Ruminants et coup de chaleur

Pourquoi les ruminants sont-ils très sensibles à la chaleur ?

Les ruminants sont de forts producteurs de chaleur en raison de la cuve de fermentation que représente la panse. Ce réservoir gastrique constitue un véritable chauffage central, puisque sa température de fonctionnement est autour de 40°C, le pic de production de chaleur étant observé 4 à 5 heures après un repas. C’est cette chaleur importante produite que doit évacuer le ruminant afin de réguler une température corporelle autour de 38,5°C. Il s’y emploie grâce aux pertes par radiation et aux deux moyens principaux d’évaporation, la transpiration et la ventilation respiratoire.

Cependant, lorsque les températures extérieures augmentent de façon importante, l’évacuation de la chaleur produite devient plus difficile par ces moyens physiologiques. Cette régulation est d’ailleurs d’autant plus délicate que le taux d’humidité est élevé. Ceci explique la fragilité des ruminants face au stress thermique ou coup de chaleur.


Ruminants  et coup de chaleur

Quelles conditions d’apparition ?

Pour rendre compte des conditions d’apparition du coup de chaleur, les chercheurs ont défini pour la vache laitière un Indice de Température et d’Humidité (THI), dépendant de la température extérieure et de l’humidité relative.

Lorsque le THI passe au-dessus de 70 (voir figure ci-dessous), le seuil de stress thermique est atteint et les premiers signes cliniques et conséquences physiologiques apparaissent. Retenons que pour une humidité relative de 60%, fréquemment observée, ce stress apparaît dès 22°C. Et que plus l’humidité est importante, plus le seuil de stress est atteint rapidement dès que la température extérieure augmente légèrement.


Source : Ministère de l’Agriculture de l’Ontario – The Milk Producer Magazine – Juillet 2011


Quelles conséquences cliniques ?

Les signes suivants doivent mettre en alerte et faire suspecter un coup de chaleur :

  • Hyperventilation : au-delà de 70 mouvements respiratoires par minute, on peut considérer qu’une vache est en hyperventilation modérée (importante au-delà de 85 et sévère à partir de 120),
  • Diminution de la prise alimentaire,
  • Baisse ou arrêt de la rumination, pouvant entraîner une météorisation,
  • Augmentation de la consommation d’eau ; la quantité d’eau (par vache et par jour) nécessaire à la seule thermorégulation passe de 20 à 60 litres quand la température extérieure passe de 25 à 35°C,
  • Augmentation de la température corporelle au-delà de 39°C,
  • Animaux plus souvent debout que couchés,
  • Baisse de libido chez les mâles et les femelles ou chaleurs silencieuses chez les femelles,
  • Baisse de la production laitière ou du GMQ ; à titre d’exemple, une vache laitière avec une hyperventilation importante à plus de 80 mouvements par minute et une température rectale entre 39 et 40°C peut présenter une baisse de production laitière d’environ 3 kg par jour.

Quels moyens de lutte ?

Lorsque les bâtiments sont utilisés durant l’été, il est nécessaire de réfléchir à leur isolation, encore plus qu’en hiver. La ventilation doit également être étudiée afin que la chaleur ne s’accumule pas. Sur les zones de stationnement ou de couchage des animaux, des brasseurs d’air de type MIX AIR peuvent être installés. Sur les zones de passage ou d’attente, la brumisation permet également de faire baisser la température ressentie par les animaux. Elle peut se mettre en place par l’intermédiaire de rampes de brumisation ou de façon ponctuelle à l’aide de nébulisateurs (HURRICANE 0800680 ). Enfin, il est toujours possible dans les cas extrêmes d’arroser les toits des bâtiments pour en rafraîchir l’intérieur.


Au pâturage, il faudra toujours essayer de délimiter les parcelles afin qu’elles incorporent des zones d’ombrage naturel. Côté abreuvement, il faut prévoir d’augmenter le nombre de points d’eau en période très chaude, afin que chaque animal puisse boire à chaque fois qu’il en a besoin, sans phénomène de compétition. La propreté des bacs et des abreuvoirs est également à surveiller, afin qu’elle ne soit pas un frein à la consommation.

L’alimentation doit également être adaptée à ces périodes, tant sur le contenu que sur le rythme de distribution. Le pic de production digestive de chaleur apparaissant 4 à 5 heures après les repas, on distribuera la ration tôt le matin ou tard le soir, afin de ne pas faire coïncider ce pic avec celui des températures les plus élevées de la journée.

Sur les apports, on renforcera la ration avec :

- Des apports énergétiques, afin de compenser la diminution de l’ingestion et de la valorisation des fourrages : augmentation de la part des concentrés, y compris sources de protéines pour favoriser la néoglucogenèse (RUMEVITE 0200364 ), apports de précurseurs de glucose (propylène, glycérine et dérivés, propionate) et de matière grasse protégée,

- Des éléments de stimulation du fonctionnement du rumen et de son système tampon : levures et culture de levures (DIAMOND-V 0202190 , FLORISTAR 0110133 ), bicarbonate de soude et autres facteurs tampons (LITHA PH+ 0106150 ),

- Des minéraux permettant un rééquilibrage de la balance anion-cations (BACA) : sel (NUTRIRUMEN 0200343 , bloc de sel enrichi en facteurs tampons), potassium, magnésium,

- Des vitamines C et E, des oligo-éléments (sélénium, iode, zinc), des parois de levures et des anti-oxydants afin de stimuler l’immunité des animaux et de limiter l’effet néfaste des radicaux libres.



ALIMAL REGUL-HEAT est un complément alimentaire et minéral sous forme de seau à lécher qui a été spécialement développé par le Pôle Santé Animale pour répondre à ces différentes recommandations : 

- 9,4% de protéines,

- du potassium et du sodium,

- de la levure de bière,

- de la vitamine C rumino-protégée,

- des épices (extraits de Capsaïcine stimulant les cellules épithéliales de la bouche), pour une meilleure régulation de la température corporelle, par l’augmentation du fractionnement des repas et une augmentation de la salivation.