Spécial "soins aux nouveaux-nés"

Les premières mise-bas ont déjà eu lieu, et quelles que soient les productions, le gros est à venir. 

Dans cette période, assurer la survie du plus grand nombre possible de nouveau-nés est un objectif prioritaire pour chaque éleveur. Si le poids des nouveau-nés à la naissance, et donc l’alimentation des mères sur le dernier tiers de la gestation, conditionnent cette survie (et pour ça il est trop tard pour agir à la mise-bas), les soins qui vont être apportés aux jeunes immédiatement après la naissance n’en sont pas moins importants. 

Check list...


Spécial "soins aux nouveaux-nés"

Prise de colostrum

L’intérêt du colostrum pour le jeune ruminant est triple :

  1- Apport d’anti-corps :  

Un ruminant nouveau-né naît sans protection immunitaire, puisque contrairement au bébé humain, il ne bénéficie pas d’un transfert des anti-corps de sa mère in utéro, en raison d’une structure particulière du placenta. Sa résistance immunitaire face aux germes de l’exploitation dépend donc intégralement des anti-corps colostraux transmis par sa mère, et/ou par un colostrum de remplacement. 70% des jeunes ruminants n’ayant pas pris ou insuffisamment pris de colostrum meurent dans les 5 premiers jours.

  2- Apport énergétique :

Le nouveau-né a peu de réserves corporelles pour lutter contre le refroidissement consécutif à sa naissance. La richesse du colostrum en matière grasse est donc indispensable à son réchauffement.

 3- Effet laxatif :

Cet effet permet au nouveau-né d’éliminer son méconium, déchet du métabolisme fœtal présent dans son tube digestif à la naissance, en lui évitant ainsi de s’auto-intoxiquer.

Dès la naissance, il faut donc vérifier la présence de colostrum à la mamelle de la mère, sa qualité et la tétée du ou des nouveau-nés. La qualité peut se vérifier à l’aide d’un pèse colostrum. pèse colostrum

Attention cependant : cet instrument est généralement calibré pour les bovins, avec une concentration minimale fixée à 50 g/l. Ce minimum est en fait de 75 g/l chez les ovins. On peut également utiliser un réfractomètre. Pour vérifier que le jeune a bien tété, il faut observer ou palper sa caillette. 

Si la quantité, la qualité ou la tétée ne sont pas au rendez-vous, il est indispensable de distribuer un colostrum de remplacement :

  • En prélevant du colostrum sur une mère du troupeau venant également de mettre bas dans les heures qui précèdent,
  • En utilisant un colostrum préalablement congelé sur une mère du troupeau, à défaut sur une mère d’une autre espèce présente sur l’exploitation, ou enfin sur une mère d’un autre élevage. Attention au mode de congélation (les doses individuelles sont préférables) et de décongélation (au bain marie uniquement).
  • En utilisant un colostrum de remplacement du commerce.

La quantité à administrer correspond à environ 10% du poids du corps du nouveau-né, à distribuer dans les 24 premières heures de la vie, dont la moitié dans les 6 premières heures. La distribution au biberon est possible, mais sur un nouveau-né affaibli ou sans réflexe de succion vérifié, il vaut mieux sonder avec une seringue-pélican ou un réhydrateur.

Désinfection du cordon ombilical

A la naissance, le cordon ombilical, autrement appelé nombril ou ombilic, doit être désinfecté et séché, pour empêcher les germes de la litière de pénétrer dans l’organisme du nouveau-né, via les vaisseaux sanguins non encore obturés du cordon, et d’entraîner diverses infections telles les arthrites, les septicémies...

Pour cela, on utilisera de préférence une solution iodée à pulvériser avec un petit pulvérisateur type «nettoyant à vitre» ou «pulvérisateur à main»ou un produit spécifique fourni avec pulvérisateur intégré.


Les solutions suivantes ne sont pas préconisées :

tétée agneau- bombe-aérosol désinfectante ou antibiotique dont la pression de pulvérisation fait remonter les germes dans le cordon ombilical,

- gobelet de trempage dont le produit désinfectant et asséchant n’est pas changé entre chaque animal, et dans lequel se multiplient les germes,

- teinture ou alcool iodée qui entraînent une nécrose trop importante des tissus, favorable au développement microbien.

agneau


Désinfection des boucles d’identification

Tout comme le cordon ombilical, la plaie de bouclage est une voie d’entrée possible pour les germes de l’environnement, origine de possible abcès locaux mais également d’arthrites ou de septicémie. Une désinfection soignée des boucles et de la plaie de l’oreille est donc recommandée.

Pour cela, il est recommandé de tremper le pointeau mâle des boucles (ou déposer sur celui-ci) un gel ou une pommade (0100269) ; la pommade reste «adhérente» au pointeau lors de la pénétration de la boucle dans l’oreille, permettant une bonne asepsie de l’intérieur de la plaie.

Au contraire, un produit désinfectant liquide, dont le film désinfectant est «chassé» lors de la pénétration du pointeau mâle de la boucle dans l’oreille, ne sera pas aussi efficace.

La désinfection des plaies de caudectomie avec un spray désinfectant et asséchant est également recommandée chez les ovins.

Réchauffement

tableau températures optimales dans les bâtiments

Le nouveau-né sort de l’utérus de sa mère à une température qui est celle du corps. Il faut donc maintenir dans la zone de mise-bas une température suffisamment élevée (Cf. tableau ci-dessous) pour ne pas entraîner un refroidissement corporel trop important chez le nouveau-né, d’autant que ses réserves corporelles pour lutter contre ce refroidissement sont limitées.

Sur les jeunes les plus faibles où affaiblis par une déshydratation dans les premières heures, le recours aux lampes chauffantes, radiants, réveil-agneaux ou manteaux protecteurs améliorent significativement les chances de survie.

 Stimulation de la flore digestive

seringue Flor-Alliance

Le nouveau-né naît avec un tube digestif stérile. Ce tube va se peupler d’une flore reflet des premières bactéries et autres germes favorables ou défavorables présents dans son environnement immédiat (sur la mamelle de sa mère, dans l’air, dans la litière...) et ingérés. Si les germes pathogènes sont dominants, cela va entrainer rapidement des troubles digestifs (diarrhée, ballonnements, déshydratation...) pouvant conduire à la septicémie.

Pour éviter cette évolution, une solution consiste à administrer par voie orale, le plus rapidement possible après la naissance, un mélange de bactéries favorables (0111017) qui vont coloniser le tube digestif et agir comme barrière protectrice face aux germes pathogènes.