- Par Laurent Saboureau
Valorisez vos prairies sèches avec un aliment liquide adapté
L’alimentation estivale des ruminants au pâturage est parfois difficile à piloter en raison de pâtures qui se trouvent souvent relativement pauvres à cette période, en particulier lors de sécheresse prolongée. Une complémentation en fourrage s’avère souvent nécessaire. On a alors généralement recours aux fourrages les plus grossiers et les plus pauvres de l’exploitation. Dans ce cas, la distribution est une chose… la consommation en est une autre !
L’utilisation d’aliment liquide peut s’avérer intéressante pour augmenter l’ingestion et la digestibilité de l’herbe sèche et/ou des fourrages grossiers distribués en complément.
Cet intérêt de l’aliment liquide repose sur trois atouts :
- L’appétence : c’est l’atout le plus connu ; la présence de mélasse dans la composition assure une appétence forte, qui permet en parallèle d’améliorer l’attrait du fourrage pour les animaux,
- L’apport en sucres et protéines solubles : mélasse de canne, solubles de pommes de terre, co-produits de la fabrication de levures, solubles de chicorée… autant d’exemples d’ingrédients qui permettent à l’aliment liquide d’alimenter en « carburant » la flore ruminale, assurant ainsi une meilleure digestibilité des fourrages consommés, souvent très pauvres en éléments fermentescibles.
- L’apport en vitamines et oligo-éléments : la complémentation de l’aliment liquide permet d’assurer un apport minéral, alors même que l’herbe est particulièrement pauvre. Cet apport permet également le bon fonctionnement ruminal.
Concernant l’herbe sèche des prairies, elle a des caractéristiques nutritionnelles équivalentes à la paille ou au foin grossier. L’aliment liquide distribué apporte une complémentation énergétique adaptée et améliore la valorisation de cette herbe : meilleure dégradation dans le rumen et plus grande ingestion. Un essai réalisé à l’université du Montana (2003) montre qu’un apport d’aliment liquide adapté a entraîné une hausse de l’ingestion de l’herbe sèche pâturée de 22 % et une hausse de sa digestibilité de 28 %.
En pratique, on utilisera un dispositif de distribution libre-service, distri-roue 0201020 pour les bovins ou distriboule 0200024 pour les petits ruminants. Ce système de distribution présente plusieurs avantages :
- la distribution est facile et automatique,
- il est adapté à chaque animal : les animaux s’autorégulent,
- il ne nécessite pas l’apport d’une botte de fourrage grossier au pâturage.
Cependant, si la distribution de fourrage grossier s’avère nécessaire, l’utilisation d’aliment liquide en arrosage du foin et de la paille se fait à raison d’une trentaine de litres d’aliment liquide pour une balle de 300 kg. Différentes expérimentations ont permis d’estimer à 25 % l’augmentation de la digestibilité du fourrage dans ces conditions. Une vache alimentée à la paille arrosée d’aliment liquide tire donc un quart de valeur nutritionnelle en plus de ce fourrage grossier (voir encadré ci-dessous).
Une autre solution : le bloc alimentaire
Une autre solution pour valoriser les pâtures et les fourrages grossiers qui peuvent y être distribués est d’avoir recours à un bloc alimentaire dont le profil de composition va être voisin de celui des aliments liquides. De la même façon, le bloc alimentaire va stimuler la flore digestive et augmenter la digestibilité des fourrages ingérés. On prévoira un bloc de 22,5 kg pour 15 bovins et 40 ovins ou caprins.
Les besoins d’entretien d’une vache allaitante sont d’environ 6 UF :
- elle ingère 10 kg de paille sans ACL, soit 4 UF,
- avec un arrosage d’aliment liquide, elle ingère 1 kg de plus, soit 0,4 UF,
- la digestibilité de la paille est augmentée de 25%, soit 1,1 UF supplémentaire,
- l’aliment consommé apporte 0,6 UF,
soit un total de 6,1 UF… les besoins d’entretien sont couverts !