activité biologique du sol et à la température. La libération de l’azote est donc maximum de juin à août dès qu’il y a un peu d’humidité dans le sol. Il est important qu’à cette période les flores prairiales soient poussantes et actives pour consommer l’azote. Or, lorsque l’herbe est haute, épiée, elle meurt ou passe par une phase de repos végétatif et ne consomme plus les nitrates. Les taux de nitrates dans les eaux de lessivage des prairies à l’abandon ou sous-exploitées, même sans apport d’engrais, sont très élevés. Plusieurs essais menés par l’INRA l’ont démontré. A l’inverse, des ray-grass italiens fertilisés ou une prairie poussante sont capables de consommer l’azote disponible réduisant ainsi fortement la fuite des nitrates dans la nappe phréatique.

Une végétation très développée et épiée perd fortement de sa valeur nutritive et surtout n’a plus d’action de pompe à nitrates.


Maintenir un sol « actif »

Le sol est vivant grâce à la présence des systèmes racinaires. Une longue période sans plante vivante est préjudiciable. Le sol n’a pas besoin de se reposer, au contraire !

L’implantation de plantes en cultures dérobées fourragères (avec objectif de récolte) ou de plantes de service (sans objectif de récolte) est essentielle pour préserver la qualité de l’eau et la fertilité des sols en zones cultivées en particulier. Elle impacte non seulement l’azote minéral qu’elle réorganise en azote organique, mais aussi la migration de l’eau en facilitant la pénétration de l’eau plutôt que le ruissellement en surface (souvent vecteur de coulée de boue). La présence de couverts a également un effet tampon, lorsque la pluviométrie est importante en ralentissant l’écoulement. Les couverts permettent aussi d’augmenter la réserve utile du sol en eau en améliorant le taux de matière organique. Ils sont enfin un moyen de lutte contre les adventices et peuvent ainsi permettre de réduire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques.

A côté des impacts très favorables sur la qualité de l’eau, les couverts ont également d’autres effets bénéfiques : préservation de la biodiversité végétale et animale, lutte contre l’érosion par le vent, amélioration de la structure du sol, enrichissement en matière organique, et même l’aspect paysager.

Pour aider aux prises de décision en matière de gestion de la prairie, du choix des espèces et des variétés en prairie, cultures dérobées fourragères et plantes de service, l’interprofession des semences et plants (GNIS) met à la disposition de tous ses sites internet www.prairies-gnis.org, www.herbe-actifs.org, www.herbe-actifs.org, ainsi que trois réglettes, outils d’aide à la décision, disponibles sur simple demande.