Spécial désinfection et désinsectisation

La fin d’hiver douce et humide a favorisé la dégradation de l’ambiance dans les bâtiments d’élevage et l’augmentation de la pression infectieuse sur les animaux. En conséquence, les pathologies néonatales comme les colibacilloses et les septicémies se sont multipliées. La charge bactérienne des bâtiments est donc aujourd’hui élevée. 

Pour la faire décroître, une désinfection des bâtiments à la sortie des animaux est indispensable, afin de profiter ensuite d’un vide sanitaire qui améliorera encore l’efficacité de cette désinfection.

Spécial désinfection et désinsectisation

Désinfection : les étapes

Pour être efficace, la désinfection doit être réalisée dans le cadre d’une procédure complète comprenant plusieurs étapes, tout aussi indispensables les unes que les autres :

Curage, pour faire le ménage

Il a pour but d’évacuer la plus grosse partie du fumier que constitue la litière accumulée :

  • Démontage et sortie de tout le matériel mobile : contention, bacs, auges, râteliers...
  • Evacuation du fumier,
  • Raclage des matières organiques du sol et des murs.

Nettoyage, pour mettre les microbes à nu

Son objectif est de désincruster et d’éliminer toutes les souillures organiques (paille, fèces, poussières...) collées dans le bâtiment, permettant ainsi une plus grande efficacité du désinfectant qui sera ensuite appliqué. En effet, le biofilm formé par les graisses et salissures constitue non seulement une protection vis-à-vis des désinfectants pour les microbes qu’il renferme, mais il inactive également bon nombre de désinfectants sensibles aux matières organiques. 

Ce nettoyage se réalise en 2 étapes :

  • détergence : application d’un détergent (0104163) au pulvérisateur ou au canon à mousse, que l’on va laisser agir 1 heure. Le détergent permet à l’eau de pénétrer à l’intérieur du biofilm et de le dissoudre, laissant à nu les microbes.
  • décapage et rinçage au nettoyeur haute pression.

Désinfection, pour détruire les microbes

Elle doit se faire rapidement après le nettoyage, dans un bâtiment encore humide, où les microbes mis à nu par le nettoyage vont être sensibles au désinfectant utilisé. 

On choisira un désinfectant bactéricide, fongicide et virucide (0104361, 0112002) selon la nature des sols et des murs et les conditions de température au moment de l’application. Selon l’intensité des problèmes de parasitisme rencontrés durant l’hiver, on pourra avoir recours à un désinfectant également reconnu pour son efficacité contre les ookystes de coccidies et de cryptosporidies (0104011).

La dilution, la dose et le mode d’application préconisés par le fabricant doivent être scrupuleusement respectés. Généralement, on utilise 30 litres de solution diluée de désinfectant pour 100 m², que l’on peut appliquer avec un simple pulvérisateur à dos. 

Il ne faut jamais oublier de désinfecter tout le matériel de contention et le matériel d’élevage utilisé pendant la saison. 

Vide sanitaire, pour parfaire l’assainissement

Une période minimale de 15 jours est nécessaire avant de rentrer à nouveau des animaux dans le bâtiment si on veut tirer parti du vide sanitaire. Si cette période sans animaux ne peut pas être respectée, il faut au moins attendre que le bâtiment soit parfaitement sec avant la rentrée. Juste avant la rentrée des animaux, on pourra encore améliorer l’hygiène du bâtiment en nébulisant un désinfectant (0112002).




Désinfection : les molécules et les produits

   

Désinsectisation : anticiper et associer les moyens de lutte

Aduticides et larvicides : association indispensable

Seule l’association d’un larvicide évitant le développement des larves issues des oeufs pondus dans la litière, et d’un adulticide permettant de lutter contre les mouches en provenance de l’extérieur du bâtiment,
permet de lutter efficacement contre les insectes et d’éviter une explosion de l’infestation. 

Les utilisations d’adulticides seuls sont source d’échecs car : 

  • les insectes développent des mécanismes de résistances aux adulticides,
  • la population d’adultes devient très rapidement trop importante pour que l’on parvienne à la contrôler (accélération du cycle de développement de la mouche en présence de températures élevées et d’humidité).

L’application du larvicide se fait après dilution, pour permettre une meilleure pénétration du principe actif dans la partie supérieure du fumier, zone où prédominent les larves. Les applications doivent être réitérées toutes les 4 à 6 semaines ou à chaque fois que la hauteur du fumier a augmenté de 10 cm. Pour les bovins, on peut se contenter d’appliquer le larvicide sur une bande de 50 cm le long des murs et des barrières, sous les auges et les abreuvoirs, et plus généralement sur toutes les zones non piétinées ou se développent les larves. Les petits ruminants n’étant pas assez  lourds pour écraser les larves, il est conseillé dans ces élevages de traiter l’ensemble des surfaces. 

Granulés et pièges encollés : solution complémentaires et d’alerte

Si l’application du larvicide doit se faire dès le début du printemps, la pulvérisation ou le badigeon de l’adulticide doit intervenir dès l’apparition des premières mouches. Pour ne pas «rater le coche», on peut disposer des feuilles ou des rubans encollés dans le bâtiment, et ceci, dès la fin de l’hiver. Ils vont attirer les mouches qui vont venir s’y fixer définitivement, rendant ainsi très visible la première infestation. Il sera alors temps d’appliquer l’insecticide adulticide. On peut utiliser les granulés avec le même objectif de visualisation des premières présences de mouches. 

En pleine saison, ces produits sont de bons compléments des larvicides et adulticides.

Les mini-guêpes : alternative

Les mini-guêpes du genre Muscidifurax raptor sont des parasitoïdes naturels de la mouche domestique. Elles pondent dans les pupes de mouches présentes dans la litière et empêchent l’éclosion des jeunes
mouches, permettant d’abaisser la pression d’infestation à un niveau compatible avec de bonnes conditions d’élevage. Dépourvues de dard, les mini-guêpes ne piquent ni les hommes ni les animaux.

Pour une efficacité optimale, il convient d’utiliser cette solution dès l’apparition des premières mouches dans le bâtiment. Plus tôt, les mini-guêpes ne trouveraient pas assez de pupes de mouches pour se reproduire; plus tard, la population de mouches serait trop importante pour une efficacité complète.

Les mini-guêpes se présentent sous forme de boîtes contenant des pupes de mouches contaminées par des mini-guêpes du genre Muscidifurax. Chaque boîte contient des populations d’insectes ayant au moins 3 dates d’émergences différentes, pour avoir des naissances sur un laps de temps assez long. On disperse le contenu des boîtes à proximité des endroits ou se reproduisent habituellement les mouches (présence de larves ou de pupes de mouches constatées par retournement de morceaux de litière) : sous les abreuvoirs, les auges, les barrières et les claies, le long des murs. Il faut prévoir une boîte par 100 à 200 m² de surface au sol à traiter, selon l’infestation par les mouches, et une dispersion toutes les 6 semaines environ, et à chaque fois que la population de mouches disparaît totalement.