MYIASES à WOHLFAHRTIA MAGNIFICA ET ESSAIS 2019 - Confirmation de l’intérêt d’un programme complet de lutte

Wohlfahrtia et ses conséquences 

Les myiases à Wohlfahrtia magnifica se développent depuis 2012 sur les départements moutonniers du nord de la région Nouvelle-Aquitaine, principalement la Charente, la Vienne et la Haute-Vienne [2, 11, 12, 13, 14], et les cantons limitrophes des départements voisins.

Wohlfahrtia magnifica est une mouche de 8 à 15 mm, d’une couleur métallique « magnifique » à l’origine de son nom, avec un thorax rayé noir et blanc et un abdomen à taches régulières blanches et noires (photo 1) [1, 3, 4, 8]. Elle est active par temps chaud et sec, principalement entre les mois de juillet et de septembre, même si des cas sont décrits de mi-mai à fin octobre.

MYIASES à WOHLFAHRTIA MAGNIFICA  ET ESSAIS 2019 - Confirmation de l’intérêt  d’un programme complet de lutte

Wohlfahrtia est larvipare et larvipose, c’est-à-dire qu’elle expulse directement des larves L1 en se posant obligatoirement sur un être vivant, préférentiellement un mouton, même si on retrouve des myiases sur des bovins et secondairement sur des équidés, des porcins, des caprins ou des chiens. Elle recherche les zones délainées et humides du corps pour cette ponte : la vulve, l’espace interdigité, les plaies, fréquemment celles de la tête des béliers consécutives à des bagarres et le canal auriculaire. Le cordon ombilical, le fourreau ou les yeux et les plaies d’écornage sont, pour les mêmes raisons, des localisations secondaires, en particulier chez les bovins. 

Le développement des larves sur le mouton est rapide : en 5 à 7 jours, les larves L1 subissent deux mues successives [1]. Les larves L3 ont une longueur dépassant 1 cm et un diamètre d’environ 2 mm et sont recouvertes d’un fin duvet. Elles se transforment en pupes qui tombent de l’hôte à la nuit et s’enfouissent dans le sol à une profondeur de 5 à 60 cm pour continuer leur développement vers le stade adulte, d’autant plus facilement que ce sol est meuble [9]. La durée moyenne du cycle de développement en période favorable est de 15 à 20 jours [8].

Les larves sont « piquées » dans les chairs, fixées perpendiculairement aux tissus, serrées les unes contre les autres [11]. Elles creusent des galeries et s’implantent profondément, en particulier au niveau du pied. Le nombre de larves retrouvées dans les plaies peut être élevé, le plus souvent entre 10 et 30 [14]. Les symptômes observés sont, selon la localisation, un prurit intense au niveau de la vulve, des boiteries plus ou moins sévères dues à un pied déformé avec inflammation et surinfection possible [11]. Les animaux ont tendance à s’isoler et arrêtent de s’alimenter.

En élevage ovin, la prévalence inter-cheptel est proche de 75 %, la prévalence intra-cheptel peut atteindre 30 % des animaux [14, 15]. Le taux de mortalité lié à ces myiases est faible, les conséquences négatives de la maladie étant plutôt dues à une augmentation du temps passé à soigner les animaux, aux réformes anticipées liées aux séquelles essentiellement localisées au niveau du pied et aux pertes de productions sur les animaux malades [11]. Il ne faut pas non plus négliger l’impact psychologique fort de la maladie sur les éleveurs.

Depuis plusieurs années, au sein d’un Comité de Pilotage, le COPIL WOHLFAHRTIA, qui réunit les professionnels de l’élevage et de la santé animale de la région, le Pôle Santé Animale de l’ALLIANCE Pastorale met en place des essais pour mieux comprendre la maladie et tester et définir des stratégies de traitement et de prévention pour les éleveurs [13, 14, 15].

Enseignements des essais antérieurs et préconisations

Du fait de l’attirance de Wohlfahrtia magnifica pour les zones délainées et humides afin d’y déposer ses larves, des facteurs favorisants pour cette affection ont été identifiés [11] et confirmés par nos essais [15] :

- plaies accidentelles (ex : suite aux bagarres de béliers), chirurgicales (ex : écornage) ou naturelles (ex : ombilic des nouveau-nés),

- affections du pied,

- chaleurs des brebis, précédées ou non de la pose des éponges vaginales pour la synchronisation.


Pour le traitement, nos essais 2017 ont montré une réelle efficacité de la deltaméthrine utilisée sous forme d’une solution médicamenteuse (DELTANIL® ou SPOTINOR®) et selon les préconisations de son AMM (5 ml appliqués directement sur les larves) [14]. Ces résultats sont supérieurs à ceux décrits pour des traitements avec l’ivermectine et la moxidectine [4]. 91% des plaies traitées présentaient ainsi une disparition de toute larve 24 heures après traitement, le curetage préalable d’une partie des larves avant traitement n’améliorant pas le résultat. Pour éviter les rechutes, un contrôle de la plaie 24 heures après le traitement est conseillé, avec si nécessaire un retrait manuel à la pince des larves restées au fond des cavités, puis l’application d’une préparation facilitant la désinfection et la cicatrisation.

En ce qui concerne la prévention, nos essais 2017 et 2018 ont montré une protection corporelle de 7 semaines permise par une application de dicyclanil à 5 % (CLIK® à 35 ml par brebis de plus de 50 kg) et de 14 semaines lorsque ce médicament est appliqué à la posologie de base sans stop-dose de 0,6 ml / kg de poids vif [14, 15]. Cet effet dose est confirmé par les résultats d’un lot traité avec le dicyclanil à 1,25% (CLIKZIN®), sur lequel la durée de protection n’excède pas 3 semaines [15].

Ces durées de protection restent plus longues que celles décrites dans des essais réalisés avec un pyréthroïde en pour on (cyperméthrine) ou une lactone macrocyclique injectable (doramectine) [19]. Nos propres essais réalisés avec la deltaméthrine n’ont également pas permis une protection des brebis au-delà de 4 semaines [14].

En présence de facteurs de risque, la protection n’est cependant pas garantie à 100 %, quelle que soit l’antiparasitaire externe mis en place. Ainsi, une prévention efficace contre les myiases à Wohlfahrtia magnifica passe d’abord et avant tout par une maîtrise des facteurs de risque. Il est donc indispensable de :

- Maîtriser les affections des pieds dans le troupeau, par la mise en place d’un protocole complet de lutte, particulièrement contre le piétin et le mal blanc,

- Assurer la cicatrisation rapide de toutes les plaies, en particulier celle de la tête des béliers, mais également les plaies d’écornage chez les bovins ; l’assèchement rapide du cordon ombilical est également important chez les jeunes naissant durant la période de risque,

- Tenir compte des écoulements vaginaux à la mise à la reproduction des femelles en rentrant celles-ci en bâtiment à cette période lorsque cela est possible, ou en appliquant un antiparasitaire externe ou un produit d’hygiène insectifuge autour de la vulve,

- Laisser une queue mi-longue à la coupe chez les ovins [5], afin qu’elle puisse servir de chasse-mouche contre Wohlfahrtia, obligée de se poser pour pondre ses larves.


Dans nos essais, l’ajout, en plus de la protection corporelle, d’une complémentation minérale libre-service enrichie en extraits végétaux d’ail fait sensiblement baisser la prévalence des cas de myiases. L’association supplémentaire d’un pédiluve insecticide toutes les deux semaines améliore encore un peu plus la situation [14, 15].


Les résultats et enseignements de ces essais nous ont conduits à préconiser un plan complet d’intervention pour protéger le plus efficacement possible les animaux à l’échelle d’un troupeau. 

Ce plan associe :


  • Une protection corporelle, par le recours à l’une des solutions suivantes qui doivent être appliquées dans le plus grand respect de leurs modalités d’utilisation :

o Dicyclanil à 5 %

- Toutes les 12 à 13 semaines (3 mois)

- 0,6 ml / kg de poids vif

- Application à 45 cm du corps pour obtenir 4 bandes larges de 10 cm sur la ligne du dos et à l’arrière de chaque cuisse

o Pyréthrine Pour on

- Toutes les 4 semaines

- Posologie suivant l’antiparasitaire externe utilisé

- Application au contact direct de la peau, en prenant soin de bien passer à travers la toison chez les ovins

o Pyréthrine ou organophosphoré en pulvérisation

- Toutes les 4 semaines

- Dilution suivant l’antiparasitaire externe utilisé

- Au moins 2 litres de solution diluée appliquée par brebis

o Solution naturelle insectifuge à base d’extraits végétaux (par exemple géraniol et eucalyptus citriodora)

- Toutes les 2 semaines

- Dosage selon solution utilisée

- Application en pulvérisation

Chez les ovins, on tiendra compte de la date de tonte et de la longueur de la laine pour utiliser la solution la plus adaptée avant et après celle-ci.

  •  La mise à disposition en libre-service de seaux à lécher contenant des extraits végétaux d’ail, aux propriétés insectifuges reconnues ; il convient d’être attentif à la concentration de ces extraits végétaux et à la consommation de l’aliment qui sera améliorée en période de sécheresse par l’arrosage de celui-ci,


  • Dans les troupeaux présentant des affections du pied, le passage dans un pédiluve dilué d’antiparasitaire externe (dilution bain) tous les 15 jours. 


Ce programme doit être mis en place dès le printemps et avant l’apparition des premiers cas de myiases à Wohlfahrtia, afin d’interrompre le plus rapidement possible les cycles de développement de la mouche. A cette période et pour cet objectif, l’utilisation d’un antiparasitaire externe à action insecticide est recommandée, afin de tuer les mouches et non pas seulement les repousser, ce qui ne casserait en rien les cycles. 

A l’échelle d’une zone plus large que le seul élevage, l’application de ce programme complet doit être réalisée par l’ensemble des exploitations si l’on veut maîtriser la pathologie et limiter son extension.



Essais “systèmes” 2019


- Objectif

L’objectif des essais menés durant l’été 2019 dans le cadre du COPIL WOHLFAHRTIA est de confirmer les résultats des années précédentes par la recherche de leur récurrence, ainsi que d’affiner les protocoles de prévention proposés afin de les rendre plus optimaux. Ces essais ont été menés avec le soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine.


- Matériel et méthodes

Trois essais ont été menés dans trois troupeaux différents de la Vienne et de la Haute-Vienne, et faisant varier les médicaments utilisés pour la protection corporelle, ainsi que l’utilisation ou non d’un pédiluve et le type de produit utilisé dans celui-ci. Deux de ces essais ont été mis en place par le Pôle Santé Animale de l’Alliance Pastorale dans des élevages touchés depuis de nombreuses années par Wohlfahrtia, sur le modèle similaire suivant :

- Lot 1 : témoin ne faisant l’objet d’aucune prévention,

- Lot 2 : mise en place d’une protection corporelle seule sur toute la durée de l’essai ; cette protection est réalisée par des applications d’antiparasitaires externes ou d’insectifuges selon un rythme qui dépend des rémanences constatées dans les essais des années antérieures,

- Lot 3 : mise en place de la même protection corporelle associée à une supplémentation en ail via des seaux minéraux enrichis,

- Lot 4 : mise en place de la protection corporelle, de la supplémentation en ail et de passages au pédiluve (pédiluve classique avec dilution d’un antiparasitaire externe dans l’essai n°1, pédiluve sec dans l’essai n°2).


La suite de cet article présente en détail les conditions de l’essai n°1. Les résultats de l’essai n°2 seront présentés en comparaison. 


Le troupeau support de cet essai n°1 est composé de 600 brebis et 150 agnelles. Peu de boiteries y sont observées grâce en particulier à une maîtrise des affections du pied avec des réformes sur ce critère, des passages réguliers au pédiluve et une vaccination contre le piétin. La longueur de coupe de queue a été rallongée sur les dernières années.


Le protocole d’essai mis en place est présenté par le tableau 1.


La protection corporelle est réalisée début mai sur les trois lots traités à l’aide de deltaméthrine en pour-on (DELTANIL®), mode d’application parfaitement adapté juste après la tonte. Ce traitement précoce a pour objectif, comme indiqué dans le paragraphe précédent, de couper le plus rapidement possible les cycles de développement de la mouche.


La complémentation alimentaire en seaux minéraux enrichis en ail débute sur les lots 3 et 4 fin mai, période habituelle d’apparition des premiers cas. La série de passages au pédiluve antiparasitaire (phoxime, SEBACIL® à la dilution bain) débute à cette même date. Ces passages se renouvellent ensuite tous les 15 jours durant tout l’essai.


L’application de dicyclanil (CLIK®) est réalisée à la dose et selon le mode d’application définis dans l’essai 2018 [15] : 6 ml / 10 kg, avec pesée des animaux qui paraissent les plus lourds dans chaque lot pour définir la dose à appliquer sur tout le lot. Cette dose est appliquée à une distance d’environ 40 à 45 cm du corps des animaux, pour obtenir une bande de produit d’au moins 10 cm de large (photo 2), avec :

- 1/4 de la dose sur la ligne du dos, des épaules vers la croupe,

- 1/4 de la dose sur la ligne du dos, de la queue en remontant vers les épaules,

- 1/4 de la dose en partant du dessus de la queue et en descendant le long du gigot droit,

- 1/4 de la dose en partant du dessus de la queue et en descendant le long du gigot gauche.


Au retrait des éponges vaginales, une protection de la zone de la vulve est mise en place par application pour-on d’une solution insectifuge d’extraits végétaux de géraniol naturel et d’eucalyptus citridora (STOPMYASIS®). Cette application est réalisée, conformément aux préconisations du protocole, pour anticiper les écoulements vulvaires apparaissant à la mise à la reproduction.


Une nouvelle application pour la protection corporelle est prévue à l’issue de la période de rémanence prévisible du CLIK® : DELTANIL® sur le lot 1 rentrant en bergerie pour mettre bas fin septembre et nouvelle application de CLIK® sur les lots 3 et 4.


Les lots sont conduits sur des parcelles voisines et contiguës. Pour chaque cas, sont enregistrés le numéro d’identification de la brebis, la date d’apparition de la lésion de myiase, sa localisation exacte, le nombre de larves retrouvées, le traitement réalisé et son résultat, l’existence éventuelle d’une rechute et sa date. En cas d’atteinte des animaux par Wohlfahrtia, l’éleveur traite par une application de 5 ml de DELTANIL® ou SPOTINOR® sur la lésion, puis vérification de la plaie 24 heures après le traitement et application d’une spécialité désinfectante et cicatrisante.

- Résultats

Si un premier cas apparaît sur le lot témoin au 25 juin, l’enchaînement des atteintes ne se produit sur ce lot qu’à partir du 11 juillet (figure 1). Ceci confirme la présence des myiases à Wohlfahrtia et de leur agent causal dans cet élevage, mais ne permet pas de conclure sur la durée de protection de l’application de DELTANIL® réalisée sur les lots d’essais le 7 mai. Les atteintes s’enchainent ensuite régulièrement tout au long de l’essai sur le lot, et ceci jusqu’à sa rentrée début octobre pour les mises-bas (figure 2). La prévalence en fin d’essai est de 38%. A partir du 29 août et jusqu’à la fin de l’essai, les différences de prévalence entre ce lot et les lots traités sont statistiquement significatives.

Sur le lot 2 (protection corporelle seule), le premier cas survient le 10 juillet, la prévalence étant ensuite maintenue en deçà de 6% durant 9 semaines après l’application de CLIK®. La prévalence sur ce lot est de 10% lors de l’application de DELTANIL® le 2 septembre, soit 12 semaines après l’application de CLIK®. Aucun cas n’étant observé ensuite, c’est aussi la prévalence finale sur ce lot à la rentrée des brebis en bergerie, le 20 septembre. La totalité des cas de myiases observés sur ce lot se situent au niveau podal (figure 3). 


Sur le lot 3 (protection corporelle et vulvaire + supplémentation ail), le premier cas n’apparaît que le 16 juillet, et les suivants uniquement le 5 août. La prévalence en fin d’essai, le 24 octobre, est de 6% sur ce lot. Il est à noter que la pose d’éponges vaginales, et la mise au bélier après application de STOPMYASIS® au retrait des éponges, ne sont suivies d’aucune atteinte vulvaire. Comme dans le lot 2, toutes les atteintes de ce lot sont podales.

Sur le lot 4 (protection corporelle et vulvaire + supplémentation ail + pédiluve insecticide), aucun cas n’apparaît avant le 6 août. A cette date, la différence de prévalence entre ce lot et les 3 autres lots de l’essai est statistiquement significative. L’ensemble des 12 cas observés sur ce lot apparaissent les 6 et 7 août, sur la vulve de brebis présentant des écoulements le long de la ficelle des éponges vaginales, alors que l’application de STOPMYASIS®, censée protéger cette zone corporelle, n’était prévue qu’au retrait des éponges. Cette application, finalement réalisée le 9 août, n’est suivie d’aucun autre cas.

- Discussion

Les deux facteurs de risque que représentent les affections du pied et les écoulements vulvaires sont à nouveau mis en évidence par cet essai. Les lots 2 et 3 présentent uniquement des atteintes podales sur des animaux présentant des boiteries légères, alors qu’aucune protection podale spécifique n’est mis en place. Le lot 4, où les brebis passent dans un pédiluve insecticide tous les 15 jours, ne présente aucune atteinte podale, mais uniquement des atteintes vulvaires sur des brebis avec une infection vaginale autour de l’éponge. Dans les deux cas, il ressort que la protection corporelle ne suffit pas à protéger les animaux présentant des facteurs de risque sur ces zones spécifiques, comme démontré par nos essais 2018 [15]. Les cas survenus dans le lot 4 montrent également que la protection supplémentaire et spécifique de la vulve doit être mise en place à la pose d’éponges, et non au retrait, et être suivie d’une hygiène extrêmement rigoureuse de la pose de ces éponges. L’essai « système » n°2 mis en place par le Pôle Santé Animale montre également que les pédiluves mis en place pour protéger les pieds des attaques de Wohlfahrtia doivent contenir un antiparasitaire externe ; l’utilisation d’un simple pédiluve sec, s’il est efficace sur les atteintes bactériennes du pied, ne suffit pas à améliorer la protection contre Wohlfahrtia.

La différence statiquement significative de la prévalence du lot 4 avec celle des autres lots avant ces atteintes vulvaire montre l’intérêt d’un protocole complet de prévention et confirme les résultats de notre essai 2017 [14]. L’apparition tardive de la majorité des cas sur ces lots traités, comparativement au lot témoin, confirme l’intérêt de la mise en place précoce de ce protocole, début mai.

A noter que les résultats obtenus sur les lots avec supplémentation en ail l’ont été au prix d’un arrosage quotidien important des seaux minéraux durant tout l’été sec de 2019, permettant ainsi de maintenir une consommation suffisante. Les résultats des deux autres essais « système » menés cette même année, et dans lesquels les seaux ont été seulement humidifiés et donc moins consommés, le confirment.

La seule application de CLIK® à 6 ml / 10 kg permet de maintenir la prévalence des cas à moins de 6% pendant 9 semaines dans cet essai, et à moins de 5% pendant 15 semaines, associé à une protection spécifique de la vulve avec STOPMYASIS® à la mise en lutte naturelle, dans l’essai n°2 suivi par notre équipe.


Pour conclure

Les essais 2019 confirment que l’application complète et précoce du protocole de prévention proposé par le COPIL WOHLFAHRTIA apporte un niveau de protection permettant, à l’échelle du troupeau, une gestion correcte de l’affection. Elle évite les prévalences élevées et rend humainement et logistiquement acceptable le traitement des cas. Les témoignages d’éleveurs ayant appliqué pour la première fois ce protocole en 2019 le confirment. Au niveau de la zone géographique touchée depuis 2012, les remontées 2019 semblent également montrer une amélioration de la situation.


Le COPIL WOHLFAHRTIA poursuit en 2020 l’aide apportée aux éleveurs de la région en communiquant largement sur ce protocole grâce à une fiche technique qui leur est directement adressée et à différents sms d’alertes envoyés pour leur en rappeler les étapes, aux dates clés de la saison à risque. Des recherches fondamentales se poursuivent également pour tenter de mieux connaître la maladie et explorer à long terme d’éventuelles voies nouvelles de prévention.


Le Pôle Santé Animale reste à l’écoute et à la disposition des éleveurs pour poursuivre sa mission de conseil et de mise en place des actions de prévention contre ces myases à Wohlfahrtia magnifica.



Par Laurent SABOUREAU, Vétérinaire Pôle Santé Animale Alliance Pastorale



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