Strongles de bergerie : actualités

Epidémiologie 

La strongyloïdose est une maladie parasitaire particulièrement virulente sur les agneaux. Le parasite responsable de strongyloïdose des ruminants est Strongyloïdes papillosus. D’autres espèces de strongyloïdes existent notamment chez l’Homme, le porc, le cheval ou encore dans la faune sauvage. 

Le strongle de bergerie tient son nom du fait qu’il apprécie les litières et les climats chauds et humides. On le retrouve plus rarement au pâturage même si ce n’est pas exclu. 

Strongles  de bergerie :  actualités

Cycle et particularités

Le cycle est complexe et se déroule en 2 phases : une phase endogène (c’est-à-dire à l’intérieur de l’animal) et une phase exogène (dans le milieu extérieur et particulièrement la litière). 


Phase endogène

Voir schéma ci-dessous - Figure 1 

 

Pour la phase endogène il faut préciser que les voies de contamination sont multiples :

- la voie transcutanée : cette voie est possible par la présence de larves infestantes dans la litière et grâce à la finesse de la peau chez l’agneau. En effet les larves vont traverser la peau et migrer vers la lymphe puis la circulation sanguine.

- la voie orale : c’est la voie classique. Cependant les larves vont tout de même passer par des migrations. En effet la formation de L4 semble nécessaire avant le passage dans l’estomac.

- la voie galactogène :  par ingestion du colostrum ou du lait. En effet des L3 infestantes peuvent arrêter leur migration au niveau des tissus adipeux périmammaires. L’infestation par le lait prend seulement 4-5 jours.  Les migrations internes sont beaucoup plus rapides. 


Phase exogène

Une fois les migrations internes achevées, on retrouve dans le tube digestif des femelles qui excrètent les œufs ou des larves L1 dans le milieu extérieur. 

Il y a alors 2 voies possibles (voir figure 2) : 

- une voie directe asexuée, 

- une voie indirecte sexuée. 

Cette dernière va permettre l’excrétion d’œufs et donc la multiplication de la population des strongles dans le milieu extérieur. Certains facteurs de l’environnement sont plus favorables à cette voie : une forte densité animale, un milieu humide avec défaut de paillage et mauvaise ventilation ou encore des fortes températures.

Clinique


Chez l’adulte

Les adultes sont souvent asymptomatiques car il y a un phénomène d’immunisation au bout de quelques mois de contact. 


Chez l’agneau  

- Agneaux « léopards » 

Présence de zones circulaires éclaircies car les migrations entraînent du léchage, l’agneau se gratte ou se lèche et donc nettoie et blanchit sa laine.

- Diarrhée, perte d’appétit, retard de croissance, entérotoxémie (associée à de la coccidiose). Afin de vivre en équilibre avec le tube digestif des agneaux, les strongyloides possèdent une capacité immunomodulatrice. Ceci leur permet de limiter la réponse immunitaire des agneaux vis-à-vis des autres parasites digestifs, notamment la coccidiose pour des agneaux en bergerie. Les symptômes liés à la coccidiose seront alors exacerbés. 

- Mortalité brutale par arrêt cardiaque sans symptômes précurseurs vers 1 semaine d’âge (possible dès lors qu’il y a des femelles dans le tube digestif, soit vers 5 jours si contamination par le lait et 10 jours si contamination transcutanée).

- Précurseur de lésions pulmonaires ou de la trachée  favorise l’apparition de pasteurellose.

Diagnostic 

Clinique

Agneaux « léopards » qui se lèchent et se grattent, mortalité brutale sans signe clinique vers 1 semaine d’âge.

Coproscopie

- Sur les brebis gravides pour objectiver la présence du parasite dans l’élevage et permettre ainsi une vigilance accrue lors des mise-bas.

- Sur les agneaux dès 7 jours d’âge si on suspecte une contamination par le lait. 

- Sur les agneaux vers 11j d’âge si on suspecte une contamination transcutanée.

Autopsie sur agneaux 

On retrouve un œdème, des pétéchies et des hémorragies dans les poumons entre 2-5 jours après la contamination. Les poumons s’affaissent puis redeviennent normaux 15 jours après l’infection. 

Il a été évoqué la possibilité de réaliser sur du colostrum fraîchement tiré une sédimentation de 3h et de regarder la présence de larves au microscope. Pour l’instant cette méthode n’est pas faite en routine. 


Traitement

Les molécules  

Ci-dessous quelques exemples de molécules à utiliser : 

On remarque que la plupart des molécules strongylicides peuvent être utilisées mais la moxidectine par exemple n’est pas adulticide. Il vaudra mieux utiliser une molécule plus complète de manière à tuer les adultes avant leur excrétion d’œufs dans le milieu extérieur. 


Les stratégies de traitement 

Les stratégies de traitement restent encore à discuter. Faut-il traiter les femelles 1 mois avant les mises-bas ? Ou systématiquement les agneaux à 1 semaine d’âge ? 

Les stratégies de traitement sont à mettre en place au cas par cas selon les élevages : densité animale, résultats des coproscopies, suspicion clinique, état des résistances à certaines molécules vermifuge etc … N’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire.  

Prévention 

- Curer et désinfecter entre chaque lot d’agnelage.

- Maintenir les aires sèches au moment des mises-bas : asséchants litières, paillage, éviter l’humidité (fuite, condensation…).

- Limiter les maladies intercurrentes : colibacillose, coccidiose, stress, mauvaise immunité…

- Favoriser une bonne hygiène du tube digestif : utilisation de kéfir par exemple afin d’ensemencer le tube digestif à l’aide de « bonnes » bactéries (PHYT-AP KEFIR DEMARRAGE).