- Par Laurent Saboureau
Spécial hygiène des bâtiments
Pour lutter contre les mouches, la solution réside dans l’anticipation !
Les mouches sont un problème récurrent en élevage qui, d’une manière générale, débute chaque printemps. Pour combattre efficacement les insectes, il est important de mettre en place rapidement un programme de contrôle afin d’éviter les infestations massives. En effet, le cycle de reproduction est très rapide à cette époque : chaque femelle effectue 6 pontes de 150 oeufs ; la descendance théorique d’une femelle est de 1020 mouches en 4 mois !
Les mouches sont des vecteurs majeurs dans la transmission et la diffusion des germes pathogènes à l’intérieur des élevages. Elles sont également une source de gêne pour les animaux, l’éleveur et son environnement. L’impact financier peut être important, ce qui justifie des protocoles de lutte adaptés.
Seuls les programmes qui associent l’utilisation précoce et régulière d’une solution larvicide et d’un produit adulticide seront garants d’un résultat optimum, en permettant d’éviter une infestation massive des locaux par blocage de la croissance des larves.
Les utilisations d’adulticides seuls sont source d’échecs car :
- les insectes développent des mécanismes de résistances aux adulticides,
- la population d’adultes devient très rapidement trop importante pour que l’on parvienne à la contrôler (accélération du cycle de développement de la mouche en présence de températures élevées et d’humidité).
L’application du larvicide doit se faire après dilution, pour permettre une meilleure pénétration du principe actif dans la partie supérieure du fumier, zone où prédominent les larves. Les applications doivent être réitérées toutes les 4 à 6 semaines ou à chaque fois que la hauteur du fumier a augmenté de 10 cm. Pour les bovins, on peut se contenter d’appliquer le larvicide sur une bande de 50 cm le long des murs et des barrières, sous les auges et les abreuvoirs, et plus généralement sur toutes les zones non piétinées ou se développent les larves. Les petits ruminants n’étant pas assez lourds pour écraser les larves, il est conseillé dans ces élevages de traiter l’ensemble des surfaces.
Attention, le succès d’un programme anti-mouches implique un respect strict des protocoles (dosage et fréquence d’application), ainsi qu’une vigilance particulière lors de l’application des produits.
Toutes les solutions de traitement doivent impérativement être accompagnées de mesure de biosécurité (nettoyage, détergence et désinfection) favorisant la propreté des locaux de façon générale.
Insecticides : une astuce pour agir à temps
Seule l’association d’un larvicide et d’un insecticide adulticide permet de prévenir tout au long de la saison une infestation massive des bâtiments d’élevage par les mouches. Si l’utilisation du larvicide doit se faire dès le début du printemps, l’application par pulvérisation ou badigeon de l’adulticide doit intervenir dès l’apparition des premières mouches. Pour ne pas «rater le coche», on peut disposer des feuilles encollées (voir offre) dans le bâtiment, et ceci, dès la fin de l’hiver, Elles vont attirer les mouches qui vont venir s’y fixer définitivement, rendant ainsi très visible la première infestation. Il sera alors temps d’appliquer l’insecticide adulticide !
Germes, ookystes, acariens : c’est le moment pour agir
Coccidiose, cryptosporidiose, gale : autant de maladies parasitaires qui se développent préférentiellement en bâtiment et qui, les animaux sortis, laissent dans celui-ci des éléments de re-contaminations futures. Si les acariens de gales ne survivent dans le milieu extérieur que quelques semaines en dehors de toute présence d’animaux, les ookystes de coccidies et de cryptosporidies sont des formes de résistance à long terme dans l’environnement. Ces ookystes peuvent survivre plusieurs mois ou plusieurs années dans un bâtiment. D’où l’intérêt d’une destruction efficace durant la période où le bâtiment reste sans animaux.
Pour travailler efficacement, cette destruction doit être intégrée à un programme d’hygiène (ou biosécurité) complet du bâtiment après la sortie des animaux.
En voici les différentes étapes :
- Curage : démontage de toutes les parties mobiles, évacuation du fumier, raclage des matières organiques du sol et des murs.
- Nettoyage : il consiste à mouiller les biofilms et à décaper les souillures organiques présentes ; à ce stade, l’utilisation d’un détergent (0104163) améliore à la fois le temps et la qualité du nettoyage. Le décapage et le rinçage se fait ensuite au nettoyeur haute-pression ; ici l’utilisation d’une nettoyeur haute pression «eau chaude» permet la destruction des ookystes et des acariens de gale.
- Désinfection : elle doit se faire immédiatement après le nettoyage, tant que le bâtiment est encore humide. Le choix du désinfectant (0112002, 0104361, 0104242) se fait selon le niveau de contamination du bâtiment et la température extérieure au moment de l’application. La plupart des désinfectants détruisent les microbes, c’est-à-dire les bactéries, les virus et éventuellement les moisissures. Mais seuls certains ont une efficacité contre les parasites que sont les ookystes et les acariens de gale (0104011).
- Vide sanitaire : il permet au bâtiment de sécher ; l’idéal est laisser passer au moins deux semaines avant de rentrer à nouveau des animaux.